19/05/2020
Appel contre un retour à la normale : « "Nous consommons trop", disent en chœur les icônes de Dior et de Chanel »
=--=Publié dans la Catégorie "PARENTHÈSE"=--=
"Et dire que nous ne savions pas qu'il y avait du pangolin infecté dans les burgers, kebabs et autres pizzas dont se gavent les masses ! Ils sont inconscients, ces gens qui retournent à la normale, au métro, au boulot et au casse-dalle de la pause. Heureusement, les stars pensent à eux."
Guy Konopnicki
Journaliste
Né après, du côté de La Place de la Nation, sur la Ligne 9 du métro parisien, sensible Au chic ouvrier, ce qui n’interdit pas l’Eloge de la fourrure et moins encore celui de La France du Tiercé, Guy Konopnicki redoute Le silence de la ville, s’inquiète de La gauche en folie, assume La faute des juifs et avoue avoir un peu évolué depuis Le jour où De Gaulle est parti… Ces titres et quelques autres le définissent, romancier et journaliste, Konop dans la Série Noire et chroniqueur à Marianne.
Privés de la montée des marches au Festival de Cannes, en même temps que de la barbe à papa des fêtes foraines, nous pouvons nous consoler en lisant les belles pétitions réunissant un éblouissant casting autour d’une pensée aussi dense et aussi collante que les filaments de sucre coloré. Et il ne se passe pas un jour sans un nouvel appel fracassant ! Un même élan se manifeste, des villas de Beverly Hills aux bastides rénovées de Provence, relayé par smartphone de chaise longue en chaise longue. Les artistes disent non à un retour à la normale.
Les braves gens qui reprennent le métro, après avoir passé deux mois confinés dans un HLM, en sont encore à espérer un retour à la normale sur la ligne « net à payer » de leur bulletin de salaire. Ils n’ont rien compris. Associés à quelques scientifiques, les artistes tentent de leur expliquer que la pandémie n’est qu’un signe avant-coureur de la destruction de l’humanité et, ce qui est beaucoup plus grave, des autres espèces vivantes. Nous consommons trop, disent en choeur les icônes de Dior et de Chanel, au bord de leurs piscines privées qui consomment chacune plus d’eau qu’il n’en faudrait pour irriguer un hectare de cultures vivrières au Sahel. Le Covid, c’est certain, doit tout aux ravages dus aux excès alimentaires et à la consommation de masse. Et dire que nous ne savions pas qu’il y avait du pangolin infecté dans les burgers, kebabs et autres pizzas dont se gavent les masses ! Ils sont inconscients, ces gens qui retournent à la normale, au métro, au boulot et au casse-dalle de la pause. Heureusement, les stars pensent à eux. Une partie des signataires de l’appel à refuser le retour à la normale s’engage également à donner l’exemple. Ils pratiqueront désormais le lundi vert. Et dire que Claude François n’est plus là pour chanter ce lundi au soleil, ni Jacques Prévert avec son plombier-zingueur qui proclame que lundi, c’est dimanche ! Le lundi, nos sauveurs planétaires s’engagent à ne consommer ni viande ni poisson. Le lundi sans rien simplifiera la vie de ceux qui, en attendant la réouverture des bistrots, hésitent chaque midi entre poulet-crudités et thon-mayonnaise. Il ne restera que quatre jours ouvrables, il sera facile d’alterner. Donc le lundi, des patates, ça va de soi. L’élevage intensif et la surpêche ne se remettront jamais de ce boycott.
Au temps de la consommation de masse, il était parfois onéreux de suivre les modes lancées par les stars. Maintenant, tout est simple. Une signature pour sauver la planète et dire non au retour à la normale. Une petite privation le lundi, histoire de commencer la semaine, ça ne sauvera pas la planète, mais ce sera très fashion.
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SOURCE : Marianne
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