09/07/2022
Cette grandiose sauvagerie
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« Les historiens travaillant sur le sujet avaient montré que les attaques de loups sur les hommes, si elles demeuraient exceptionnelles, n’étaient pas un mythe de l’histoire. La plupart de ces attaques avaient eu lieu durant des périodes de troubles, avec un paroxysme qui se situait lors des guerres de religion. Les cadavres se corrompent à l’air libre, attirant le loup ; celui-ci, ayant goûté à la chair humaine, est tenté d’y revenir et il faut l’abattre. Les enfants gardant les troupeaux, ainsi que les femmes, étaient les principales victimes du "méchant loup" qui hésitera toujours à attaquer un homme en bonne santé. On estimait qu’il y avait à la fin du dix-huitième siècle près de vingt mille loups en France, peut-être plus avant le seizième siècle…
Si elles n’en avaient probablement pas les moyens, les sociétés traditionnelles n’avaient cependant jamais songé à exterminer le loup, précisait le lieutenant. C’est à l’époque des Lumières que l’idée était née ; elle ne sera exécutée qu’à la fin du dix-neuvième siècle et pour une raison très précise : le loup était un frein au progrès et au processus de modernisation économique. Le loup désorganisait les travaux des champs, ralentissait le commerce et s’attaquait même aux mulets et aux chevaux nécessaires à l’industrie des forges, mettant en péril leur approvisionnement. Pour le lieutenant, c’était en touchant aux forges que le loup avait signé son arrêt de mort. En 1882 était votée une loi planifiant leur extermination. Quarante ans plus tard, ce serait chose faite…
Ainsi, le retour des loups intervenait précisément à l’heure où le système économique qui avait commandé leur extermination se mettait sérieusement à vaciller, et le lieutenant y voyait un symbole et un espoir. L’homme, affranchi du sauvage, avait cru pouvoir se libérer de toute contrainte naturelle, allant jusqu’à accepter le mariage des homosexuels et leur "paternité", avant de se persuader que la différence entre un homme et une femme n’était qu’une donnée culturelle. Le retour du loup offrait un peu de cette grandiose sauvagerie dont notre civilisation dégénérée avait plus que besoin. Cela valait bien quelques moutons stupides, payés par la collectivité, sacrifiés en offrande au formidable hôte des forêts de notre vieille Europe. »
Olivier Maulin, Gueule de bois
07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (3) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Je termine cette "Gueule de bois" bien nommée et si j'ai quelques fois souri à sa lecture, je n'ai pas ressenti l'hilarité annoncée par des critiques favorables à ce roman d'un auteur dont j'apprécie la prose. J'ai eu le sentiment qu'il hésitait entre plusieurs genres, une hésitation qui me laisse un peu perplexe. Farce, pamphlet, roman pied-nickelé chez Céline... ? Un peu de tout ça mais en fin de compte, je reste sur ma faim.
Écrit par : Paglop | 22/07/2022
Je termine cette "Gueule de bois" bien nommée et si j'ai quelques fois souri à sa lecture, je n'ai pas ressenti l'hilarité annoncée par des critiques favorables à ce roman d'un auteur dont j'apprécie la prose. J'ai eu le sentiment qu'il hésitait entre plusieurs genres, une hésitation qui me laisse un peu perplexe. Farce, pamphlet, roman pied-nickelé chez Céline... ? Un peu de tout ça mais en fin de compte, je reste sur ma faim.
Écrit par : Paglop | 22/07/2022
y'a eu doublon ;)
Écrit par : Paglop | 22/07/2022
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