02/01/2024
L'homme du moyen terme est un filou
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« Vous vous demandez pourquoi vous vivez sans dignité, pourquoi vous aimez sans passion, pourquoi vous mourez sans résistance. Vous vous demandez pourquoi, où que vous portiez votre regard, vous ne voyez que des questions sans réponse, pourquoi votre vie est déchirée par des conflits insolubles, pourquoi vous la passez à enjamber des barrières irrationnelles pour fuir des choix qui n’en sont pas vraiment tels que l’âme ou le corps, le cœur ou la raison, la sécurité ou la liberté, le profit personnel ou l’intérêt général.
Vous vous plaignez de ne pas trouver de réponse. Mais comment espériez-vous donc en trouver ? Vous reniez votre instrument de perception –- je parle de votre esprit –- pour vous plaindre ensuite que l’univers est un mystère ! Vous jetez vos clés, pour déplorer ensuite que les portes vous sont fermées. Vous vous engagez dans la voie de l’irrationnel pour accuser ensuite la vie de n’avoir aucun sens.
Il y a bien une barrière que vous voudriez dresser contre moi depuis deux heures et dont vous croyez qu’elle vous permettra d’échapper à ce que je vous dis : c’est une formule de lâche contenue dans la phrase: “Mais pourquoi aller à de telles extrémités ?” Les extrémités en question que vous avez toujours préféré éviter se résument à la reconnaissance que la réalité est incontournable...
(...)
À tout problème, il existe deux solutions : la bonne ou la mauvaise, la pire étant toujours la solution intermédiaire. L’homme qui se trompe garde un certain respect pour la vérité, ne serait-ce qu’en ayant accepté la responsabilité de choisir. Mais l’homme du moyen terme est un filou niant la vérité pour décréter qu’il n’existe ni choix ni valeur. Il veut être du côté des vainqueurs, espère tirer profit du sang des innocents, rend la justice en jetant voleur et volé en prison, résout les conflits en exigeant du sage et du fou que chacun fasse la moitié du chemin pour se rencontrer. Mélangez du poison à un aliment sain, c’est la mort qui gagnera. Dans un compromis entre le bien et le mal, c’est toujours le mal qui tire son épingle du jeu. Dans cette transfusion sanguine du bien vers le mal, l’homme du compromis est le tube de perfusion. »
Ayn Rand, La Grève
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