16/10/2008
Corne d'Abondance...
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Royauté de l’amour. Impossibilité de dire la trame profonde de cette miraculeuse occurrence. Le monde contribue à l’amoindrir dans le temps par le goût du déclin qu’il lui infuse, le chargeant de mille préoccupations qui ne sont pas de son Royaume. La peur s’installe. Le doute. Lente pourriture. Gangrène. On ne sait plus regarder l’Autre, beau reflet pourtant tangible. Le démon s’y installe et agite ses crécelles. L’éloignement s’établit. La chair devient tiède, puis se refroidit. Un cirque en plein milieu des marécages. Mais l’amour pourrait être fou et sans douleur. Une adoration sublime. Tout au bord du précipice se tient la citadelle imprenable où s’élabore le jeu des amants mutins. Délice de cette retraite, vase clos ouvert — de l’intérieur — vers l’infini que refuse le monde. Abondance y est maîtresse. Délices et compréhension. Profusion souveraine de l’intelligence mobile. Hauteur des mots. Souffles haletants.
« CORNE D’ABONDANCE
Ô BELLE corne, d’où
penchée vers notre attente ?
Qui n’êtes qu’une pente
en calice, déversez-vous !
Des fleurs, des fleurs, des fleurs,
qui, en tombant font un lit
aux bondissantes rondeurs
de tant de fruits accomplis !
Et tout cela sans fin
nous attaque et s’élance,
pour punir l’insuffisance
de notre cœur déjà plein.
Ô corne trop vaste, quel
miracle par vous se donne !
Ô cor de chasse, qui sonne
des choses, au souffle du ciel ! »
07:00 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (3) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Votre écriture est très belle, merci.
Écrit par : Valérie | 16/10/2008
Corne de licorne invisible,
Corne du pâtre au matin clair ;
Cornes de l'escargot des vignes,
Corne d'or et corne d'argent,
Corne des cieux qu'on nomme "lune" ;
Gidouille des rois de Pologne,
Gidouille tombant en quenouille ;
Sainte gidouille sans phlyctène,
Gidouillon du pot à moka,
Vies des saints du mois de gidouille.
Écrit par : Cochonfucius | 13/12/2013
Cinq ans après quelqu'un réagit sur cette page où j'ai laissé une trace. Curieux charme de la toile.
Plaisir de relire les ligne de votre introduction au poème de Rilke que j'avais oubliées. Et amusement au poème de Cochonfucius.
"On ne sait plus regarder l’Autre, beau reflet pourtant tangible. Le démon s’y installe et agite ses crécelles. L’éloignement s’établit. La chair devient tiède, puis se refroidit. Un cirque en plein milieu des marécages."
C'est drôle, mais j'ai vécu cela. Cela s'est inscrit dans mon ventre et ma mémoire depuis mon commentaire d'il y a cinq ans. J'ai grandi depuis. Ce que vous avez écrit là n'est pas seulement beau. C'est vrai. Et c'est tangible pour reprendre votre terme.
Écrit par : Valérie | 13/12/2013
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