07/01/2021
Il n’y a rien, absolument rien, dans une femme
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« L’homme, aveugle volontaire, continue à rechercher son bonheur dans l’asservissement. Cette servitude aurait quelque justification d’ordre poétique si la femme était vraiment ce qu’il croit être, un être tendre, charmant, une fée bienfaisante, un ange venu d’un monde meilleur, trop bonne pour lui et pour notre terre. Comment est il possible que les hommes, qui dans tous les autres domaines veulent tout savoir, se bouchent les yeux pour ignorer précisément ce simple fait ? Comment ne remarquent ils pas qu’en dehors d’un vagin, de deux seins, et d’une paire de cartes perforées qui débitent toujours la même série d’insanités stéréotypée, il n’y a rien, absolument rien, dans une femme ; qu’elle ne se compose que de matière, qu’elle n’est, sous de la peau humaine, qu’un rembourrage qui se donne pour un être pensant ? Si les hommes, une fois seulement, s’arrêtaient de produire aveuglément pour réfléchir, ils démasqueraient en un tour de main les femmes avec leurs colliers au cou, leurs petites blouses gaufrées et leurs sandalettes dorées, et il leur suffirait de se servir de l’intelligence, de l’imagination et de l’esprit de suite qui sont les leurs pour réaliser en quelques jours l’instrument, la machine humanoïde, qui remplacerait avantageusement un être qui manque à jamais de toute originalité extérieure et intérieure. Mais pourquoi les hommes craignent ils donc tant la vérité ? »
Esther Vilar, L’homme subjugué
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