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07/03/2009

Oui

=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=

 

Tous mes échecs, mes rêves perdus, mes défaites au goût de sel. Toutes mes piètres souffrances face au trou noir du monde. Et mes délices, aussi, sous le dôme oculaire du ciel. Je suis prêt, oui, à les revivre, comme un nécessaire et joyeux redéploiement. Je suis prêt, oui, à dire « oui ». 

J’écris tout ça la sueur au front, moi même porté par l’oblat de mon acte qui me fait oublier que vivre est peut-être un malentendu. Suis-je moi, ou l’autre ? Celui qui parle tel un druide ? Celui qui s’anéanti entre ces quatre murs pour accéder à la part manquante ? Vivre, ne serait-ce plutôt — surement — une lumineuse nécessité ? Tenir tête au vertige et prendre place dans la spirale comme on prendrait place dans un manège de foire ? J’écris, certes, pour guérir. J’écris aussi pour les hommes… j’écris pour les femmes. Je veux dire pour la vision saisissante que m’envoie la Femme. Seigneur, je pourrais dire que j’écris ces lignes tortueuses comme des chemins de traverse, avec l’abîme au bout de la bouche, ou plutôt l’abîme m’enserrant le cœur, les entrailles dans sa main de fer noir. J’écris pour toutes les saintes, les salopes, les amantes, les mères, les sœurs, les douces les tendres amies, les dévergondées et les putains, toutes les suceuses de queues qui nous abreuvent de leurs sucs, leurs parfums de crèmes ou de sueurs, leurs purifications menstruelles ou leurs pertes blanches, leurs sèves saines ou nauséabondes, nous soulèvent dans les airs où nous piétinent, mais finissent toujours par bruler nos cervelles à la lueur de leurs bougies en nous enfonçant des aiguilles dans la moelle épinière comme dans des poupées en terre vaudou. On se retrouve alors vidés, livides, la bite pantelante, en descente sur l’Orénoque, ou alors grandis, jouisseurs et forts comme la mort et même plus. En partance pour les sentiers anciens, celle que raconte John Lee Hooker dans ses blues humides, la guitare désaccordée, le bourbon suintant  sa tourbe aux commissures de ses lèvres ; celle que raconte Jim Morrison dans Soul Kitchen ou The End, Wagner dans Tristan et Yseult… où le Seigneur Dieu lui-même dès les premières pages de la Genèse. C’est une histoire de damnation, de foyer perdu, d’enfance soudoyée, de crime et d’inceste, où l’amour et la haine, la paix et la violence sont les deux extrémités d’une même pièce qui se conjugue toujours en simultané !

 

 

 

11:05 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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