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21/11/2006

Allumons un cierge... ça va aller.

=--=Publié dans la Catégorie "Ô Mort... Ô Mort..."=--=

Ma fille ne parle pas de ma grand-mère. Mais son regard triste en dit long. Mon fils, par contre, a une connaissance de la chose instinctive et plus subtile qu’il n’y paraît avec ses 10 ans. Plus on est jeune plus on est proche du mystère de la non-existence dont nous fûmes tirés, ce qui permet une approche bien plus évidente quant à une méditation concernant notre condition éphémère.

Ma grand-mère maternelle est morte le 7 Avril dernier. Après une longue agonie et des antécédents, relatifs à sa santé, très lourds. Je pense à elle tous les jours. Ma petite mamie à l’odeur de miel. Ses bras tendres autour de moi, petit. La consolation incarnée.

L’Homme n’est rien d’autre qu’une claire et limpide hypothèse non encore parvenue à son potentiel enfoui. Ce potentiel se doit d’être toujours élargi et augmenté. Ces possibles enfermés dans le cœur de l’inconsciente demeure de l’Être ne peuvent se révéler que dans une accointance avec sa future mort. Mortels, nous sommes confrontés à cette capacité incapacitante qui est susceptible de nous révéler à nous-mêmes de notre vivant, si toutefois nous sommes capable de l’assumer comme un possible de chaque instant. Dés notre conception la Mort s’affirme comme probable, comme… incontournable.

Je revois comme dans un film, alors que ma grand-mère flotte dans un coma irréversible, son homéopathe affirmant que sa fin est proche. Il suggère d’allumer des bougies et de rendre la pièce où elle dort à la fois vivante et paisible. Et ma mère s’exécutant. Et moi, la soutenant du mieux que ma vie d’homme me le permet. Ce mot, de mémoire, d’André Malraux, affirmant qu’il faut soixante années pour faire un homme et qu’ensuite il n’est plus bon qu’à mourir. C’est comme une injustice. Mais c’est une logique implacable. Ma petite mamie, mon petit écureuil espiègle qui s’est brisé, mon joli papillon d’amour qui s’est brûlé. Son Corps ne souffre plus. Mais je n’ai plus d’enfance, elle semble partie avec elle. Me restent les souvenirs qui m’asphyxient. Je parle de ce que je ressens, là, maintenant. Demain, après-demain, ça ira mieux bien-sûr. Depuis le 24 décembre 2005, au matin, son agonie silencieuse m’a laissé sans voix. Elle a duré jusqu’au matin du 7 Avril 2006, vers 00h15. J’ai pu trouver de la force pour tenir debout. J’ai une épouse et deux enfants, tous trois beaux et admirables et aimés par mon cœur, mon âme, tout mon être. C’est très précisément cet amour que m’a légué ma petite mamie qui, pour moi, sentait et sentira toujours le miel, que je leur donne et transmets.

Ma mère effondrée. J’ai peur pour elle. Elle me dit : « C’est terrible de se retrouver orpheline. » Ses larmes continuelles, ses sanglots qui lui fracassent la gorge, lui coupent sa respiration, son hystérie Slave, mon Dieu, comme j’y suis sensible, mais en même temps tellement détaché de ce pathos. Nous ne pouvons rien y faire. C’est dans la nature des choses de naître pour mourir. Ma mère tu mourras un jour et je devrais t’enterrer, c’est d’une logique implacable, à moins que la Vie en décide autrement et que je ne parte avant toi.

Allumons un cierge, ça va aller.

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Bande son du moment : "Above & Below" par Leon Parker

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citation du jour : « La jouissance sans contrepartie est l'arme absolue de l'émancipation individuelle.» Raoul Vaneigem (Le Livre des Plaisirs)

Humeur du moment : Combatif et Jouisseur...

Commentaires

Nebojsa, comme cette note est touchante - Je ne sais que dire, c'est toi qui dis, et tu as tout dit si bien - Il est si difficile de perdre un très proche - on aimerait parfois revenir en arrière car on se rend compte que l'on n'a pas dit tout ce que l'on aurait voulu, que l'on n'a pas su, par pudeur, par manque de temps, parce que aussi on n'y a pas pensé - revenir en arrière... apprenons à dire les choses, osons montrer ses sentiments, dire je t'aime aussi à ses parents, grands-parents... La petite flamme du cierge vacille mais ne s'éteint pas...

Écrit par : Annsun | 24/11/2006

"Le remords est comme une morsure de chien dans une pierre, une bêtise." Nietzsche

Il n'y a pas à revenir en arrière... il nous faut porter nos ancêtres, comme les Chinois, et ne pas être portés par eux. Ce qui est fait est fait... par contre, en effet, vous avez raison de le préciser, ce qui reste à faire se doit d'être fait... entre autre jouir avec ceux que l'on aime... dans tous les sens du terme...

Le cierge, quant à lui, par sa flamme me rappelle les bons moments, les vrais moments, l'authenticité de l'amour que j'ai pu vivre, ce que j'ai reçu, ce que j'ai donné à ceux que j'ai aimé et aime encore par-delà la Mort...

Écrit par : Nebo | 26/11/2006

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