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15/04/2022

Accroupie sur elle-même

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Tout enguirlandé de chèvrefeuille surodorant,
D'amer lierre garrotté,
Tapissé de fougères malsaines,
Déformé de maints chancres et cicatrices fermées, capitonné de mousse profonde.
Pavoisé de tous les côtés de gui païen.
Et tout noir des nids de cet oiseau rauque
Qui parle et ne comprend pas son propre langage,
Se dresse, et se dressait de même il y a mille ans
Un arbre solitaire.
Le tonnerre a fait ce qu'il a pu parmi ses branches,
Laissant la maîtresse cime intacte :
Mais en son cœur toujours prêt
A jeter de nouvelles pousses reverdissantes, à mesure
Que les surgeons pourrissants à ses pieds meu- rent et lui laissent de l'air.
Est toute antiquité et nulle décrépitude.
Riche, bien que rejeté des porcs de la forêt,
Son fruit cache sous l'âpre brou pour ceux qui le savent ouvrir
La saveur au secours du cœur de tout mets et de rajeunissants élixirs,
Avec le condiment amer et sûr,
Et la douce économie des douceurs,
Et des odeurs qui nous remettent en l’esprit
Les aîtres de l’enfance et un jour différent.
Auprès de cet arbre,
Ne louant et ne blâmant aucun dieu, sans aucun souhait,
Est accroupie sur elle-même, à la Tartare, la Civilisation de ce temps
Et elle mange son chien crevé dans un plat d’or. »

Coventry Patmore, Arbor Vitae in Poemes - Traduction par Paul Claudel

 

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