14/04/2018
Un ennui toujours plus lourd et une haine toujours plus profonde de soi-même
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« Il n’est pas difficile d’être malheureux et mécontent. Il suffit de s’en remettre à l’humeur triste et irritée, qui n’attend que ça. Il suffit de bouder le monde, de s’asseoir à l’écart, et d’attendre en râlant le "jour J" de la distribution des raisons de vivre. Mais le "jour J" ne se lève jamais. L’homme qui s’est abandonné à la pente de la tristesse et de l’irritation ne voit venir qu’un ennui toujours plus lourd et une haine toujours plus profonde de soi-même, de tout et de tous. Qu’il nomme donc cela le sentiment révolutionnaire, s’il éprouve le besoin de draper son cadavre puant. Sous cette draperie, il croit qu’il bouge. C’est seulement le cadavre qui fermente. Il s’imagine manifester quelque majesté en refusant les offrandes d’un monde qui fonctionne malgré lui. Il manifeste seulement que rien ne pourrait le désennuyer.Il est difficile d’être heureux. Il faut de l’esprit, de l’énergie, de l’attention, du renoncement et une sorte de politesse qui est bien proche de l’amour. C’est parfois une grâce d’être heureux. Mais ce peut être, sans la grâce, un devoir. Un homme digne de ce nom s’attache au bonheur, comme au mât par sale temps, pour se conserver à lui-même et à ceux qu’il aime. C’est un devoir d’être heureux. Et c’est une générosité. »
Louis Pauwels, Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l’être
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