21/02/2019
Nouvelle génération : les djihadistes nés depuis les années 1980 ne veulent plus être kamikazes
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GÉNÉRATION Y
Nouvelle génération : les djihadistes nés depuis les années 1980 ne veulent plus être kamikazes
Une étude du King Faisal Center for Research and Islamic Studies, en Arabie saoudite, s'est penchée sur plus de 700 personnes ayant rejoint l'Etat islamique, principalement entre 2013 et 2014.
Atlantico : Une étude du King Faisal Center for Research and Islamic Studies, en Arabie saoudite, s'est penchée sur plus de 700 personnes ayant rejoint l'Etat islamique, principalement entre 2013 et 2014. Cette explique que les djihadistes saoudiens sont plutôt éduqués. Comment l'expliquer ? Est-ce une différence avec les djihadistes français ?
Jean-Marc Lafon : L'Arabie Saoudite est une société islamique sunnite et wahhabite. L'une des raisons pour lesquelles Ben Laden a rompu avec la famille royale des Saoud, c'est la question de l'alliance avec les Etats-Unis et la présence "d'infidèles" en terre sainte. Cette idée demeure prégnantedans la population, il y a une connexion entre cela et le nombre de jeunes diplômés qui partent. Le djihadisme est une idéologie, un projet révolutionnaire qui rencontre une forte adhésion en Arabie Saoudite.Certains chercheurs ont affirmé qu'à cause d'internet, un djihadiste arabe et un djihadiste français, c'était la même chose. En réalité, il y a une différence importante entre un diplômé saoudien qui part faire le djihad, et un trafiquant de drogue français qui "cherche un sens à sa vie". [Les diplômés sont plus rares chez les djihadistes occidentaux].
Comment expliquer que seulement 9% de ces combattants aient choisi de devenir kamikazes, et que la majorité ait choisi de devenir combattants ? Ne souhaitent-ils pas mourir en martyrs ?
9%, ce n'est pas si faible que ça. Le but d'un djihadiste n'est pas de mourir en martyr mais de vivre en moudjahid, et la vie d'un moudjahid c'est d'abord de se battre, ce n'est pas lui qui décide de mourir, c'est Allah qui l'appelle. Ces données ne sont pas faciles à interpréter : ceux qui se portent volontaire pour des attentats-suicides sont-ils moins éduqués ? [L'étude ne le précise pas, ndlr] Les études qui se sont basées sur les documents internes de l'Etat islamique montrent que les djihadistes qui ont été orientés vers l'attentat-suicide, c'étaient ceux qui n'étaient pas vraiment capables de faire autre chose. En revanche, parmi les kamikazes, on trouve aussi des combattants endurcis qui se portent volontaires après avoir été au front, mais ne ils ne sont pas kamikazes "en première intention" [à l'inverse des 9% cités ici, ndlr].
Quelles sont les spécificités du contexte saoudien ? Cette étude contient-elle des informations intéressantes pour la compréhension du djihad global, notamment en occident ?
Ce que cette étude nous enseigne, c'est que les cadres des organisations djihadistes sont plus proches de cet échantillon saoudien que des djihadistes occidentaux. La société saoudienne est en quelque sorte plus proche des organisations djihadistes pour des raisons culturelles, religieuses et géographiques. Il existe une parenté entre la société saoudienne et les organisations djihadistes : leurs cadres sont majoritairement desindividus diplômés issus de cette région. On ne peut pas dissocier Oussama Ben Laden de l'éducation qu'il a reçue en Arabie Saoudite, de l'islam wahhabite. La mouvance djihadiste internationale est l'héritière des Saoudiens qui sont partis combattre les Soviétiquesen Afghanistan à partir de 1979. Nombre de cadres djihadistes puisent leurs références et religieuses et culturelles en Arabie Saoudite, comme Iyad Ag Ghali [chef de l'organisation djihadiste sahélienne GSIM, ndlr].
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