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11/02/2020

La politique énergétique absurde de l’Union européenne pourrait bien donner lieu à d’autres "Brexit"

=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=

 


Obsédée par ses objectifs de réduction d’émission de CO2, l’Union européenne entend contrôler les modes de vie de chacun..

 

Par Mickaël Fonton

 

Embarquée dans une transition énergétique irréaliste, l’Union européenne risque d’aggraver le désamour qu’elle suscite déjà, estime Samuel Furfari, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, Président de la Société Européenne des Ingénieurs et Industriels.

Comme tous les divorces, le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne après 47 ans est douloureux. La majorité des britanniques oublie l’énorme apport de l’UE depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les « brexiters » oublient que c’est grâce à elle et au soutien indéfectible des États-Unis que nous avons vaincu l’URSS et son communisme mortifère. Plus encore que la paix, l’UE a surtout réalisé la réconciliation entre les peuples, qui est une tâche plus délicate.

En 1919, à Versailles, on a négocié la paix, mais le traité n’a pas apporté la réconciliation. Comment celle-ci était-elle possible alors que ce traité, on le mentionne rarement, imposait à l’Allemagne vaincue de ne consommer que 78 millions de tonnes de charbon sur les 139 millions consommés avant la guerre ? On précise rarement aussi que le fameux économiste britannique John Maynard Keynes, que bien des États membres de l’UE s’empressent d’invoquer pour dépenser l’argent qu’ils n’ont pas, a quitté la délégation britannique parce qu’il refusait de cautionner cette mesure inique. Il fustigea cette erreur dans son livre, « Les Conséquences économiques de la paix », publié dès 1919.

Pourriez-vous vivre en 2020 en consommant la moitié de l’énergie que vous avez consommée en 2019 ? Non, bien sûr. C’est pourtant ce qui a été imposé au peuple allemand. Ce fut la première erreur majeure de l’Histoire en géopolitique de l'énergie. Robert Schuman a retenu la leçon, puisque cinq ans et un jour après la fin de la seconde guerre mondiale, il a proposé la réconciliation en utilisant cette fois comme outil l’abondance de l’énergie plutôt que sa pénurie. N’oublions pas en effet que la construction et la réconciliation européennes ont vu le jour grâce à la mise en commun des principaux éléments qui servaient à faire la guerre – l’acier et le charbon, l’énergie de l’époque –, le traité CECA étant la base de la paix et la réconciliation.

On observe aujourd’hui un désamour pour l’Union européenne, qui se manifeste entre autre par le Brexit. Il est temps de s’interroger sur les raisons d’un tel échec, car les divorces sont toujours des échecs. Très souvent, les torts sont partagés et l’UE serait bien inspirée de procéder à une analyse objective des siens. Les peuples aiment la liberté et ils perçoivent que l’UE s’ingère de plus en plus dans la vie intime des citoyens. Même si ce n’est pas le plus facile à saisir, il est crucial de comprendre que la « transition énergétique » est un de ces domaines capables d’influer profondément sur le quotidien des citoyens européens. Sans énergie, pas de vie, l’énergie est le sang qui coule dans les veines de l’économie et elle est même beaucoup plus décisive aujourd’hui qu’à l’époque du traité de Versailles.

C’est si vrai qu’en juin 1955 lors de la conférence ministérielle de Messine, qui devait jeter les bases des traités de Rome et Euratom, les pères fondateurs de l’Union ont compris qu’il n’y aurait pas d’avenir pour la Communauté européenne sans énergie bon marché et abondante. Or, la transition énergétique fait strictement l’inverse : sous prétexte de drastiquement couper les émissions de CO2, on veut à la fois utiliser moins d’énergie et faire en sorte que celle-ci soit de plus en plus chère. Pour cela on promeut les onéreuses énergies renouvelables et on taxe encore plus l’énergie fossile. Le vrai but de tout ceci étant de forcer les citoyens à consommer moins, à renoncer précisément à tout ce qui a fait la réussite sociale et humaine de l’Europe. C’est une négation de soi.

Bien entendu, les mesures visant la réduction de la pollution atmosphérique ou des eaux sont indispensables, de même que la quête de l’efficacité énergétique dont on rappellera cependant que, contrairement à ce que croient beaucoup de gens, elle est intrinsèquement liée à l’économie de marché. Dans un monde compétitif et transparent, l’inefficacité énergétique conduit à la perte de compétitivité et in fine à la faillite des « paresseux de l’efficacité énergétique ». Passons…

Ce qui se prépare, de manière évidente parfois, comme la promotion du véganisme, ou de manière plus sournoise à travers les directives de l’UE, c’est le contrôle de tous les aspects de notre vie quotidienne. Nul besoin d’attendre les méfaits d’une future intelligence artificielle, le contrôle se fera via votre consommation d’énergie. Richard Lindzen, grand climatologue, professeur au MIT, membre du GIEC, avait écrit il y a quelques années : « si vous contrôlez les émissions de CO2 vous contrôlez la vie ». Le moindre de nos gestes quotidiens dépend de la consommation d’énergie. Sans énergie il n’y a plus aucune activité humaine. C’est pourquoi le reste du monde, pragmatique, va continuer de tourner en utilisant des énergies fossiles.

Le rêve d’arriver à 100% d’énergie renouvelable va se fracasser inévitablement contre le double mur de la réalité physique (l’intermittence du renouvelable exige un appoint non renouvelable) et des chiffres : dans l’UE on ne produit que 2,5% de notre consommation d’énergie primaire à partir d’énergie éolienne et solaire malgré des dépenses de plus de mille milliards d’euros depuis 20 ans ! Redisons-le : limiter les émissions de CO2, c’est limiter notre consommation d’énergie, et donc le bien-être élémentaire mais aussi les systèmes éducatifs et de santé, dont tous les pays en développement rêvent pour leurs citoyens, et que ceux-ci recherchent jusqu’à risquer leur vie. Le drame, c’est que le sacrifice énorme des citoyens de l’UE (pour éliminer les 8% du total mondial qu’ils représentent depuis le départ du Royaume-Uni) sera complètement inutile.

Donald Trump a bien compris ces enjeux et en a fait un argument de pré-campagne électorale. Dans un discours prononcé ce 30 janvier dans l’Iowa, il a fustigé ses adversaires en disant à son auditoire, dans un résumé saisissant, « ils veulent tuer vos vaches ce qui signifie que vous allez suivre ». La frénésie pour nous imposer la réduction de notre consommation d’énergie touche en effet tous les aspects de notre vie, depuis l’alimentation jusqu’au transport, en passant par la culpabilisation de ceux qui prennent l’avion ou qui vont en vacances. L’affaire du climatologue Jean Jouzel, conspué par les Verts pour avoir donné des conférences sur la transition écologique à bord d’un navire de croisière, montre non seulement un exemple d’arroseur arrosé mais aussi le caractère obsessionnel de l’inquisition écologiste. A Berlin, les ONG environnementales vont même jusqu’à conseiller de ne plus tirer la chasse des toilettes que de temps en temps pour sauver la planète, comme si l’eau, (par ailleurs renouvelable et recyclable) économisée à Berlin pouvait être apportée dans les pays plus secs.

Concluons avec les Britanniques : il y a quelques années Tony Blair et Gordon Brown avaient envisagé un projet de « carte de crédit carbone » accordant un crédit limité de consommation de CO2 aux citoyens britanniques. L’idée n’a pas été poursuivie, mais elle est toujours bien présente dans la tête de certains. Si la majorité des députés européens continue à vouloir contrôler notre façon de vivre avec la complicité des « capitalistes verts» qui aiment vivre des crédits européens, les citoyens finiront par rejeter encore un peu l’Union. Si celle-ci mute définitivement en un lieu de contrainte et de contrôle, au lieu de demeurer un espace de liberté et de bien-être, d’autres Brexits auront lieu. Acclamons Robert Schuman et la conférence de Messine et rejetons le nouveau Versailles qu’on nous prépare.

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SOURCE : Valeurs Actuelles

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