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14/05/2007

Les Mots et les Maux

« Si l’on étudie volontiers aujourd’hui les structures linguistiques propres à une période historique révolue, en essayant de démontrer à quel point elles ont marqué le mode de pensée de l’époque en question, rien ne nous empêche de considérer de même notre siècle avec circonspection. » Czeslaw Milosz, Témoignage de la poésie.


Chaque époque finit toujours par être rongée par un mal qu’elle se plaît à accoucher elle-même jusqu’au bout, malgré toutes les attentions dont font preuve les esprits éclairés pour la mettre en garde. Ce n’est qu’au moment où, les siècles étant passés, l’historien se penche sur les berceaux des règnes et de leurs décadences que les reliefs apparaissent et participent à l’émergence d’un tableau qui nous indique ce qui fut, ce qui arriva et, d’une certaine manière, contribua aussi à faire de nous ce que nous sommes aujourd’hui.

Ainsi, on s’accordera pour dire que le fourmillement des idées dans la Grèce antique, s’il a concouru à poser des axes de pensées encore valables de nos jours s’est vu, sur sa fin, partir en d’insondables bavardages pleins de contradictions, ce qui participa à sa décadence, car quand la parlotte s’empare des esprits, les Légions en profitent.

Ce furent les Romains qui tirèrent leur épingle du jeu en fondant leur Empire non pas par le biais des idées et du commerce, mais par une organisation plus proche de Sparte que d’Athènes, autrement dit : par les armes. Puis, à leur tour, le relâchement hédoniste sans contrôle de Rome, affirma le début de sa fin par la division de l’Empire en deux entités dont le monde occidental souffre encore de nos jours et qui n’a pas été sans conséquences dans nos rapports avec la partie asiatique et méditerranéenne du monde.

Par la suite, le moyen-âge eut de belles heures de gloire, la scolastique prit part à cette gloire, mais très vite se heurta à des gloses incessantes qui diminuèrent les savoirs en engouffrant le monde intellectuel d’alors dans des excès de paroles, l’usage des mots pour les mots… ainsi, l’histoire est connue, à l’ouest, par Rome, le fanatisme religieux en imposa à la multitude, la chrétienté devint conquérante (Dante ne place pas pour rien, dans sa sublime « Divine Comédie » des papes en enfer, pas si loin de « Mahomet l’hérétique » d’ailleurs), alors qu’à l’est, Byzance tomba aux mains des Turcs le 29 mai 1459, tandis qu’à l’intérieur de la ville se tenait un concile où la dispute allait bon train à propos du sexe des anges. De là vient d’ailleurs l’expression : « Querelles Byzantines » pour indiquer le gouffre qu’il peut y avoir entre des discussions irraisonnées et les exigences de la réalité.

Mais je ne vais pas parcourir tous les détours de l’Histoire, tas de fainéants, et je vais en venir directement à notre temps. Je m’avance trop même. Pas en 2007. Mais disons : tout de suite après 1789. Le stupide 19ème Siècle que vomissaient Flaubert, Baudelaire, Rimbaud et duquel, selon ce qu’en ont dit Philippe Muray ou Philippe Sollers, nous ne sommes pas encore sortis, alors que nous sommes à l’ère des computers, des téléphones portables, du câble télévisuel, des satellites espions, des guerres propres, de l’énergie nucléaire et… des pensées quantiques. Quel est le mal dont souffre notre civilisation de décennies en décennies depuis le temps des révolutions politiques, industrielles et techniques ?

J’use volontiers des termes de « canular », « tromperie », « mystification », « charlatanisme », « escroquerie », « imposture », « falsification ». Mieux : « Subversion ».

Bah, me direz-vous, les faux dévots ont existé de tout temps et ont toujours cherché à régenter la vie de leurs semblables. Voilà qui est acquis. L’hypocrisie et l’affection de dévotion et de vertu, les calculs sociaux et politiques ne datent pas d’hier. Oui. Vous avez raison. Or, la nouvelle donne, à partir de la terreur de Robespierre, fut bien la collectivisation de l’imposture. Paré de sa vertu sanglante, Maximilien nous imposa les louanges à l’Être Suprême, sous le couvert de la déesse Raison. Syncrétismes et carnavals. Orgies populacières et hypnotisme général. De ce temps, à grands coups de têtes tranchées, s’est imposé à nous, puis au reste du monde (la France a eu quelque rayonnement suffisant pour impressionner le reste du monde par des influences bonnes comme néfastes) l’érection en règle d’une certaine pensée, une certaine manière d’être qui s’est progressivement, mais sûrement distillée dans les consciences occidentales par des cheminements divers et variés pour aboutir, au lendemain de la seconde guerre mondiale, au « politiquement correct » qui souligne à merveille notre sinistre époque d’un trait faussement bariolé.

Car j’ai toujours à l’esprit ce souvenir : Enfant, avec de fines tiges de pâte à modeler de multiples couleurs, je m’étais aperçu qu’il n’y avait que deux façon de mélanger les coloris ;

- En enroulant tout d’abord les tiges judicieusement choisies entre elles je parvenais à créer des mariages qui me charmaient, où les nuances de « rouge » et de « vert » s’agençaient en des colonnes antiques imaginaires que je voulais Atlantes ou martiennes. Des guerriers apocalyptiques, sombres ou lumineux, charpentés en couleurs roses et claires, ou ocres et noires. Puis je les habillais d’une armure blanche ou bleue. Casque avec pic. Cheval de fortune gris, tacheté de noir. Épées grises. Lances d’or. Je confectionnais même des étendards avec des armoiries.

- Ou alors, les jours où l’inspiration me manquait, énervé par une vie enfantine grisâtre et ennuyeuse, je malaxais toutes les couleurs ensemble, par dépit, pour obtenir à chaque fois, systématiquement un amas kaki sans vie, uniforme, sans détails, sans nuances.

Et je savais déjà, bien que je n’étais point capable de le formuler, que ces deux manières d’effectuer des mélanges se faisaient d’un côté avec bon sens, raison, amour et rigueur, qui n’excluaient nullement la légèreté enfantine, la fantaisie, l’extravagance et la convocation de la créativité sous le couvert de l’inspiration ; de l’autre côté, sans retenue, sans contrôle, avec dégoût, abdication, renoncement mortifère, névrose juste évacuée sur une réalité qui, à son tour, nourrit la suite des évènements.

Ordre et Volupté ou désordre macabre et purge tripale.

Bref, un nouveau langage s’est infiltré dans les brèches successives s’appliquant à évincer des mots, des faits par des sens voilés, indirects et obliques parfois, allusifs toujours, en tout cas dissemblables ou divergents. Les mots, bien entendu, sont en première ligne.

La signification initiale d’un mot n’a parfois plus le même sens, une fois qu’il est passé au filtre de la censure merdeuse de nos marxistes affichés ou masqués.

Pour nous faire un beau mélange kaki, nos bien-pensants aiment à manipuler les signifiants et les signifiés.

Ainsi le beau mot de « libération » fut utilisé pour célébrer les massacres et les déportations du Cambodge, sous les auspices de feu Jean-Paul Sartre, dans un quotidien qui avait le même nom.
« Jean-Sol Patre » disaient, à juste titre, Boris Vian et Louis Ferdinand Céline.

Il nous faut réapprendre à lire entre les lignes. Prendre avec précaution les nouvelles propagées par nos quotidiens très sérieux. Les enjeux de l’avenir se trouvent en grande partie liés au langage. C’est dans le domaine culturel et idéologique que les prémices de l’affrontement final prennent leurs racines. Car les chamboulements ou les révolutions, les guérillas ou les guerres ouvertes ne se gagnent pas par les urnes et les magouilles politiciennes aux calculs hypocrites et machiavéliques, ils se fraient leur voie de façon nébuleuse dans les âmes. Il ne faut pas perdre ce fait de vue et il faut tenter toujours d’y répondre à sa juste mesure.

La liberté meurt de la séduction qu’exerce sur nous la subversion.

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Bande son du moment : Living Out Of Time par Robin Trower

Lecture du moment : ...pas de lecture particulière... butinages divers...

Citations du jour : « Les mots faisaient primitivement partie de la magie, et de nos jours encore le mot garde beaucoup de sa puissance de jadis. Avec des mots un homme peut rendre son semblable heureux ou le pousser au désespoir, et c'est à l'aide de mots que le maître transmet son savoir à ses élèves, qu'un orateur entraîne ses auditeurs et détermine leurs jugements et décisions. Les mots provoquent des émotions et constituent pour les hommes le moyen général de s'influencer réciproquement. » Sigmund Freud (Introduction à la psychanalyse)

« Nous nous servons des mots avec l'habileté mais aussi l'imprudence des ouvriers qui manipulent chaque jour des explosifs. Il faut avoir peur des mots. » Gilbert CESBRON (Journal sans date)

Humeur du moment : En Retrait...

14:23 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (14) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

J'ai lu avec beaucoup interêt ton texte. Merci pour les références et les citations. Le langage nous trahit. le poids des mots et le paraverbal, voilà des signes qui peuvent nous donner à penser et à comprendre. Mais attention aux méprises possibles. Besoin du 6ième sens ;-)....
Je ne suis pas d'accord avec le terme "guerre propre" empreinté (je garde la faute) aux journalistes. Toutes les guerres sont sales et dégueulasses, sanglantes et meurtrières/sauf bien sûr celle éclair du Golfe en 91. (unique, non?)
Voilà quelques considérations, en passant! amicalement Marie

Écrit par : astrale | 14/05/2007

Merci, Marie, pour votre lecture attentive.

Les guerres sont dégueulasses, nous sommes bien d'accord. Le terme "guerre propre", vous ne semblez pas l'avoir saisi, est ici employé avec un cynisme évident en matière de persiflage. Les dommages colatéraux existent bien, bavures en tout genre, et dite "propre" ou "sale", la guerre a toujours le même but : astreindre autrui à sa Loi et à sa Volonté... pour des raisons économiques ou autres. Même le Golfe en 1991 fut une fumisterie de premier ordre. Les USA laissèrent Saddam sur son trône d'où il put continuer à organiser l'extermination des Kurdes ou le gazage sous contrôle de villages entiers de Chiites rebelles. Les fruits du moyen-orient sont bien pourris et l'Occident en a toujours profité pour pomper le pétrole selon des contrats avantageux tandis que certains pays étaient inondés, suivant les cas, d'armes, de conseillers militaires, d'accords nucléaires dits "civils", d'aides techno-scientifiques et médicales, voire d'aides concrètes par le biais des différentes agences d'espionnage...

Mais la première des guerres est bien celle du langage, avec des racines, donc une sémantique faisant sens, première des caractéristique de notre Civilisation qui naquit de l'apparition de l'écriture. Si nous perdons le sens des mots... je crains bien que nos maux n'en deviendront que plus profonds...

Bien à Vous...

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Écrit par : Nebo | 15/05/2007

Bonjour... Nebo, je reprends les derniers mots du comm. qui me précède : "Si nous perdons le sens des mots... je crains bien que nos maux n'en deviendront que plus profonds..."

Et en préalable, j'aimairais préciser que la casse par les mots provient d'après moi de la conscience qu'il nous offrent de la notion de "couverture" : cad médiatique, mais aussi face au tir... Ainsi, dépendons-nous de qui sait utiliser ce qui ressort d'abord des mots, cela bien sûr à leur échelle...

Il s'agirait donc d'apprendre à repérer l'info que l'on veut faire passer et, partant de là, à réfléchir ou pas à une stratégie défensive.

Personnellement, sans savoir m'en expliquer la raison, j'aurais tendance à m'inquiéter d'avantage de la perte du maniement de la syntaxe, car c'est l'usage souple que nous en faisons qui garantit la fluidité du sens ainsi que la faculté de se diriger dans l'espace restreint des mots.

La connaissance sémantique pourrait, elle au moins, se faire remplacer par une autre... ne serait-ce que partiellement et... "façon code", non ?

Bien amicalement,

Écrit par : Marie Gabrielle | 16/05/2007

Bonjour Savoureuse...

La sémantique... le signifié... ont leur importance, dans la mesure où bien écrit, le mot porte un sens tout en étant relié à une racine... sinon on remplace "C'est" par "C"... "Oui" par "Wi"... et autres facilités névrotiques... il m'est arrivé de lire des propos avec une syntaxe parfaite mais formulés en écriture "SMS"... quelle horreur !

Mais la syntaxe bien maîtrisée, oui... peut donner de sublimes stances...

Bien à Vous...

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Écrit par : Nebo | 21/05/2007

Puique vous êtes là tout les deux j'ai pour une fois répondu à un questionnaire indiscret!! A vous de jouer!
Cordialement

Écrit par : Isabelle | 21/05/2007

Puique vous êtes là tout les deux j'ai pour une fois répondu à un questionnaire indiscret!! A vous de jouer!
Cordialement

Écrit par : Isabelle | 21/05/2007

Bon!! J'imagine que vous n'êtes pas sourd!!

Écrit par : Isabelle | 21/05/2007

Superbe texte, tout y est dit, ou presque, dans la définition globale de " Collectivisation de l'Imposture "...

Nous vivons dans le mensonge permanent dans presque tous les domaines de pensées et d'activités... Et nous manquons cruellement d'augures ...

Bonne fin de semaine

Écrit par : mauridub | 24/05/2007

Salut Nebo,
Je viens de m'apercevoir que vous avez répondu à mes interrogations au sujet de la citation de Cioran, sur le message de Scheiro. Merci !
Ce que vous dites est assez juste, il faut effectivement parfois rester ferme pour qu'une attitude tolérante ne vous enfonce pas petit à petit dans des "amabilités démocrassouillardes et consensuelles".
Mais, comme vous le signalez, il me semble que le plus important reste le fond. "la Vérité n'épargne jamais personne", certes, mais qui détient cette vérité ?
Elle vogue parfois chez les uns, parfois chez les autres, parfois au milieu, parfois à mille lieux du débat. Si tout le monde se braque alors je cela tourne à un énième combat de coqs où la vérité devient accessoire.
Il me semble que la tolérance aux idées des autres reste importante, écouter sans fermer son esprit permet de remettre en question son propre discours, et ainsi de l'épuré des préjugés que nous avons tous, sans exception. La vérité peut tenir face à n'importe quel argument, les préjugés eux s'effondrent facilement.
Nebo je défend bien des idées inverses aux vôtres. Et pourtant cette fameuse tolérance me permet de lire ce blog et de vous répondre sans caricaturer votre discours, sans qualifier comme vous le faites les idées contraires aux miennes de "pensées formatées".
Cela restera mon attitude, tant pis si Cioran fait de moi un agonisant.
Portez vous bien !

Écrit par : Raf | 25/05/2007

Cher Nebo, ton texte est tellement dense et soulève de si nombreuses question qu'il est difficile de choisir un angle plutôt qu'un autre pour entamer un commentaire. Comme, Raf, qui me précède revient sur une citation de Cioran publiée en commentaire sous un de mes posts, il me fournit aussi l'occasion de te demander si l'Emile n'a pas fortement influencé ta pensée lors de la rédaction de ce billet. En te lisant, hier, j'ai tout de suite fait le rapprochement avec Cioran et j'ai donc mis en ligne le texte, "La chute dans le temps" - au cas où tu ne l'ai pas lu -, pour que chacun puisse constater à quel point ton billet est dans la veine de l'écriture du grand homme, une de mes meilleures références.
http://scheiropoitos.chez-alice.fr/textes/cioran.html

Les mots sont pluri ou polyvoques : pour un signifiant, milles signifiés à interpréter selon le con-texte et le co-texte, d'où l'effet patte à modeler !

Reste la fonction créatrice et libératrice du langage et par conséquent de la langue, celle qui sous forme de littérature, illusion suprême, nous offre l'unique possibilité d'échapper au carcan de notre pitoyable et lamentable existence faite d'une servitude indépassable face à la réalité du monde dans lequel nous nous sommes réveillés sachant pertinemment qu'il nous ne nous restait plus qu'à empoigner les rames et commencer à galérer ;-))

Écrit par : Scheiro | 01/06/2007

Avé Scheiro,

J'ai lu et relu Cioran... quand j'avais 20 ans... et n'y ai pas retouché depuis, si ce n'est en diagonale, à l'occasion, en feuilletant...

"Des larmes et des Saints", "La tentation d'exister", "Syllogismes de l'amertume", "Histoire et utopie", "Précis de décomposition", "Le mauvais démiurge", "La tentation d'exister", "De l'inconvénient d'être né", "La chute dans le temps"... voilà, grosso modo, les livres que j'ai lu du bonhomme il y a 22 ans de ça.

Je reviens à l'occasion à Cioran, le temps de quelques aphorismes, pour me requinquer, car si le penseur fut d'un pessimisme digne de Schopenhauer, il peut par sa part d'ombre donner de l'ampleur à notre part lumineuse, pour peu que la tentation nihiliste ne soit pas totale en notre sphère existentielle. Mais ayant été fortement marqué par Nietzsche dans mon adolescence, disons que j'ai été vacciné contre le nihilisme de manière radicale.

Quant à mon texte, sa rédaction a bien été déclenchée par la lecture du livre de Czeslaw Milosz, "Témoignage de la poésie" d'une part, ainsi que par les interogations sémantiques auxquelles s'est livré le peintre Georges Mathieu, dans son oeuvre d'une part, mais aussi dans son livre passionnant :"L'Abstraction Prophétique" où il parle des "signifiants" et "signifiés" dont les rapports l'ont conduit, pour sa part, à tenter de faire précéder les signes du sens dans sa peinture abstraite, ce qui est une démarche (dans les années 50) révolutionnaire. Alors que le monsieur est royaliste, conservateur et académicien. :-/

Je pense que le langage est en première ligne et subit les tirs aux mortier par la publicité, le parlé "djeun" des radios FM ou de certains animateurs télévisuels, la pseudo-presse écrite qui d' "écrite" n'a que le nom et je crains que cela ne désarme toute une génération, car le Verbe, bien-sûr, est une arme.

Merci pour ta lecture Scheiro...

Raf, nous n'allons pas tourner autour du pot ad vitam aeternam. Je suis bien plus tolérant que l'on ne pourrait le croire, le problème que je rencontre parfois avec vous est, comme vous le faisait savoir je ne sais plus qui en rapport avec notre "accroche" d'il y a quelques mois, du domaine du registre dans lequel j'inscris mon langage. Ce registre peut vous sembler exagéré, vociférant, rentre-dedans, cynique et acide... et en vérité il l'est... mais je persiste et signe : nous sommes en guerre et les tenants et aboutissants de cette guerre sont bien L'ÊTRE... avec tout ce qu'il implique sur le plan du "COGITO ERGO SUM" de Descartes, qui renvoie ni plus ni moins au nom difficilement traduisible de Dieu en personne, à l'image duquel nous fûmes créés : le tétragramme insondable que les spécialistes prononcent "Yahvé" ou "Jéhovah" et qui implique la SINGULARITÉ... une SINGULARITÉ paradoxale (comme certains phénomènes quantiques) qui, bien que singulière, est reliée à une fondation, à une racine, à une LOI, à une Hiérarchie, à un Ordre. Car sans racine, sans fondation, sans Loi, sans Hiérarchie, sans Ordre : pas de Civilisation... pas d'artifice Culturel... pas de Divinisation des Instincts... pas d'Organisation... pas de "Tabous" salutaires (comme l'inceste)... pas de projection dans l'avenir... pas de relativité et donc : pas de Liberté... car toute Liberté authentique est bel et bien relative, la Liberté Absolue ne l'est qu'entre les mains d'Hitler ou de Staline avec les résultats que l'on sait.

Voilà Raf, quelques vérités très simples à comprendre.

(Raf, Que vous soyez croyant ou non... aucune importance... prenez ce que je viens de vous dire là sur le plan du Symbolique... Saviez-vous que, théologiquement parlant, même Dieu n'est pas Absolument Libre, ou plutôt qu'il s'auto-restreint lui-même par rapport aux pactes qu'ils tissent avec les anges et avec les hommes ?)

Bien à Vous tous...

@)>-->--->---

P. S. : La signification du tétragramme est quelque chose comme : "Je suis celui qui a été, qui est, qui sera" de tout temps, hors temps, à tout jamais je suis. Si nous sommes à son image... imaginez le vertige... et la responsabilité...

Écrit par : Nebo | 01/06/2007

Salut Neb

Exellente reference Milosz. Puisqu'en ce moment ces mots de guerre, de liberté, de communisme, reviennent souvent... lire son brillant essai "La Pensée Captive". Moins connu que Soljenitsyne, mais a connaitre aussi, pour comprendre la situation des penseurs dans le meilleur des mondes... A bientot tres cher!

jc

Écrit par : jc | 04/06/2007

Merci, pour la référence à G. Mathieu, dont j'ai cherché la biographie et dont je gardais le vague souvenir de qqs une de ses oeuvres - j'aime feuilleter les livres d'art et il m'arrive d'en lire. Je voulais aussi signaler ici que j'ai découvert, lors de cette recherche en ligne, que G. Mathieu est le designer de notre défunte et dernière pièce de 10 FR. Je ne sais pas si se mettre dans la poudre jusqu'au cou est une démarche nihiliste - tout dépend de ce que l'on entends par nihilisme - mais si c'est une refondation par une tentative de retour au néant - est là encore le néant reste à définir - Schopenhauer, Nietzsche, Cioran et qqs autres penseurs de cette acabit m'ont été d'un grand secours.
Le langage ne risque rien, Nebo, seule la langue sous sa forme académique - je te rappelle qu'il n'y qu'un pays au monde qui s'est doté d'un commissariat avec un corps de police chargé de veiller au bon usage de la langue en question, c'est la France - courre qqs risques.
Une langue n'est en aucun cas figée, c'est qq chose qui est en évolution constante et dans la réalité jamais homogène, toujours stratifiée, avec interactions constantes entre les différents niveaux de langues, ce que Labov dénomme : variation. Il faut lire le remarquable travail de William Labov à ce sujet. Les grands groupes de pub sont à la pointe des travaux faits en linguistique et plus particulièrement en sémiologie, ce qui que leurs propagandes provoquent autant d'impacts sur la langue orale principalement. La maîtrise du langage, de la langue, c'est la maîtrise des savoirs, la possibilité de la connaissance et pour finir l'arme principale du pouvoir sur l'autre. D'où la haine des illettrés, pas si bêtes, pour les intellectuels ;-))

Écrit par : Scheiro | 05/06/2007

Nebo je me suis peut être mal exprimé. Je voulais ici continuer une conversation et affirmer mon attitude, mais pas attaquer votre style ou vos idées. Notre accroche passée s'est pour ma part terminée sur ce mot que je vous ai écris "vous n'êtes pas le connard que j'ai cru combattre" et je le pense encore aujourd'hui, alors n'imaginez pas que je vois en vous une montagne d'intolérance. Vous m'avez apporté un certain recul par rapport à mon milieu habituel artistico-gaucho (parfois un brin facho), je ne peux que vous en remercier.
Impossible de m'étendre sur ce que vous m'écrivez ici sous peine de nous voir tous deux perdre du temps sans parvenir au moindre accord (pour moi l'homme n'est pas à l'image de dieu mais à celle du singe, et les lois fondamentales leurs sont communes)
j'aurai cependant plaisir à relire cette petite "leçon de choses" et, sait-on jamais, peut être que j'en viendrai un jour aux mêmes conclusions.
Portez vous bien Nebo, et à bientôt.

Écrit par : raf | 24/06/2007

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