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05/02/2007

Yves Adrien III : MAGMA

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=



Rock & Folk n° 54 - Juillet 1971


"La nouvelle œuvre de Magma… Comment exprimer le choc que j'ai ressenti, à l'écoute du second enregistrement de ce groupe qui est déjà l'un des meilleurs au monde et sera peut-être un jour le seul, l'ultime ?
Comment dire à quel point est magistrale la gifle que porte Magma à la médiocre musique française, celle qui adapte ou qui plagie ?

Comment ? … Christian Vander crée une musique chaque jour plus dure, plus belle, plus intelligente et nous, critiques, n'avons que nos pauvres mots pour tenter de rendre plus accessible, plus palpable la dimension de ce travail exceptionnel ; Vander a inventé un langage nouveau (c'est de la musique dont je parle, non du kobaïen) et nous, critiques, n'avons rien inventé, pas même la critique…

"Terre… Mange ton cœur, bois ton sang, brûle ton âme
Arbre flétri que déchirent les lames du soleil
…Tu fus ce brasier imaginaire dépourvu de passion
Qui se forgea son crématoire
Bruit silence, bruit silence
Le temps a passé
Bruit silence, bruit, silence
Son flot de vagues se déverse inlassablement
Il inonde l'univers, imperturbable,
Tandis que la sève de ta pauvre vie
Perle péniblement sur ton écorce avive
Bruit silence, bruit silence
Ta vie s'étire et le temps passe
Les dernières gouttes de ta sueur,
Fruit de ton angoisse constante, s'échappent de tes racines
Ta mort te salue
Bruit silence, bruit repos
Que tu n'attendais pas
…Flots du temps, flots du temps
Ne pardonnez pas
Vengez ces âmes pures aux veines translucides
Qui ne demandaient qu'à respirer
Tes parfums trompeurs de haine et d'hypocrisie
Terre, purge ce premier néant !
L'air du temps comme ton sort
Est prisonnier du cycle infini de la vie…"

(Fragments d'un poème rêvé par Christian Vander dans la nuit du 8 au 9 juillet 1970).

Elle est toujours là, la haine de Vander ; un jour, peut-être, elle se changera en une grande force tranquille, mais aujourd'hui il (Vander) continue, tel un Sun Râ en colère, à hurler des menaces à sa vieille ennemie, la Terre… Sa musique c'est le combat d'un homme contre une planète. II a été à maintes reprises traité de fasciste, le leader de Magma, parce qu'il y avait des croix gammées sur la pochette de son disque et que le ton de ses discours rappelait à certains un autre leader célèbre en son temps ; les gens se sont trompés : les croix gammées étaient détruites, tout comme les buildings, églises, avions et autres pourritures que nous offre la Terre ; quant aux discours, on pouvait très bien y trouver des origines dans le théâtre Nô ou ailleurs.

Au début de cette année, plusieurs membres de Magma, coup sur coup, partirent : Richard Rault, Claude Engel, Paco Charlery ; le groupe sembla un moment devoir éclater (sa séparation officielle fut même annoncée); pendant ce temps, Christian Vander sélectionnait de nouveaux musiciens qu'il emmena au début du mois d'avril aux studios de Michel Magne (Hérouville) pour y graver les morceaux du second album. Aujourd'hui, Magma est de retour, plus fort que jamais… Le groupe se compose désormais d'une "force rythmique" et d'un "peloton de cuivres" ; la force rythmique comprend Klaus Blasquiz (chant, percussions), François Cahen (piano et piano électrique Fender), Francis Moze (basse électrique) et Christian Vander (batterie de combat, percussions, voix); quant au peloton de cuivres, il regroupe Teddy Lasry (clarinette, saxe, flûte, voix), Jeff Seffer (saxe, clarinette basse), Louis Toesca (trompette) et Louis Sarkissian (régisseur stratégique). Tous ces gens, ainsi que Roland Hilda (réalisateur plénipotentiaire) et Dominique Blanc-Francard (ingénieur des sons) sont les artisans de cette splendide réussite qu'est Magma 2. Ce disque marque, chose incroyable, un immense progrès par rapport au précédent qui était pourtant lui-même un très grand moment musical…

Vander a maintenant réussi à dépasser ses deux plus fortes influences, Stravinsky et Coltrane ; il a su également éviter de refaire l'erreur du premier album (résumé du déroulement de l'action dans les notes de pochette) : cette fois-ci, pas de fil conducteur pour le lecteur, mais seulement un poème, au verso : la musique de Magma ne se raconte pas… Le sommet de Magma 2, c'est sans aucun doute "Rïah Sahïltaahk" qui occupe la totalité de la première face, 21'51" ; composé par Vander, "Rïah Sahïltaahk" est un morceau d'une richesse phénoménale: il est difficile d'imaginer qu'il soit possible de dire tant de choses en si peu de temps… Mais Christian Vander se joue du Temps, joue avec les temps, avec tout ce qui est musique et peut lui permettre d'exprimer la violence de ses sentiments : écoutez donc ces tempos hachés, ces rafales des cuivres ponctués de cris aigus et tranchants comme la lame du couteau dans la chair ; écoutez la voix chaude et majestueuse de Klaus qui sait si bien imiter le cri des grands oiseaux de nuit ; écoutez aussi la finesse des interventions de François Cahen (au piano électrique, il fait souvent penser à Don Preston dans "King Kong", les cuivres étant eux-mêmes parfois assez proches des Mothers) et la solidité du travail de Francis Moze qui, tel un roc, soutient de sa basse puissante l'édifice Magma. François Cahen et Teddy Lasry se sont partagés la face B ; le pianiste a composé "Ki Iahl O Lïahk", le saxophoniste "Iss" Lanseï Doïa ; ces deux morceaux (le premier surtout) sont certainement, du strict point de vue de l'écriture musicale, plus soignés que "Rïah Sahïltaahk" mais il leur manque cependant une qualité essentielle sans laquelle la démarche de Magma pourrait se trouver un jour gravement entravée : la violence…

Violence que détient Vander ; je ne dis pas que les autres membres n'ont pas les motivations ; je pense seulement qu'ils ne ressentent pas au même degré d'intensité ce besoin radical de hurler et de cracher dans lequel Vander est tellement à son aise. Magma est, je pense que ses membres le savent très bien, engagé dans les mécanismes de haine et de violence, SANS POSSIBILITÉS DE RETOUR : pour vivre, il doit cogner (j'espère aussi que ses membres savent où et contre qui), vite, très vite et fort, très fort… Si le groupe devait arriver à la plénitude sans avoir mené à bien le travail qu'il s'est fixé, ce serait une tragédie : Vander, s'il veut continuer à créer une musique aussi exceptionnelle, sera obligé de rester un individualiste forcené ; à lui de savoir s'il s'en sent le courage… "La nouvelle innocence, c'est le rêve maléfique devenant réalité. La subjectivité ne se construit pas sans anéantir ses obstacles ; elle puise dans l'intermonde la violence nécessaire à cette fin. La nouvelle innocence est la construction lucide d'un anéantissement" (Raoul Vaneigem. Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations). La plénitude tue plus vite et plus sûrement que le combat, et l'on souhaite très fort que Christian Vander reste vivant pour faire (entre autres choses) de superbes albums comme celui-ci ; on ne le dira jamais assez, la musique de Magma est PRIMORDIALE ; on ne le dira jamais assez… "


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TEXTE RÊVÉ PAR ADRIEN DANS LA NUIT DU 12 AU 13 JUILLET 1971… et plus particulièrement destiné à ceux qui n'ont pas encore compris que Magma était le meilleur groupe de ce système solaire.

" 1) A tous les rêveurs passés, présents… et à venir.

Par une lucarne ouvrant sa petite gueule affamée de lumière vers l'immensité glacée du Ciel, l'aube grisâtre prenait lentement possession de la pièce sans âme dans laquelle se terminait un trip qui s'était avéré fort éprouvant pour ses participants. L'ombre était peu à peu délogée de chacun des recoins où elle s'était imaginée pouvoir se réfugier et une fille pleurait de ne plus voir (" Something is happening here, and you dont know what it is… ") le visage de celui qui fit fortune en giflant l'Amérique se détacher sur les milliers de kilomètres de pylônes télégraphiques baignés de rosée.

" Aux fourmis-souvenirs
Qui font parfois frémir
Les murs roses et noirs
Et nus de ma mémoire… "

Le mauvais poète baudelairien s'était soudainement arrêté, prenant conscience que la peau blanche et parfumée de la femme blonde à laquelle il dédiait sa douleur bien ordonnée n'était plus en répit que pour quelques cinquante années : dans un rire déchiré de sanglots de dégoût, il se jura tout à coup, chassant de son esprit l'image de la charogne putréfiée que serait dans cinquante années la peau blanche et parfumée de la femme blonde (et maintenant presque enterrée) à laquelle il avait dédié sa douleur bien ordonnée, de ne plus jamais aimer. Dans cette pièce où gisaient effondrés quelques grands clowns tristes de l'underground parisien, un jeune homme à cheveux plus longs que les autres se morfondait, lassé par la sarabande que dansaient autour de lui les pantins et les putains " psychédéliques "; le Smart-Ass Rock'n'roll Critic (ainsi s'appelait le jeune homme à cheveux plus longs que les autres) voyait décroître son énergie qui n'était déjà plus que le vain mot qu'utilisent parfois pour se faire remarquer les freaks sans imagination ; il évoqua certaines images susceptibles de le ramener vers la pulsion originelle… Les immenses cités de pierre qu'H. P. Lovecraft avait imaginées au-delà de l'Au-Delà polaire ; la tâche rousse de cet écureuil trempé de soleil et de pluie le fixant étrangement dans les yeux (et dans le cœur)l'après-midi d'avril où l'orage avait agressé la forêt ; la nuit pendant laquelle, lors d'un trip aquatique, le gentil visage de Christelle s'était rapidement décomposé en une abominable outre suintante. Mais rien de tout cela ne pouvait arriver à le libérer de la torpeur qui le tenait cloué à ce vieux fauteuil de cuir; il repassa longtemps dans son esprit les instantanés démoniaques ou merveilleux de ses expéditions vers ce qui avait jadis été l'Inconnu mais il dut bien se rendre à l'évidence qu'il était prisonnier de l'apathie régnant parmi les ombres censées constituer son entourage… LA TRAGÉDIE DES SOLITUDES PARALLÈLES, pensa-t-il un instant, en refusant de caresser le pied qu'avait posé sur l'accoudoir du fauteuil, EleKtric Prune, une fillette de douze ans très, très envahissante ; c'est à ce moment qu'il s'aperçut qu'un sang plus vif battait à ses tempes : loin dans sa tête, un rythme sourd avait pris naissance et s'amplifiait de seconde en seconde… C'était un roulement sauvage, comme celui d'une armée en marche, entrecoupé de rafales de cuivres cinglantes et de cris haineux éclatant dans un langage qu'il lui était impossible de traduire, bien que familier ; les coups heurtés redoublaient maintenant d'intensité et l'impression fugitive qu'avait éprouvée le jeune homme aux cheveux plus longs que les autres se changeait rapidement en certitude : cette violence sans appel, ce ne pouvait être que son ami VANDER, et ce morceau… RIAH SAIHLTAAHK, la plus belle de ses compositions. Le Smart-Ass Rock'n'Roll Critic quitta sans même s'en apercevoir le vieux fauteuil de cuir qui chuta mollement sur un grand plateau de fruits tropicaux ; les visages des gens dont il avait partagé l'intimité lui semblèrent plus dérisoires encore : la petite EleKtric Prune s'était couchée près d'un vieil opiomane suédois et elle serrait contre son ventre la pochette de " Chelsea Girls "… La violence électrique déjà déchirait l'air épais ; le Smart-Ass Rock'n'Roll Critic se planta au milieu de la pièce et, de la musique de MAGMA plein la tête, hurla : " ÉTERNITÉ ".

L'opiomane eut un spasme, deux filles déchirèrent le satin noir de leurs longues robes et, les yeux révulsés, s'en fouettèrent sauvagement ; EleKtric Prune plaça le ventilateur entre ses cuisses et, reins cambrés, tête renversée elle se mit à pleurer doucement, la gorge tendue vers le lustre de cristal qui oscillait déjà de manière menaçante au plafond. Le Smart-Ass Rock'n'Roll Critic sortit définitivement de LEUR trip qu'il avait cassé.

2) Qui n'est là que pour permettre au Smart-Ass Rock'n'Roll Critic de retrouver son identité (le banal JE)… mais peut-être également considéré comme un moyen facile d'annoncer le 3).

Lorsque l'air frais vint caresser son visage, le jeune homme aux cheveux plus longs que les autres passa deux doigts distraits sur son cou et, réalisant tout à coup qu'il lui serait exquis d'écrire quelques lignes sur MAGMA, décida de localiser au plus vite sa machine à écrire. II y parvint après plusieurs heures d'un vagabondage infructueux qui l'amena jusqu'à la lourde porte chenue de son ancestrale demeure, le Smart-Ass Rock'n'Roll Critic's Territory ; il entra dans le jardin, s'assit au soleil, mangea un pamplemousse et, après avoir chassé du docile instrument un couple de retraités CGT qui y avaient élu domicile, il écrivit :

3) (qui devrait être le 1) mais devra pourtant bien se contenter de rester le 3) puisqu'il y a eu avant le 1) et le 2).

Un après-midi du mois de juin 1970, je remontais le boulevard Saint-Germain en pensant très fort à la façon dont j'allais pouvoir me rendre à Bath assister au concert de Frank Zappa et de ses nouveaux Mothers lorsque j'aperçus Klaus Blasquiz, chanteur de MAGMA, un groupe dont le premier double album venait juste de sortir, recueillant des critiques contradictoires de la presse spécialisée (dont j'étais alors très fier de ne pas faire partie). Klaus et moi nous arrêtâmes (ayant certains traits physiques communs, nous nous arrêtons toujours afin de vérifier si c'est bien à l'autre ou à soi-même que nous avons affaire) ; nous nous assîmes et parlâmes de musique ; la conversation tourna rapidement sur MAGMA ; Klaus me demanda si je connaissais le disque du groupe et, constatant que je ne l'avais jamais écouté (je n'étais pas encore un Smart-Ass Rock'n'Roll Critic à cette époque), il me proposa de passer chez lui un soir… Lorsque je me rendis à son invitation, ce fut plus à une initiation qu'à une écoute de disque que je participai : Klaus entreprit de m'expliquer méticuleusement les différentes phases du voyage vers Kobaïa, les sentiments éprouvés par les hommes à leur arrivée sur la planète, les réactions des occupants de ce sol, les sensations de joie et de terreur ; il me parla fréquemment de VANDER, de Claude Engel aussi et je revins plusieurs fois rue Jacob pour y discuter de MAGMA…

4) La rencontre avec VANDER.



A l'automne dernier, MAGMA donna un concert à l'Olympia ; il y avait peu de monde ce jour-là dans la salle ; je me trouvais en coulisses et je vis arriver VANDER, dur et solitaire dans son grand manteau de cuir noir, serrant à l'occasion une main qui lui était tendue, souriant avec la bouche mais ne cessant jamais de fixer de son regard clair et incisif les gens qui l'approchaient. Un homme sur la défensive, pensai-je en le voyant passer. Quelques semaines plus tard, un ami s'occupant d'un café-théâtre me proposa d'organiser des soirées pendant lesquelles j'inviterais une personnalité musicale de mon choix à venir se faire interviewer en public. L'image de VANDER traversant les coulisses de l'Olympia me revint aussitôt à l'esprit et j'acceptai cette offre, décidant de faire du leader de MAGMA le premier sujet de mes entretiens… Entrer en contact avec lui ne fut pas aussi difficile que je l'avais escompté ; après quelques coups de téléphone infructueux, j'arrivai à le joindre un matin et lui exposai ce que j'attendais de lui : à ma grande surprise, il accepta et un rendez-vous fut pris pour que nous puissions nous rencontrer avant la soirée proprement dite…
Chez lui, le dimanche matin, il ne fut pas très loquace : je le devinai tout d'abord tendu, puis, vers la fin de notre entrevue, je sentis qu'il abaissait un peu ses défenses ; cependant, quand je le quittai il me dévisagea du même air glacial que quand j'étais entré, une heure plus tôt… Le surlendemain, c'était l'interview au café-théâtre ; à 8 h 45, VANDER entra, vêtu du grand manteau de cuir noir et, sans regarder personne, se dirigea vers moi ; la salle s'emplissait doucement et je lui proposai de boire quelque chose : il accepta mais ne trempa pas ses lèvres dans le verre que je lui avais offert ; par contre il me demanda de l'accompagner chercher des cigarettes et, quand nous eûmes trouvé un bar ouvert, s'informa de ce que je voulais prendre, m'expliquant par la même occasion qu'il se méfiait des boissons qu'on lui offrait là où il était invité.
VANDER, ce soir-là, m'étonna beaucoup. Il se livra quasi totalement, résumant les circonstances parfois intimes dans lesquelles il en avait été amené à adopter certaines positions vis-à-vis des relations humaines ; il parla du travail qu'il avait entrepris en vue de perfectionner le kobaïen, s'installa au piano afin de mieux faire comprendre les explications strictement musicales. VANDER fut tour à tour attentif, ironique, provocateur, détaché selon que le public était sincère avec lui et que Francis Moze, le bassiste de MAGMA également présent, se chargeait de répondre ou non. Certains trouvèrent que VANDER était suffisant et prétentieux, d'autres furent touchés par celui qu'ils considéraient comme un idéaliste. Personne de toute manière ne resta indifférent… Quelques temps après, VANDER et moi eûmes nos problèmes respectifs à régler et nous nous perdîmes de vue jusqu'au début du mois de juillet.

5) L'interview de MAGMA.

Le jeudi 8 juillet à 15 h, le soleil écrasait Paris et je descendais les marches du Gibus afin de retrouver les membres de MAGMA avec lesquels j'avais rendez-vous ; le Gibus, c'était leur dernier engagement jusqu'au… 11 septembre, ce qui prouve que les propriétaires de clubs capables de reconnaître un bon groupe ne sont pas légion.

Tout d'abord, pourriez-vous nous faire un rapide résumé des raisons pour lesquelles est né MAGMA ?

Francis Moze :
C'est très simple. En 1969, nous avons fait, Christian (VANDER) et moi, une tournée en Italie ; à notre retour nous avons ressenti un besoin pressant de faire quelque chose de personnel.
VANDER : cette tournée se passait dans des boîtes à champagne où les minettes sont plus intéressées par les chaussures du bassiste que par la musique.

Comment s'est opérée la sélection des musiciens?

Teddy Lasry :
en partie grâce à des rencontres d'amis, des conversations.

Que devient Uniweria Zekt?

VANDER :
Uniweria Zekt. D'abord ce n'est pas un hasard si on l'a appelée Uniweria Zekt et non pas Internationa Zekt. C'est une organisation fondée pour aider à l'épanouissement et à la propagation de créations de qualité, que ce soit dans des domaines artistiques musicaux, cinématographiques, picturaux ou bien scientifiques, voire même philosophiques. Le handicap aujourd'hui, c'est que nous n'avons pas d'argent…

François Cahen : mais la Secte de toute manière existe déjà à notre niveau… MAGMA, c'est la Secte.

Quelles sont les raisons pour lesquelles Richard Rault, Claude Engel et Paco Charlery sont partis?

François Cahen :
peut-être vaudrait-il mieux le leur demander ?

Teddy Lasry : en ce qui concerne Richard, je crois que c'était purement esthétique. Pour Paco, c'est différent : il ne travaillait visiblement pas assez son instrument ; chez MAGMA, on ne peut pas se contenter de donner l'impression ; de plus il prenait comme des implications raciales le fait qu'on lui fasse remarquer qu'il arrivait en retard…

Francis Moze : pour Claude, je pense qu'il y avait un problème d'emploi, il sentait peut-être qu'il ne pouvait pas tellement s'exprimer au sein de MAGMA… Et puis il a eu d'autres propositions… les sessions… il fallait qu'il ait les mains libres. J'ai entendu dire qu'il préparait son premier album solo ; cela sera certainement intéressant…

Avez-vous eu des problèmes pour recruter de nouveaux musiciens?

VANDER :
Non, aucun.

Et leur arrivée n'a-t-elle pas créé une certaine perte d'identité, une sorte d'affaiblissement de l'image du groupe ?

François Cahen :
non, ils se sont très bien adaptés et on est vraiment heureux de les avoir avec nous…

Teddy Lasry : de toute façon, des musiciens, il en passera encore chez MAGMA.

Quels sont vos projets immédiats?

François Cahen :
repos forcé jusqu'en septembre car nous n'avons aucun engagement d'ici là.

VANDER : nous allons enregistrer chacun un album en solo, plus commercial, pour Barclay ; nous travaillerons avec Laurent Thibault ; nous enregistrons pendant la première semaine d'août à Hérouville.

Avez-vous quelque chose à ajouter?

VANDER :
oui. J'aime tout le monde. Et plus particulièrement le nommé Gilbert Rovère, qui joue chez Martial Solal et s'est permis un jour de juger Coltrane.

Ainsi parlait VANDER, le musicien le plus violent de sa génération.

6) Le Smart-Ass Rock'n'Roll Critic reposa sa plume dans l'encrier et, tandis que la cendre de sa cigarette volait sans hâte vers le cendrier vieux de trois siècles, la demie d'une heure qu'il ne connaissait pas sonna au beffroi…


Yves ADRIEN
Rock & Folk n° 55 - Août 1971



Yves Adrien

05:25 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : 53-lectures : yves adrien iii : magma | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook