11/03/2009
Crossroad
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Que j’aimerais pouvoir à nouveau sculpter une belle suite d’accords, y peindre simplement une jolie mélodie, pouvoir à nouveau caresser des cœurs, toucher des âmes avec mes parfums d’essences florales ou de souffre et d’acide. Et dire avec mes mots le dédale de mes errances joyeuses ou suppliantes. Ma quête de clochard céleste.
« Quarante-quatre ans c’est l’âge de la vitesse de croisière. Vous devez avoir donné l’impulsion maximale pour vous désorbiter, et à la mi-quarantaine être en mesure de considérer la vieillesse, et la mort qui lui est corollaire, pente sur laquelle vous êtes désormais sur le point de basculer, si ce n’est déjà fait, comme la plus grande chose qui puisse vous arriver. »
Maurice G. Dantec, Le Théâtre des opérations 2002-2006. American Black Box
Je suis là, à bientôt 44 ans, à tourner sur moi-même devant le vide du ciel, ou son trop plein que je n’arrive pas à appréhender avec l’assurance nécessaire. Certains jours un Appel se fait entendre qui me tire vers le précipice de la Foi, là où il est probablement indispensable de la mettre en abime. Et je perds pieds au quotidien face au gouffre. Comprends-tu ami lecteur ? Dans le même livre de Maurice G. Dantec, American Black Box, l’auteur écrit :
« L’an dernier, ma slavophilie menaça de tout emporter dans une conversion à l’Orthodoxie russe.
Mais un certain nombre de lectures, dont les Pères de l’Église, et de nouveau Léon Bloy finirent par consolider une position éminemment centrale. Alors que je me rendais à Paris, ce printemps, le 18 mars, la veille de l’attaque américaine en Irak (comme en 1999, lorsque la sortie de Babylon Babies coïncida avec l’opération aérienne au Kosovo), je savais que ce séjour serait le déterminant actif, celui par qui la décision finale, sans doute, se jouerait.
Ce n’est pas de la superstition. C’était l’évidence.
À tel point que même devant les marchands du temple, vendeurs de saucisses et de T-shirts, entassés sur le parvis millénaire de Notre-Dame, je ne pus m’empêcher de pénétrer en la sainte cathédrale à la suite d’une horde de touristes à Caméscope, puis, cherchant un peu de solitude à l’abri d’un pilier de l’allée, je me mis à écouter la messe, à proximité d’une petite communauté de fidèles, absolument inattentifs au cirque touristico-digital-polaroïd qui me promenait un peu partout, en short ! (Il n’y a pas pire salissure, selon moi, qu’un touriste en short dans une église, à l’exception d’une bande de soudards enivrés, ou de sans-culottes instruits de haute philosophie.)
Mais, comme j’aurai l’occasion d’y revenir plus loin, si à mon retour la décision était prise, baptême catholique sans plus tarder et donc catéchuménat, je n’étais pas au bout de mes peines.
À ceux qui me lisent et qui sont déjà baptisés, qu’ils s’en foutent ou qu’ils croient, peu importe : en fait ils sont sauvés.
Mais moi, moi qui veux rejoindre l’Église, dans la terrible clarté d’un acte adulte, je la vois comme s’enfuir loin de moi. À chaque fois que je fais un pas dans sa direction, elle en fait deux dans celle opposée.
Le baptême, nécessité impérieuse, folle, inexpugnable, et parfois comme quasi impossible. »
La catholicité mise à part, moi étant plutôt tenté par l’église orthodoxe par pure serbité en premier lieu et par désaccord avec le « filioque » également, je suis dans une phase de ce type aussi, probablement à un degré moindre car au moment où Dantec écrit ces lignes il a prit des décisions de catéchisme et de volonté dévotionnelle à sa mesure, ce qui n’est pas mon cas encore.
07:14 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Très cher Nebo,
Je serai heureux que vous entriez en Chrétienté je peux vous l'avouer. C'est aussi une décision que j'ai prise (baptême catholique pour ma part) mais justement d'avoir pris cette décision ouvre un gouffre entre sa réalisation et moi (trouver un prêtre vraiment habité par la foi, une Eglise que je sente tendre amoureusement vers le Ciel, la paroisse qui accueillera la brebis égarée simplement, à la pleine mesure - humble - de cet appel tremblant que j'ai ressenti)
Je ne parle pas trop de l'accueil qui sera réservé à cette décision dans mon entourage (la branche juive de ma famille par exemple, les proches athées qui m'ont connu tel et anarchiste proclamé, parfois même des amis catholiques doutent de la voie empruntée - le tremblement mystique, pas assez "ici et maintenant"...)
Enfin quand nous répondrons à l'appel que ce sera beau!
A bientôt Nebo,
Tanguy
Écrit par : tanguy | 11/03/2009
Mode vieux con (de 30 piges)/gardien de la grande muraille (expression d'un ami justicier):
"croisée des chemins" c'est beaucoup plus biau!!!!
Écrit par : tanguy | 11/03/2009
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