Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/03/2011

Peuple mou

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

« Peuple mou, peuple de suicidés, à l'art triste, aux plaisirs noirs, malgré tant de dons du ciel et de la terre ; triomphe de la canaille, démagogie, "droit des poux de manger les lions", grèves, sociétés secrètes, élections truquées, déficits budgétaires, et ce palais : un claque-dent. »

Paul Morand, Lorenzaccio ou le retour du proscrit, in L'Europe galante, 1925

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Avec un peu de retard, voici la reproduction de mon article du 28 février sur Facebook :

"POURQUOI IL FAUT DÉPASSER LE CLIVAGE DROITE/GAUCHE".

Je l'ai abondamment grasseyé, souligné, italicisé sur FB pour qu'il soit plus lisible, mais ça ne passe pas ici.

L'article et les 73 commentaires (dont mes réponses) qu'il a suscité se trouvent sur ma page Facebook, qui est largement ouverte sur l'extérieur, il me semble -- dites-moi si ça ne s'affiche pas.
http://www.facebook.com/note.php?note_id=10150100449344624

Et puis vos commentaires, objections, questions sont évidemment les bienvenus. Il faut fourbir nos armes ! :))

==================================
« Dépasser le clivage droite/gauche, c’est très tendance », m’as-t-on répondu récemment sur un fil de discussion auquel je participais après que j'ai mentionné cet impératif à mes yeux (inspiré notamment par les analyses de Marcel Gauchet, qui n'a pas voulu ou pu lui-même aller jusqu'à cette conclusion alors qu'il fournit de façon très pertinente et très franche les arguments pour le défendre [cf. notamment, « Le Débat » n°156, septembre-octobre 2011 et mon article « Gauche/Droite : Essai de typologie et de dépassement » qui le cite]). J’ai alors essayé de préciser ce que j’entendais pas là :

Si l’on colporte avec tant de constance que l’engagement à gauche est plus méritoire, c’est qu’il y a là une vérité à la base : s’employer à penser un peu plus à gauche que l’on penserait naturellement, c’est prendre plus les intérêts de l’autre en compte et cela favorise le « faire société ». D’où la propension de ceux qui s’y attachent d’eux-mêmes à engager les autres à se comporter de la même manière. Mais au bout de 2 siècles de ce régime, sans rénovation ni amélioration pédagogique de ce discours, il nous reste surtout la « lettre », l’injonction moralisante, devenue monstrueuse (et servant une symbolique identitaire dégradée), d’une partie de la population sur une autre. La polarisation sur cet enjeu moral est désormais tellement forte que tous les débats en sont peu ou prou dénaturés, et que les enjeux et solutions éventuelles en sont obscurcis.

Or, si l’on veut placer le débat sur le plan moral, je tiens pour ma part pour évident que tout engagement politique, quel qu’il soit, emporte en soi une part de noblesse. Avoir une action politique, c’est se soucier de la cité, c’est ne pas craindre de s’exposer en affichant ses idées, c’est prendre de son temps pour défendre la conception que l’on a du vivre-ensemble, bref, c’est nécessairement être animé d’une bonne intention au moins partielle. À mon sens, cette vision résumée vaut, dans notre pays, pour tout engagement qui n’ait pas recours à des actions illégales, donc vaut par exemple pour l’engagement au FN ou au NPA sous cette réserve-là. Cette attitude résolument citoyenne de tout militant politique me semble largement suffisante pour valoir un crédit moral au moins a minima qui permette d’évacuer cette injonction préalable devenu insupportable.

Du reste, quelle justification et quelle légitimité y a-t-il à faire passer tout acteur politique ou citoyen « à la question » ? Qui prétend devancer la pesée de l’âme du jugement dernier, à la mort de chacun, ou le jugement de la postérité, et à quel titre ? Quand je propose que l’on dépasse le clivage gauche/droite, c’est surtout pour dire qu’il est urgent d’en finir avec cette question préalable oiseuse qui mobilise beaucoup trop l’attention, qui l’obnubile et la détourne des réflexions constructives. Discutons chaque idée pour ce qu’elle vaut, chaque enjeu avec l’esprit non pollué par cette polarisation ; pour contester les idées de ceux qui nous paraissent fourvoyés, par exemple au FN ou au NPA, contre-argumentons sur le fond et laissons au vestiaire la très mauvaise idée de disqualifier l’interlocuteur sous prétexte de supériorité morale – qui reste d’ailleurs à prouver. Nous y gagnerons plus de débats de fond, plus de clarté dans les enjeux, probablement plus de solutions pragmatiques et plus de pédagogie bénéficiant à tous.

Alors à titre accessoire, pour appuyer cette invitation s’appuyant sur l’argumentation morale, il ne me semble pas inutile d’en profiter pour actualiser les discours sur le fond et d’inviter aussi à constater que nous portons désormais tous de la gauche et de la droite en nous (au dossier, ce matin [mardi 22 février], ceci : http://www.liberation.fr/economie/01012321448-cegetiste-et-candidat-fn-une-casquette-de-trop). On fera ainsi valoir que ce dont il s’agit désormais, dans une phase de mise au point plus fine de la social-démocratie ayant convaincu quasiment tout le monde, et ce dont il importe de débattre, c’est la synthèse particulière de ce mélange de meilleures idées de droite et de gauche, qui est UNE solution possible du puzzle que constitue la juxtaposition de pièces très nombreuses et désormais prélevées librement par les uns et les autres dans les godets « Gauche » et « Droite », à juger non pas uniquement selon la coloration d’origine de chaque type de mesure, mais aussi en fonction de leur cohérence et des progrès effectifs qu’elles permettent.

Voilà, en aussi peu de mots qu’il m’est possible, comment j’argumente ma proposition, qui est « tendance » au sens où elle me semble aller dans le sens de l’histoire, oui, mais pas au sens où il s’agirait d’une idée entendue ici, répétée là, et reproduite par moi de façon un peu écervelée comme vous sembliez l’entendre. :)
==================================

Écrit par : Lionel Lumbroso | 04/03/2011

Les commentaires sont fermés.