06/08/2022
Une balle de P38 dans le cul
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« Béatrice est intervenue. Elle trouvait choquante la manière dont le lieutenant parlait, choquant de dresser des chiens à l’attaque contre les cambrioleurs. Pour elle, cela participait d’une logique d’autodéfense qu’elle condamnait fermement. Elle estimait qu’il fallait laisser la police faire son travail, un point c’est tout. Ne jamais tenter de résister. Le lieutenant a soupiré.
— Qu’est-ce qu’on doit faire, d’après vous, si on est réveillé en pleine nuit par un cambrioleur ?
— Appeler la police, a répondu Béatrice.
— Appeler la police, a répété le lieutenant. Et ensuite ?
— S’enfermer dans une pièce et attendre que les voleurs soient partis.
Le lieutenant a éclaté de rire. Il a tapé du plat de la main sur la table et s’est tenu les côtes pendant quelques secondes.
— C’est la meilleure de l’année, il a dit en reniflant.
Lui-même avait connu deux tentatives de cambriolage mais il n’avait pas songé une seule seconde à appeler la police. Ce dont il était pourtant certain, c’est que les guignols qui avaient essayé de le voler ne choisiraient plus sa ferme comme terrain de jeu. C’est sous une pluie de grenades tirées d’un vieux lance-roquettes de fabrication yougoslave qu’il les avait raccompagnés sur la lande.
Le lieutenant estimait que le deal entre l’État et les citoyens avait été rompu du fait de l’État. Ce deal était le suivant : l’État s’engageait à défendre les citoyens moyennant quoi ces derniers lui abandonnaient le monopole de la violence et renonçaient à s’armer. La fin des frontières décidée par ce même État avait rompu ce pacte et le pays était depuis livré aux bandes de coquillards venus d’Europe de l’Est et des Balkans qui opéraient des razzias en toute impunité. Ils écumaient un secteur durant une ou deux nuits, filaient à plusieurs centaines de kilomètres, sautaient par-dessus les anciennes frontières, renouvelaient les opérations ailleurs. Le transfert de richesse entre la douce France et les steppes pourries était colossal, et s’effectuait dans l’indifférence générale. Les gendarmes en étaient à collectionner les poils de cul albanais dans des bases de données génétiques et à hausser les épaules quand l’un de ces cambrioleurs, arrêté par miracle, était remis en liberté le lendemain. Certains brigands qui avaient opéré en Russie et avaient connu les geôles de Poutine demandaient parfois à se faire incarcérer un mois ou deux dans le pays, histoire de prendre quelques jours de vacances et d’en ressortir frais et dispos. Pour eux, la France c’était le paradis, la cocagne dont ils n’avaient même pas osé rêver. Des policiers courtois, des juges compréhensifs, la considération unanime, des peines tellement légères qu’ils en étaient parfois eux-mêmes gênés. Un mafieux géorgien avait un jour supplié un juge d’alourdir sa peine. "Pitié, monsieur le juge, mes collègues restés au pays vont me vanner", avait-il plaidé. Rien à faire, il avait eu ces deux jours et demi avec sursis pour les cent vingt-quatre cambriolages avoués ! Les gangs de tatoués sanguinaires qui se sortaient les yeux à la petite cuillère juste pour déconner n’en revenaient pas. Ils avaient enfin découvert le pays des Bisounours. À peine sur place, ils rameutaient leurs copains : "Trouvé pays des cons. Stop. Suffit de se baisser. Stop. Aucun risque. Stop. À croire qu’ils jouissent de se faire détrousser. Stop. Venez nombreux."
Et où qu’il est l’État pendant ce temps ? Disparue, maman l’État ! Qui laisse les petits pépères tout nus pleurnichards incapables de se défendre ! Ce même État leur refusait maintenant le droit de récupérer leur ancienne autonomie et de faire le boulot qu’il ne faisait plus. Et attention, on ne rigolait pas : trois Bouriates mettent à sac votre maison, mais si vous avez le malheur de tordre accidentellement le petit doigt à l’un d’entre eux, c’est vous qui finissez en prison. Avec le sermon du juge sur la perversité de l’autodéfense par-dessus le marché !
Pour être un bon citoyen, il fallait dérouler un tapis rouge aux crevards asiates, laisser la clé sur la serrure, courir après les voleurs pour leur remettre ce qu’ils avaient oublié d’emporter, et pourquoi pas demander à sa femme de faire un petit effort d’hospitalité !
Voilà pourquoi le lieutenant avait décidé de passer au-dessus du droit et de la loi. Lui n’attaquait ni ne volait personne mais si quelqu’un avait l’idée de venir l’emmerder, c’était à ses risques et périls. Concrètement : une balle de P38 dans le cul et une pluie de grenades sur la tronche : traitement unique.
— On n’a jamais vu un peuple qui se laisse dépouiller sans broncher, expliquait-il. Ou alors c’est un peuple qui a décidé de passer la main. Et après tout, c’est son problème… Sauf que moi, je n’ai pas encore décidé de crever. »
Olivier Maulin, Gueule de bois
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Commentaires
Merdalors !
Ce ieut'nant est un fachysse ?
Première nouvelle...
Comment fait il pour alimenter ses chiens ?
Il débite les cambrioleurs en morceaux ?
Ou il les laisse faisander dans la friche derrière sa ferme ?
Tout cela mérite des précisions
Écrit par : Kobus van Cleef | 06/08/2022
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