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13/02/2007

René Char

René Char : Application, regroupement, centralisation des points nodaux.



"Nodal". En anatomie et physiologie, "Tissu nodal" : tissu du myocarde renfermant les nœuds cardiaques, et qui est à l’origine du fonctionnement automatique du cœur.

En physique : Relatif à un nœud de vibration. Points nodaux, situés sur l’axe d’un système optique et tels que tout rayon incident passant par l’un de ces points est parallèle au rayon émergent passant par l’autre.


René Char (l’Isle-sur-la-Sorgue, 1907 – Paris, 1988) poète français. D’abord surréaliste (L’action de la justice est éteinte, 1931), il s’en éloigne pour exalter, dans une poésie frémissante d’une grande richesse, les forces de la vie et de la fraternité : le Marteau sans maître (1934), Feuillets d’Hypnos (1946), Fureur et Mystère (1948), le Nu perdu (1971). Il fut aussi, selon moi, le poète de la tension joyeuse. Visions et extases. Appréhensions et ravissements. Son verbe transporte. Il cherche à transcender le quotidien, veut nous empêcher de sombrer dans la routine.

« Les mots dans la poésie, devancent de leur lumière, la conscience encore opaque de celui qui d’abord témoin de leur éclat organise leur essaim de sens. » 

« Dans le tissu du poème doit se trouver un nombre égal de tunnels dérobés, de chambres d'harmonie, ainsi que d'éléments futurs, de havres au soleil, de pistes captieuses et d'existants s'entr'appelant. Le poète est le passeur de tout cela qui forme un ordre. Et un ordre insurgé. »
 Sur la poésie

Amoureux de la Liberté (« Les territoires de la poésie ne sont pas cadastrables : ils ne s’éclairent que dans l’expansion. »), durant la seconde guerre mondiale, en pleine occuption, sous le nom de Capitaine Alexandre, René Char fut Résistant, les armes à la main, et versa le sang sans haine aucune, parce que c'était son devoir d'homme, qu'il le fallait bien. « Nous avons recensé toute la douleur qu'éventuellement le bourreau pouvait prélever sur chaque pouce de notre corps; puis le coeur serré, nous sommes allés et avons fait face. » écrit-il dans les Feuillets d'Hypnos.

Malgré le souffle ivre du transport il tenait à être compris. « Comment m'entendez-vous? Je parle de si loin. »

* «  Le poète se reconnaît à la quantité de pages insignifiantes qu’il n’écrit pas. » (Sur la poésie)

* « Comment vivre sans inconnu devant soi ? »

* « Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir »
(Feuillets d'Hypnos)

* « Fureur et mystère tour à tour le séduisirent et le consumèrent, puis vint l'année qui acheva son agonie de saxiphrage » (Fureur et Mystère)

* « Ils refusaient les yeux ouverts ce que d'autres acceptent les yeux fermés »

* « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront. »
(Rougeur des matinaux)

* « Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » (Fureur et mystère)

* « Agir en primitif et prévoir en stratège » (Feuillets d'Hypnos)



« Commune présence


Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.
Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.» 

Le Marteau sans maître (1934-1935)

« Allégeance

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima ?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ? »


Éloge d'une soupçonnée



« La jeune fille : Ceux qui n'ont pas besoin de leur amour auprès d'eux n'aiment pas.

Le jeune homme : Cela dépend. C'est compliqué, une présence. Dans un monde incompréhensible, la simplicité, je veux dire l'amour, c'est une capacité d'absence. »
Claire
in Trois coups sous les arbres
 

« La vie aime la conscience qu'on a d'elle. »
Claire
in Trois coups sous les arbres
 

 
« Avec les choses de l'extérieur, prenez, croyez-moi, l'habitude d'estimer et d'agir sans vous passionner. Vous vous épargnerez bien des désagréments. »
Le soleil des eaux
in Trois coups sous les arbres
 
« On ne peut guère s'attacher à plusieurs choses à la fois, mais il faut être soi tout entier pour une ou deux de ces choses essentielles. Hors de cela on est broyé sans espoir et notre conscience se détourne de nous. »
Le soleil des eaux
in Trois coups sous les arbres
 
« Tu parles à un chien, il te regarde avec ses bons yeux. Tu t'adresses à un homme, il te mord. »
Le soleil des eaux
in Trois coups sous les arbres

« Celui qui dompte le lion, devient l'esclave du lion. Ce qu'il faut, c'est faire du feu entre lui et toi. »
Le soleil des eaux
in Trois coups sous les arbres

« Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud !

Tes dix-huit ans réfractaires à l'amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu'au ronronnement d'abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d'abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l'enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.
Cet élan absurde du corps et de l'âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c'est bien là la vie d'un homme! On ne peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.
Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi. »

Fureur et mystère



Il faut le lire en marchant... succès du chant intérieur garanti...

20:20 Publié dans Parenthèse | Lien permanent | Commentaires (3) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

même sans marcher, celle-ci est très puissante (pas forcément évidente aux premières lectures, ne pas se décourager):

"La perte de la vérité, l'oppression de cette ignominie dirigée qui s'intitule "bien" (le mal, non dépravé, inspiré, fantasque est utile) a ouvert une plaie au flanc de l'homme que seul l'espoir du grand lointain informulé (le vivant inespéré) atténue."

Écrit par : gmc | 13/02/2007

"Celui qui regarde souffrir le lion dans sa cage est condamné à pourrir dans la mémoire du lion." (Char)

Contrairement à toi, impérial René Char , je ne leur demande pas de s'habituer à imposer ma chance,à serrer mon bonheur, à aller vers mon risque, mais à me suivre, mais à me précéder .

Écrit par : . | 14/02/2007

gmc...

Balle d'argent et d'Or pénétrant le cortex...


Cher(e) "." ...

Mais ce Char est digne du Char d'Ezéchiel... Verbe tournoyant et vif... certes, la prophétie mystique en moins... or, nous vivons ici-bas...

Bien à Vous...

@)>-->--->---

Écrit par : Nebo | 14/02/2007

Les commentaires sont fermés.