18/01/2020
Satan, en hébreu, c'est l'accusateur...
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« Elisabeth Lévy — Cet "égalitisme" n’était-il pas la conséquence inéluctable de l’égalité des conditions ? a partir du moment où l’on avait supprimé les hiérarchies de la naissance, pouvait-on éviter que l’on s’attaque à toutes les hiérarchies, que de l’égalité entre le riche et le pauvre, l’on aboutit à l’identité entre le sage et le sot, entre Proust et Paolo Coelho ? Comment être égalitaire sans sombrer dans l’égalitisme : c’est l’un des aspects du problème posé aux gens des Lumières que nous sommes — quoi qu’on en dise …
Philippe Muray — En effet. L’égalité devenant égalitisme, c’est Lucifer, le "fils de l’Aurore", devenant prince des Ténébres. Quand je disais qu’il fallait inventer une nouvelle démonologie, et que cela me paraissait être la mission de la littérature d’aujourd’hui, sous quelque forme que ce soit, c’est à l‘égalitisme démoniaque contemporain que je songeais, qui fait pousser partout les associations de persécution (les "Observatoires" et autres "SOS-Machintruc" communautaristes où abolir sous toutes ses formes l’envie du pénal) ; et je n’oublie pas non plus que Satan, en hébreu, c’est l’accusateur. Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de lutte parkinsonienne contre les discriminations s’annonce comme une immense accumulation d’associations. Le nom de Satan, aujourd’hui comme hier, est "légion", mais aujourd’hui, ces légions s’appellent associations. Il est du devoir de tout être humain de les traiter pour ce qu’elles sont : des ennemis absolus de ce qu’il reste d’humain dans l’homme actuel, qu’elles entendent achever, c’est à dire transformer par divers moyens (chantage vis-à-vis des gouvernements, manipulations, mensonges grossiers, répétition du mensonge, glapissements hallucinants de cette immense piétaille de dupes de toutes les impostures que l’on appelle militants, etc.) en lyncheur professionnel, en accusateur public permanent, en obsédé de la réparation, en suppôt de Satan. Ce qu’il est déjà pour une bonne part d’ailleurs. Je ne vois pas pourquoi tout le monde respecte ces associations, qui ne sont que des sociétés malfaisantes, des congrégations de succubes, des couvents maudits, des cyber-syndicats du crime. Il en va du salut de l’humanité de détruire ces groupes d’oppression, qui n’existent que pour se porter partie civile au nom d’on ne sait quelle légitimité qui n’est renforcée que par la faiblesse, la lâcheté, l’infantilisme des législateurs contemporains, et dont l’idéologie relève de la camisole civique. Ce sont les hyènes de la comédie de la justice. Dans toutes les affaires modernes, par exemple, celle de "pédophilie" aujourd’hui, et demain celles d’ "homophobie", vous verrez ramper vers la barre, sur leur ventre galeux, poil hérissé, museau aplati et bavant, croupe plus bas que le garrot, oreilles couchées, pelage jaunâtre, les avocats des associations, portées partie civile quand il serait tellement plus agréable de les savoir portées disparues. (…) »
Philippe Muray (Conversations avec Elisabeth Lévy), Festivus Festivus
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