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16/11/2009

HUMBLE PIE "Street rat " (Steve Marriott) - 1975

=--=Publié dans la Catégorie "La Chanson du Jour, par The Reverend..."=--=

podcast

"Le studio était booké jour et nuit et on était supposé arriver tous les soirs à sept heures. Vers neuf heures, les membres de Humble Pie débarquaient de leurs manoirs rock'n’roll dans l’Essex, mails ils ne foutaient rien tant qu’ils n’avaient pas passé commande et reçu un peu de coke trop coupée. Leur capacité d’attention était inexistante. Steve s’ennuyait dès les premières notes de chaque chanson jouée pour la première fois, boudant comme un cocker cokney coké sans son os…..Il était au sommet de sa défonce paranoïaque autodestructrice. "

C’est Andrew Loog Oldham, qui parle ainsi de l’enregistrement de l’album " Street rats " de Humble Pie, en 1974, et dont il était chargé de la « production ».
Tel quel, ça parait dur et cruel, mais c’est simplement la vérité : Steve Marriott n’avait ni l'envie, ni la force de faire cet album. Fatigué, usé, consumé. Des années de tournées infernales aux Etats-Unis, à jouer un rock de plus en plus heavy, de plus en plus dur.
Parce que c’était ça, la recette du succès : plus vite, plus fort, plus longtemps.
Et tant pis s’il faut prendre ce qu’il faut pour tenir le coup, et aussi pour redescendre, ensuite. Mais lui n’en voulait plus : il avait un projet solo déja bien entamé avec son bassiste, Greg Ridley, et c’est ça qui l’excitait.

Oldham confirme : Les sons que Steve et Greg avaient conçus pour leur projet désormais intitulé "Joint Effort " étaient plus frais, plus vivants et franchement meilleurs que tout ce qu’on a produit chez Olympic pour Humble Pie.
Les bases des morceaux qu’on a enregistrées étaient des plagiats note pour note de chansons des Beatles : " Paperback writer ", " Rain ", " We can work it out ". En gros, Steve  essayait de copier John et Paul avec juste assez de variations sur la mélodie et de verbiage en patois cockney déclamé façon James Brown pour faire illusion.

La maison de disques (A&M), elle, voulait encore et toujours du Humble Pie. Et ce fut là le boulot ingrat d’Oldham : se retrouver devant un groupe qui n’existait quasiment plus, avec un leader revenu de tout obligé malgré lui d’assurer un contrat. Et il y mit toute la mauvaise volonté du monde.
L’album " Street Rats " est tout de même sorti en 1975 et n’a pas atteint le top 100, assez injustement d’ailleurs, puisque Oldham réussit tout de même à tirer quelque chose de ces séances orageuses. Dans son bouquin, il écrit : Je l’ai laissé récupérer "Paperback Writer" pour en faire "Street rat"...
Et on se dit qu’il a bien fait.
Parce que là, effectivement, ça remue. Et pour l'heure c'est le verbe français qui me semble le mieux traduire la sensation de groove qu'évoque ce morceau. De la blue eyed soul, une dernière fois. Pour le reste, tout est dans l’arrogance du titre et la manière dont Marriott crache les paroles. La messe est dite.

Et pour finir, la parole à Mr Oldham, encore :

La dernière fois que j’ai vu Steve Marriott – avant qu’il meure dans un incendie idiot en 1991, en s’endormant sur un mégot allumé – c’était en 1988. Nous sommes descendus au club Dingwalls à l’arrière de Camden Lock pour voir un concert de Stevie avec son groupe. Il avait été star et n’en voulait plus. Il se contentait volontiers de concerts en pub et en club, et n’avait pas envie de retenter l’affaire. Il savait que ça allait le tuer. Il avait pris du poids, perdu des cheveux et avait trouver le temps de s’arrêter pour respirer et se faire du bien. Quand je l’ai pris dans mes bras, j’ai ressenti que l’homme avait du souffle et de la chair et qu’il était dans un état de santé bien meilleur que le petit flacon de coke surtendu qu’il avait été quand il y croyait encore. Il savait toujours jouer et chanter avec le don que Dieu lui avait fait, et il le faisait désormais sans souffrance.

 

Philippe "The Reverend" Nicole (Bassiste-chanteur des défunts King Size et, actuellement, bassiste chez Peter Night Soul Deliverance et chez Margerin)...

 

07:00 Publié dans La Chanson du Jour, par The Reverend. | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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