01/11/2025
L'opinion à domicile, comme l'eau courante
=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=
« – [...] Moi, je vais vous dire : ce qu'ils veulent détruire, c'est pas les vieux quartiers. Les taudis, ça les empêche pas de dormir, vu qu'ils ont jamais dormi dedans. Ce qu'ils veulent détruire, c'est plus subtil : c'est l'amitié. Oui l'amitié. Dans les H.L.M., au moins, y en a plus, y a plus de conversations, plus rien. Les types se voient pas, se connaissent pas, leur reste que la famille, et c'est pas toujours primesautier, pas vrai ?
– Sûr, approuva Civadusse.
– On est d'accord, poursuivit Gogaîlle. Quittez pas mon raisonnement. Au point de vue politique, si l'homme peut plus en causer avec des copains, qu'est-ce qui lui reste ?
– La télé ? insinua Bitouillou.
– Tu m'as compris ! L'opinion à domicile, comme l'eau courante. Plus besoin de bouger un arpion. L'homme, faut l'isoler, le mettre sous un béret. Sans quoi il attrape la réflexion. Qui dit bistrot dit contact. Pas de bistrots aux H.L.M. Quand tu prendras ton verre de beaujolpif à un distributeur automatique, la France sera finie. Nettoyée. »
René Fallet, Paris au mois d'août
05:05 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | 
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Commentaires
O combien exact, et tellement prémonitoire !
Écrit par : bedeau | 01/11/2025
C'est quelque peu exagéré. Le HLM, pour moi et ma mère issus de l'immigration, dans les années 70 (1972), c'était une incroyable promotion sociale. Avoir chacun sa chambre, un balcon, une cuisine, des toilettes, un salon, le tout chauffé. C'était merveilleux après deux années passées à galérer d'hôtel pourri en hôtel miteux peu fréquentables où on se lavait à l'eau froide au lavabo. Et en 1972, c'était une incroyable machine à intégration. Nous étions entourés de français de souche et de quelques français d'origine italienne ou polonaise de 3è ou 4è génération. Très très peu d'immigrés extra-européens. Et ça ne nous a aucunement empêchés d'avoir une vie sociale.
Le seul problème de ces cités HLM c'est qu'après 19h30 c'était des lieux morts où il ne se passait pas grand chose voire rien du tout. Pas de cinéma (à l'époque), une activité culturelle pas géniale pendant longtemps. Du coup ça m'a poussé à me réfugier dans la lecture, ce qui n'a pas été un mal. Le week-end on montait sur Paris. Avec 50 francs en poche on pouvait aller au cinéma, se faire un menu à 10 frcs au restau et boire un coup avec les potes avant le dernier RER vers la cité.
C'était pas mal du tout...
Aujourd'hui y'a un cinéma avec plusieurs salles... mais des films de merde financés par le CNC... y'a des concerts mais essentiellement de RAP et de Rock gauchiste écolo-conscients... la cité est animé jusqu'à très tard, mais par des bouibouis qui servent du Kebab... des pakistanais qui tiennent boutique... des attaques au mortier de feu d'artifice sur des voitures de flics qui patrouillent... des rodéos de Quad et de motos... de temps en temps (pour mettre de l'ambiance) quelque voiture ou poubelle qui part en fumée. Du bonheur furieux !
Écrit par : Nebo | 01/11/2025
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