29/04/2010
Le Don de l'Inquiétude
=--=Publié dans la Catégorie "Humeurs Littéraires..."=--=
Est-ce que j’adhère à ma pratique ? Je n’ose pas m’avouer à moi-même que je suis de la même chair que tous ceux qui m’ont marqué en tant qu’artistes ? Cela paraîtrait orgueilleux malgré toute mon humilité. Au rasoir je déplie les chairs sous l’épiderme. J’y vois des univers.
Quand le rêve se déploie, Nombres et Chiffres s’exclament silencieusement. L’Infini tisse ses variations sans limites, formes changeantes et immuables. Ondes intérieures. Luminosités. Rythmes. Et tout est là-bas, ailleurs, en dehors et en dedans.
Aussi, ceci : les eaux vertes intérieures, nauséabondes, dans la fosse septique où nous amassons nos merdes psychiques et où personne n’ose aller voir. Méfiance. Une merde de trop et ça déborde. Par tous les trous : du nez, des oreilles, des yeux, de la bouche et ça pisse et ça chie, d’étranges ectoplasmes auto-construits par des mois et des années de tassages autoritaires, d’étouffements abusifs. Je songe à ce film, « Soudain l’été dernier ». Je songe, également, à leur tenir tête à tous. Parfois je suis sur la limite des limites, m’invitant presque à l’abolition de tout impératif moral. Rendre tout permis. Les incendier tous. Je suis épuisé par une pénible affection qui vient de ses eaux vertes intérieures. J’ai poussé ma quête dans ses ultimes retranchements en l’état actuel de choses. J’ai parfois un visage livide, morbide, proche de la démence. Un sourire parvient à l’éclairer un court instant.
Enfant j’ai été un rêveur malheureux. Adolescent je devins résolu. Adulte : disparues mes belles résolutions.
La Vie, je l’ai célébrée. Elle m’a éreinté et affaibli. Mais je ne suis pas fini encore. Il faudrait qu’elle m’achève.
Il ne faut rien dompter. Apprivoiser plutôt.
Il y a une joie de vivre à communiquer...à offrir en partage. Même si la situation semble désespérée. Sollers dirait : « mon propos est le suivant : je cherche le bonheur sur fond noir »...
Le système n'attend que ça de nous,(C'est mon avis) : que nous désespérions suffisamment pour rester tranquilles et être, du coup, facilement manipulables. Être heureux, aujourd'hui, avec des choses simples (un repas fraternel, l'amour de la Culture, un air de musique, jouer avec des enfants, faire vraiment l'amour, se promener au bord de la mer, croquer des raisins, caresser un chat, donner les miettes de la table aux oiseaux, voyager, rire à flanc de montagne, fumer un bon joint, boire un Sauternes Glacé, faire les bouquinistes, dialoguer, etc...) être heureux aujourd'hui, disais-je, c'est un acte de Révolte. C'est tout le contraire « d'être RE » comme dit la publicité du Club Med'... C'est se contenter de ce qu'on a, tenter de l'améliorer en prenant date avec soi-même, ne pas s'apitoyer sur son sort…et c'est TRÈS DIFFICILE À APPLIQUER! Mais, avec le temps, j'y arrive de plus en plus. C'est une affaire d'équilibre et l'équilibre ne s'obtient qu'avec le temps.
Les hurlements de Nietzsche ont traversé tout le 20ème Siècle. Massacres. Sang. Horreur. Négation du corps jusque dans sa pseudo-libération. Mise en troupeau du bétail humain. Règne de plus en plus évident de la médiocrité. Planification et normalisation en cours. Tout part en couilles !
On s’en sortira ! On est condamnés à s’en sortir.
« Je suis tourné vers ceux qui portent le don de l'inquiétude et je crie vers eux. » Pierre Drieu la Rochelle
09:54 Publié dans Humeurs Littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Vous semblez avoir 1000 ans.
Écrit par : Sébastopol | 29/04/2010
"être heureux aujourd'hui, disais-je, c'est un acte de Révolte."
Tiens! c'est vraiment la chose la plus futée lue aujourd'hui. Je n'aime pas du tout le terme de réactionnaire ou rebelle que je trouve souvent emphatique et un peu ridicule chez bien des gens, mais si être heureux devient une forme de réaction, alors je veux "en être".
Écrit par : la crevette | 02/05/2010
Les commentaires sont fermés.