18/06/2018
Un moment où le besoin de repos, le besoin de paix, submerge la volonté de vie d'un moribond
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« Il y a presque toujours un moment où le besoin de repos, le besoin de paix, submerge la volonté de vie d'un moribond ; il est trop fatigué, il se rend, il s'arrête, comme un naufragé dans l'immensité de la mer cesse soudain de nager. De petites signes, une mollesse, l'ombre d'une veulerie passe sur le visage d'un combattant usé par la longue bataille : c'est fini, il accepte, il est déjà mort, mais la Mort, elle, a un rendez-vous et elle attend son heure. Il est plus rare — sauf chez les femmes — de voir le combat perdu se poursuivre jusqu'au bout, sans raison et sans espoir, et la Mort obligée d'arracher sa victoire de haute lutte. Chez Learoyd, il n'y avait pas un signe, rien, ni angoisse, ni doute, ni volonté, ni lassitude, rien. Toute l'énergie était tournée vers l'intérieur et je ne voyais qu'une carcasse décharnée.
Quand il se releva, huit jours plus tard, je pensais aux petits bouts de bois qui font éclater la pierre, à cette force invisible qui m'avait fait choisir d'être botaniste. »
Pierre Schoendoerffer, L'adieu au roi
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