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23/06/2018

L'être est tout entier dans son germe

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« Je remonte encore à l’enfance, non pour la raison qu’on y trouve toutes les causes, mais pour celle-ci que l’être est tout entier dans son germe et qu’on trouve des correspondances entre tous les âges de la vie. Je suis né mélancolique, sauvage. Avant même d’être atteint et blessé par les hommes ou de nourrir les remords de les avoir blessés, je me dérobais à eux. Dans les recès de l’appartement et du jardin, je me refermais sur moi-même pour y goûter quelque chose de furtif et de secret. Déjà je devinais, ou plutôt, beaucoup mieux que plus tard quand je fus sujet aux entraînements du monde, je savais qu’il y avait en moi quelque chose qui n’était pas moi et qui était beaucoup plus précieux que moi. Je pressentais aussi que cela pourrait se goûter beaucoup plus exquisement dans la mort que dans la vie et il m’arrivait de jouer non seulement à être perdu, à jamais échappé aux miens, mais aussi à « être mort ». C’était une ivresse triste et délicieuse que d’être allongé sous un lit, dans une pièce silencieuse de la maison, à l’heure où mes parents n’y étaient pas et de m’imaginer dans un tombeau. En dépit de mon éducation religieuse et de tout ce qu’on me répétait sur le ciel et l’enfer, être mort ce n’était pas être ici ou là, endroits habités où l’on était vu, mais c’était être dans un lieu si obscur, si inconnu, que ce n’était nulle part et qu’on pouvait y entendre tomber goutte à goutte quelque chose d’indicible qui n’était ni de moi ni d’autres, mais quelque chose de subtilisé à tout ce qui vivait et qu’on voyait et aussi à tout ce qu’on ne voyait pas et qui vivait aussi, qui vivait d’une autre façon infiniment désirable. »

Pierre Drieu la Rochelle, Récit Secret

 

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La condition de fatigue où l'indulgence et l'abandon peuvent germer de bonne heure

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« ...j’ai conçu que, pour l’homme qui voulait échapper aux inconvénients de l’âge, il fallait s’y prendre assez tôt pour ne pas se laisser gagner par les premières insinuations de celui-ci, qui sont imperceptibles.

C’est le trait terrible dans le vieillissement : il vous donne bientôt la gaîté de cœur qui permet d’accepter comme allant de soi des retranchements sur les sens et sur le cœur, considérés auparavant comme de monstrueuses avaries. Or, quand cet état d’esprit se déclare, l’usure de l’être est déjà telle qu’il n’aurait plus de temps ni de substance pour interrompre ce cours s’il lui en prenait envie. Je concluais donc qu’il fallait mourir assez tôt pour ne pas entrer du tout dans la condition de fatigue où l’indulgence et l’abandon peuvent germer de bonne heure. Je m’étais mis en tête qu’il ne fallait pas mourir plus tard que cinquante ans. »

Pierre Drieu la Rochelle, Récit Secret

 

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Trou d'balle...

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