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18/05/2022

Dans un abîme sans limites, dans une hauteur sans mesure

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« — (…) Seulement, les fruits de la prière sont si abondants qu’il est impossible qu’on les présente tous. La prière ressemble à un arbre qui a des fruits abondants et très doux, dont chacun est meilleur que l’autre.

— Donnez-moi aussi quelques uns des fruits de ce désert "plein de grâce". Faites pour moi une cueillette spirituelle. Qu’au moins je les connaisse.

— Je vais t’en citer quelques-uns, puisque je vois que tu es disposé à les écouter. Au début, la prière est le pain qui réconforte l’athlète, puis elle devient l’huile qui adoucit le coeur et, enfin, le vin qui… le met "hors de lui", c’est-à-dire qui engendre l’extase et l’unit à Dieu. Plus doncrètement : le premier fruit que donne le Christ à celui qui prie est la "conscience du péché". On cesse de se croire bon, et on se voit comme "l’abomination de la désolation qui se tient dans le lieu saint". Le trépan de la charité fore et pénètre les tréfonds de l’âme. Que d’impuretés n’avons-nous pas en nous ! Notre âme empeste. Certains de ceux qui entrent parfois dans ma cellule exhalent la puanteur… des impuretés intérieures. Eh oui ! ce qu’auparavant nous ne reconnaissions pas est révélé maintenant à celui qui prie, et il se voit lui-même le dernier de tous, et que l’enfer est sa demeure éternelle, et il commence à pleurer. Il pleure sa propre mort. Est-il possible que l’on pleure la mort survenue chez son prochain et qu’on ne pleure pas celle survenue chez soi ? Aussi l’athlète de la prière ne voit-il pas les péchés d’autrui, mais sa propre mort. Ses yeux deviennent une source de larmes, venues de l’affliction du coeur. Il pleure comme un condamné, et en même temps il crie : "Aie pitié de moi… Aie pitié de moi… Aie pitié de moi…" C’est avec ces larmes, comme nous l’avions dit auparavant, que commence la "purification" de l’âme et de l’intellect. De même que l’eau purifie les objets souillés et que la pluie purifie l’air de ses nuages et la terre de ses poussières, de même les larmes purifient et blanchissent l’âme. C’est l’eau du deuxième baptême. La prière procure donc le fruit très doux de la purification.

— L’homme est-il complètement purifié quand il est visité par la grâce divine ?

— Il n’est pas complètement purifié mais il se purifie constamment, parce que la purification est toujours à parfaire. Saint Jean Climaque rapporte cette parole qu’il avait entendue d’un moine impassible : "C’est là la parfaite perfection des parfaits toujours à parfaire." Chaque fois que l’on pleure, on se purifie, et chaque fois que l’on se purifie, on voit une couche plus profonde du péché et l’on ressent la nécessité de pleurer. C’est ce qu’exprime fort bien saint Syméon le Nouveau Théologien :

"Ceux-là, par des prières fréquentes, par des paroles inexprimables,
et par des flots de larmes purifient leur âme
et, la voyant se purifier, ces hommes
s’enflamment du feu de l’amour et du feu du désir
afin de la contempler parfaitement purifiée :
mais comme ils sont impuissants à trouver la perfection de la lumière
la purification sera indéfinie pour eux.
Plus, en effet, je serai purifié et illuminé, malheureux,
plus apparaîtra l’Esprit qui me purifie,
et plus chaque jour, il me semble, je commence à être purifié et à voir.
Dans un abîme sans limites, dans une hauteur sans mesure,
qui pourra trouver un milieu et une fin ?" »

Hiérothée Vlachos, Entretiens avec un ermite de la sainte Montagne sur la prière du coeur

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