14/08/2009
Au milieu du péril
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
A tous ces chrétiens haineux et donneurs de leçons.
« Le miracle de l’amour, c’est d’être debout dans la nuit, plein de silence dans le fracas de l’insignifiance, plein de louange au milieu de la haine. »
Christiane Singer, Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
A la fenêtre du salon. Je fume et je regarde dans le vide. Grande légèreté intérieure malgré la vie qui me pèse. Des soucis de père, des inquiétudes de mari, des questions de fils.
Apprentissage. Jeté dans l’arène à tenir tête à un taureau au souffle brûlant aux yeux exorbités et à la bave fiévreuse.
Et le temps qui passe, menace et soumet.
Il faut affiner ses perceptions. Regarder et sentir le monde par tous les pores de la peau, capter le moindre frémissement susceptible de nous révéler quelque vérité insoupçonnée. La vie se doit d’être un changement perpétuel, mais avec une constance forte et affirmée. A la faveur des métamorphoses et mutations, les transformations apportent la purification, on élimine les tensions, les inhibitions, les raideurs pour gagner en souplesse, en fluidité afin que la liberté d’action devienne une obéissance joyeuse aux moindres sollicitations du devenir. Viennent alors les moments brûlants de la félicité, de la jubilation. Vient, alors, l’extase dans l’œil du cyclone. On se sent arraché à la mort, hors du temps, plongé dans une surabondance de vie où coule à flots un amour capable d’embraser le monde en l’embrassant. Un amour apte à tout comprendre.
Une jeune femme me reproche de n’être pas assez impliqué, trop détaché, flegmatique. La liberté, le refus de soumission dérange. Il est difficile de trouver quelqu’un qui ne fera que la chose essentielle : savourer l’instant, dans la bonne distance avec tout, et savourer, simplement, le miracle d’être. Pourtant je passe mon temps à la pousser à se délester des poids, considérables, qui l’empêchent de déployer ses ailes à leur juste mesure.
« Un jour, ce qu’il y a au monde de plus silencieux et de plus léger est venu à moi. »
Friedrich Nietzsche
Je songe à Bloy, encore, en tombant sur ce passage de Philippe Sollers, dans son livre Illuminations : « Le poète est un prophète en musique. Un prophète du beau et de la vérité. Plus il est grand, plus il est allé loin dans la vérité du langage, et plus il aura lutté pour le langage de la vérité. »
Et je songe encore à Bloy quand il cherche à équilibrer constamment sa lecture du Saint Livre en dévoilant l’éternelle confrontation entre Abel et Caïn qui se reproduit dans toute la textuelle de la Torah puis des Evangiles comme un programme mis en place depuis le commencement des commencements (certains kabbalistes affirment qu’avant même le premier jour, avant même la chute et l’exil dus au serpent, le côté droit et le côté gauche de Dieu se sont affronté en des prémisses an-historiques), je songe, à Bloy et à sa compréhension affectueuse du mystère d’Israël, dans la joute qu’il met en scène avec un verbe fulgurant entre le peuple juif perçu comme abomination et à la fois comme bénédiction, toutes deux inclusives du reste du genre humain, lorsque je lis ces vers de Friedrich Hölderlin :
« Tout proche
Et difficile à saisir, le dieu !
Mais au lieux du péril croît
Aussi ce qui sauve. »
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Commentaires
« Et pour tout ça, le silence. »
Écrit par : sandgirl | 14/08/2009
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