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02/02/2015

L’esprit est, d’une manière tout à fait générale, le "principe du Sens" dans l’homme

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« Dans quel sens l’Europe, en tant qu’ensemble, doit changer d’orientation et en quoi elle doit voir sa tâche véritable pour continuer d’être un facteur positif dans le développement de l’humanité ?

Sa suprématie matérielle est évidemment finie. Elle est devenue très faible, très petite en face du Nouveau Monde. Sa position prépondérante en Orient, elle aussi, prendra bientôt fin. Peut-être même le centre industriel de notre planète se transportera-t-il en Asie. L’invention est difficile, mais le singe même est capable d’imitation. Bientôt, toute notre capacité technique sera le bien commun de l’humanité entière. [...] Ainsi notre prestige, le plus important de tous les facteurs de puissance, est périmé. Mais surtout les conquêtes sociales des dernières décennies minent notre puissance matérielle. [...] Dans ces circonstances, le simple esprit de conservation oblige l’Europe à se concentrer sur ce qu ‘elle peut faire le mieux, sur ce que personne ne peut lui ravir. C’est-à-dire sur sa spiritualité. Toute l’importance de l’Europe a toujours reposé sur cette spiritualité ; celui qui l’ignore comprend mal le concept "esprit". Il ne s’agit pas d’intellect, de logique, de principes et autres choses semblables : l’esprit est, d’une manière tout à fait générale, le "principe du Sens" dans l’homme, l’origine de toute création, de toute forme, de toute initiative, de toute transmission et, subjectivement, de toute compréhension. Les deux catégories fondamentales dans le cadre desquelles il se manifeste sont ce qu’on appelle, depuis le temps des Grecs, Logos et Ethos. Or, toute l’importance européenne repose sur ce Logos et sur cet Ethos.

[...] À coup sûr, cette prédominance de la logique et de l’éthique constitue une limitation ; mais on ne peut rien y changer en somme, et l’Européen doit en prendre son parti. Mais surtout toute son importance réside dans le côté positif correspondant au négatif. Partout c’est la limitation qui fait le maître. Nous ne serions pas les porteurs qualifiés de la spiritualité intellectuelle sur terre, nous ne serions pas, comme je l’ai dit dans le "Journal de Voyage", les mains de Dieu, si chez nous l’accent significatif ne reposait pas exclusivement sur l’esprit.

[...] Toute science est d’origine européenne. Mais pour ce qui est du christianisme, sa force expansive et active vient précisément de ce qu’il incarne la compréhension tournée vers la pratique. Il y a en Asie des religions sinon plus profondes, du moins incontestablement aussi profondes ; mais en elles ne vit pas le principe de l’Esprit Dominateur de la Terre. En lui-même, l’esprit [...] est terrestrement impuissant ; même la spiritualité la plus forte ne peut rien là où celui à qui elle s’adresse ne l’accueille pas. [...] Or, en Europe, l’esprit est essentiellement dominateur de la terre. Grâce à lui l’Européen peut avoir sur terre une action historique. Cela fait que celui-ci représente une synthèse d’esprit, d’âme et de corps grâce à laquelle, en vertu de la loi de correspondance du sens et de l’expression, l’esprit suprême peut agir terrestrement.

Ainsi l’importance de l’Europe reposa de tout temps sur son esprit. Les peuples chez qui l’accent n’était pas placé sur lui restèrent sans importance humaine. Le fait que l’Europe fut parfois, de temps en temps, puissante aussi au point de vue extérieur, ne fut pas l’expression primaire de l’esprit européen, mais sa conséquence dans le domaine des applications pratiques, tout comme des fortunes naissent d’inventions faites dans un intérêt purement intellectuel par un savant étranger au monde. Or, aujourd’hui, l’importance de l’Europe repose plus que jamais sur sa spiritualité intellectuelle. Car c’est la seule chose en quoi elle soit encore unique. En même temps, c’est la seule chose qui maintenant soit capable d’être développée à un degré inouï. Toute réalisation de sens sur la terre a pour condition préalable des tensions empiriques. Or, celles-ci s’intensifient en Europe à un degré jamais connu avant. Les rapports de notre continent avec l’Orient nouveau et l’Occident nouveau sont tendus à l’extrême. Le rapprochement des peuples d’Europe conduit de son côté à la création de tensions extrêmes. À cela s’ajoute la nécessité extérieure de se maintenir par sa supériorité intellectuelle. Ainsi l’Europe peut entrer précisément dans l’ère de sa spiritualité la plus haute. Désormais même ceux des peuples européens qui par eux-mêmes sont peu intellectuels peuvent prendre part à son oeuvre. La tension par elle-même engendre des facultés nouvelles, et celui qui est incapable d’être chef peut néanmoins en tant qu’Européen occuper le second rang plus facilement que m’importe quel non-Européen. »

Hermann von Keyserling, Analyse spectrale de l'Europe

 

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La parenté du national-socialisme avec l'islam

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« Dès le commencement de la révolution allemande, je fus impressionné par la parenté du national-socialisme avec l'islam et cette impression n'a fait que se préciser et s'affermir depuis. L'islam, qui à l'origine était la foi d'une obscure tribu nomade, conquit avec une rapidité vertigineuse la plus grande partie de l'Orient qui comptait alors, historiquement parlant, et cela parce qu'il constituait un mouvement puriste et purificateur au milieu d'un monde civilisé à l'extrême et moralement pourri. Sans la corruption monstrueuse de l'époque précédente, corruption plus contraire que tout au monde au tréfonds du caractère allemand, Adolf Hitler n'eut jamais pu, en un temps si court réunir autour de lui l'écrasante majorité du peuple. Mais la lutte contre la corruption entraine la suprême estime accordée aux valeurs de caractères ; et par là, le critère auparavant valable de la culture et de l'esprit tombe en désuétude. Les vertus les plus simples et les plus élémentaires deviennent déterminantes, et ainsi nait du jour au lendemain, qu'il s'agisse du national-socialisme ou de l'islam, une nouvelle unité, dont la force et la tension sont immenses ; et en face de cette unité on voit s'écrouler et se réduire à néant la plupart des différences précédemment importantes (dans le cas de l'islam, les différences entre les peuples et les cultures ; en Allemagne, les classes et les partis). En outre les deux mouvements sont essentiellement religieux, et non pas politiques. Si l'on observe les points essentiels, ils se distinguent surtout en ceci : l'esprit de l'islam était originellement nomade et partant conquérant et il le resta durant des siècles ; le national-socialisme, par contre, représente une rupture avec le déracinement provoqué par l'ère intellectualiste, et un retour aux racines du Sang et de la Terre. »

Hermann von Keyserling, La révolution Mondiale et la responsabilité de l'Esprit

 

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Ceci n'est plus une femme...

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"Les Nazis sont les meilleurs amis de l'Islam."

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Le culte le plus immobile et le plus obstiné

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La courbe nue d’un langage sans défaut

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« Qu’est-ce que le roman, en effet, sinon cet univers où l’action trouve sa forme, où les mots de la fin sont prononcés, les êtres livrés aux êtres, où toute vie prend le visage du destin. Le monde romanesque n’est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l’homme. Car il s’agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l’amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n’est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu’au bout de leur destin et il n’est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu’à l’extrémité de leur passion, Kirilov et Stavroguine, Mme Graslin, Julien Sorel ou le prince de Clèves. C’est ici que nous perdons leur mesure, car ils finissent alors ce que nous n’achevons jamais.
Mme de La Fayette a tiré la Princesse de Clèves de la plus frémissante des expériences. Elle est sans doute Mme de Clèves, et pourtant elle ne l’est point. Où est la différence ? La différence est que Mme de la Fayette n’est pas entrée au couvent et que personne autour d’elle ne s’est éteint de désespoir. Nul doute qu’elle ait connu au moins les instants déchirants de cet amour sans égal. Mais il n’as pas eu de point final, elle lui a survécu, elle l’a prolongé en cessant de le vivre, et enfin personne, ni elle-même, n’en aurait connu le dessin si elle ne lui avait donné la courbe nue d’un langage sans défaut. Il n’est pas non plus d’histoire plus romanesque et plus belle que celle de Sophie Tonska et de Casimir dans les Pléiades de Gobineau. Sophie, femme sensible et belle, qui fait comprendre la confession de Stendhal, "il n’y a que les femmes à grand caractère qui puissent me rendre heureux", force Casimir à lui avouer son amour. Habituée à être aimée, elle s’impatiente devant celui-ci qui la voit tous les jours et qui ne s’est pourtant jamais départi d’un calme irritant. Casimir avoue son amour, en effet, mais sur le ton d’un exposé juridique. Il l’a étudiée, la connaît autant qu’il se connaît, est assuré que cet amour, sans lequel il ne peut vivre, n’a pas d’avenir. Il a donc décidé de lui dire à la fois cet amour et sa vanité, de lui faire donation de sa fortune – elle est riche et ce geste est sans conséquences – à charges pour elle de lui servir une très modeste pension, qui lui permette de s’installer dans le faubourg d’une ville choisie au hasard (ce sera Vilna), et d’y attendre la mort, dans la pauvreté. Casimir reconnaît, du reste, que l’idée de recevoir de Sophie ce qui lui sera nécessaire pour vivre représente une concession à la faiblesse humaine, la seule qu’il se permettra, avec, de loin en loin, l’envoi d’une page blanche sous une enveloppe où il écrira le nom de Sophie. Après s’être montrée indignée, puis troublée, puis mélancolique, Sophie acceptera ; tout se déroulera comme Casimir l’avait prévu. Il mourra, à Vilna, de sa passion triste. Le romanesque a ainsi sa logique. Une belle histoire ne va pas sans cette continuité imperturbable qui n’est jamais dans les situations vécues, mais qu’on trouve dans la démarche de la rêverie, à partir de la réalité. Si Gobineau était allé à Vilna, il s’y serait ennuyé et en serait revenu, ou y aurait trouvé ses aises. Mais Casimir ne connaît pas les envies de changer et les matins de guérison. Il va jusqu’au bout, comme Heathcliff, qui souhaitera dépasser encore la mort pour parvenir jusqu’à l’enfer. »

Albert Camus, L’Homme révolté

 

 

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01/02/2015

Credo

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Un inédit de Jack Kerouac, daté de 1941, édité par Philippe Sollers dans la revue "L’Infini", N°84, automne 2003, traduction : Pierre Guglielmina...

« Souviens-toi par-dessus tout, Petit, qu’écrire n’est pas
Difficile, n’est pas douloureux, que ça jaillit de toi
Avec aisance, que tu peux balancer une petite histoire à toute
Vitesse, que lorsque tu le fais ouvertement, lorsque
Tu veux imprimer une vérité, ce n’est pas difficile,
Pas douloureux, mais facile, plein de grâce, saturé d’une douce
Puissance, comme si tu étais un clavier doté d’un stock
De littérature illimité, énorme, infini
Et riche. Parce que c’est vrai ; parce que c’est ainsi. Ne l’oublie pas
Dans tes moments plus sombres. Fais chauffer ton truc,
Touche juste, à l’américaine, tu te fous des critiques, tu te
Fous des thèses universitaires mortelles des professeurs, ils ne
Savent pas de quoi ils parlent, ils sont
A côté de la plaque, ils sont froids ; tu es chaud, tu es
Bouillant, tu peux écrire à longueur de journée, tu sais ce que
Tu sais; souviens-toi de ça, Petit, et quand
Tu as l’impression de ne plus pouvoir écrire, que ça sert
Plus à rien, que la vie ne vaut rien, relis ça et
Comprends que tu peux faire beaucoup de bien dans ce
Monde en révélant des vérités de ce genre, en répandant
La chaleur, en essayant de prêcher la vie pour le bien de la vie,
Pas à la façon des intellectuels, mais à la façon chaude, à la façon
De l’amour, à la façon qui dit : Mes frères, je vous accueille
A bras ouverts, j’accepte vos faiblesses, je vous offre
Les miennes, accordons-nous et jouons toute la gamme
De la riche existence humaine. Souviens- toi, Petit : l’aisance, la
Grâce, la gloire, la grandeur de ton art ; souviens-toi
De ça, n’oublie jamais. Souviens-toi de la passion. N’oublie pas,
N’abandonne pas, ne néglige pas. C’est là,
L’ordre et le dessein; le chaos est là, mais pas en
Toi, pas au plus profond de ton coeur, pas de chaos,
Seulement l’aisance, la grâce, la beauté, l’amour, la grandeur... Petit,
Tu peux balancer une petite histoire, une petite vérité, tu peux
Balayer le plancher avec une petite histoire à toute vitesse ; c’est
Du gâteau, tu es un flot de douce puissance froufroutante,
Tu es un écrivain, et tu peux révéler quelques trucs bien
Méchants, et tu vas en révéler des tonnes, parce que
C’est toi, et ne l’oublie pas, Petit, ne l’oublie pas ;
S’il te plaît, s’il te plaît, Petit, ne t’oublie pas; sauve-le,
Sauve-le, préserve-toi; révèle toutes
Ces sales petites histoires méchantes par douzaines, c’est facile,
C’est la grâce, c’est à l’américaine, c’est la touche juste,
Vends la vérité, car elle a besoin d’être vendue. Souviens-toi, Petit,
De ce que je te dis cette nuit ; ne l’oublie jamais, lis-le
Sans cesse dans tes moments plus sombres et jamais, jamais
N’oublie… jamais, jamais, jamais n’oublie... S’il te plaît,
S’il te plaît, Petit, s’il te plaît... »

 

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Les preuves par les armes ne font point défaut aux brigands et aux tyrans...

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Thomas d'Aquin

 

 

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Un Champ fermé...

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Ceci n'est plus une femme...

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Le grand ennemi, c'est la sexualité du mâle ou ce qu'il en reste

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« Élisabeth Lévy Quand vos matonnes affirment s'attaquer à la domination masculine, que visent-elles en réalité ?

Philippe Muray : Le grand ennemi, vous le savez bien, et dans tous les domaines, et sous toutes les formes, en politique comme en littérature et ailleurs, partout, c'est la sexualité du mâle ou ce qu'il en reste, et il ne s'agit même plus du tout que la sexualité féminine soit à égalité avec la sexualité masculine, mais que celle-ci ne puisse plus être distinguée de celle-là, ou plutôt que celle-ci soit alignée sur celle-là. C'est un long travail qui se poursuit sur tous les plans depuis des années, aussi bien avec des mesures étatiques comme le "congé paternité" qu'avec le ressassement des néo-penseurs ou penseuses sur la différence des sexes qui ne serait qu'une "idée fixe", ou encore avec les lois contre le "harcèlement" moral et sexuel, et bien d'autres choses encore. La sexualité masculine est une antiquité récalcitrante qu'il convient de liquider parce qu'avec la sexualité féminine elle réussit encore, de temps en temps, à produire de l'électricité, de la contradiction, de la vie. Cette vie incroyablement persistante en dépit de toutes les entreprises morbides des associations de persécution est extrêmement dangereuse pour la puissance dominante qui usera de tous les moyens (jusqu'à la calomnie, par exemple en imposant l'assimilation de la sexualité masculine en général à celle des tueurs en série, des maniaques sexuels, des pédophiles, etc.) pour en venir à bout. Telle est, au fond des choses, l'opération à laquelle les "peuples", comme vous dites, sont actuellement soumis.

Il est sûr que partout dans ces "peuples" survit une sourde, une obscure horreur du désastre présent. Mais cette horreur se voit aussi combattue, chez chacun, et de l'intérieur, par une tendance à la soumission également obscure et profonde. C'est cette soumission, cette envie de s'adapter aux nouvelles conditions d'existence insensées, jointes à la conviction qu'il n'y a pas le choix, sur quoi misent les élites mondialisées. Pour accélérer la liquéfaction des vrais gens, la destruction de leur mémoire, des anciennes solidarités, des dernières traditions et de ce qui reste encore de vie sociale, ou tout simplement de réalité, le temps présent ne ménage pas sa peine. Vous venez de me parler des méfaits parisiens de l' "équipe Delanoë", et ce sont des méfaits typiquement élitocratiques puisqu'ils consistent à favoriser les prétendues "circulations douces" employées par les dominants contre l'automobile dont se servent les rustres. Et c'est partout et dans tous les domaines que le dressage sévit. On envoie des commandos de festivocrates "réveiller les campagnes", c'està-dire détruire le peu qui en reste. On "réveille les villes" en faisant appel à des fabricants d'événements de rue. On s'introduit dans l'intimité des couples par le biais de la loi, une fois encore, pour démolir les ultimes lambeaux du patriarcat et achever d'effacer les identités sexuelles en faisant entrer les hommes, comme l'a dit doucereusement l'incroyable Ségolène Royal lorsqu'elle présentait son projet de congé de paternité, "dans la sphère de la petite enfance qui leur était un peu déniée jusqu'à présent" (ben voyons...). Et quand les organisateurs d'une rave sollicitent du département du Doubs l'autorisation de se tenir sur le site de la saline royale d'Arc-et-Senans, le journaliste liquéfié de Libération qui commente la chose note sans rire : "L'opération donnerait une image plus jeune à ce monument classé par l'Unesco."

Élisabeth LévyVous avez raison, ça ne rigole pas. On sent une certaine fulmination contre cette fichue Unesco dont le navrant conservatisme s’oppose au remplacement de vieilles pierres par des parcs à thème ou, en l'occurrence, par un parc à raves. C'est assez logique puisqu'il s'agit d'effacer jusqu'au souvenir du monde ancien...

Philippe Muray : Lequel relève toujours aussi, plus ou moins, du patriarcat... Ce ne sont donc pas seulement les êtres actuels mais aussi leur environnement et les êtres du passé qui doivent être reconditionnés de manière à ce que plus personne ne puisse jamais s'y retrouver. Quand on envisage de transférer les cendres d'Alexandre Dumas au Panthéon, on le fait avec des arguments d'analphabète moderne à se rouler par terre d'horreur et de rire ("Dans la France d'aujourd'hui, c'est bien de mettre au zénith un beur ou un quarteron, c'est signifiant"). Tout ce qui, du passé, ne peut pas être conservé dans le formol moderne doit être éliminé. C'est ainsi qu'à Londres, il y a quelques mois, on envisageait de déboulonner les statues de deux généraux, obscurs souvenirs des anciennes guerres coloniales, qui se dressent aux deux extrémités de la place de Trafalgar (il n'y a pas que les talibans qui déclarent la guerre aux statues). »

Philippe Muray, Festivus Festivus (Conversations avec Elisabeth Lévy)

 

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