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10/03/2011

Frank Zappa, le conservateur pragmatique

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

 

"Dans son autobiographie, Zappa consacre un chapitre à ses vues théoriques et pratiques sur la musique… et quatre chapitres à la vie politique des États-Unis d’Amérique. Il plaide notamment pour une nette séparation de l’Église et de l’État (que prévoit d’ailleurs la constitution des Etats-Unis) ainsi que pour une réforme de la fiscalité, de l’éducation, de la défense et de la politique étrangère de manière à éliminer les passe-droits des plus riches, à gérer le bien commun de manière rationnelle et à réduire le poids de l’État sur les citoyens.
Paradoxalement, il refuse d’adhérer à quelque structure collective que ce soit, qu’il s’agisse d’une formation politique ou d’une association professionnelle de musiciens. « Si Zappa émet une critique radicale de la société américaine, il ne prône aucune révolution et n’adhère à aucun projet politique, souligne Marc-André Gagnon, un essayiste québécois. Il ne cherche qu’à résister aux restrictions que la norme sociale tente d’imposer à sa liberté de composer.(16) »
L’universitaire américain Kelly Fisher Lowe ajoute : « Zappa était la quintessence du petit homme d’affaires quasilibertarien . Il a le sentiment que le rôle de l’État est de créer un espace où tout le monde (dans son cas, l’artiste) puisse être libre de faire ce dont il a envie (dans son cas, créer).(17) » Zappa est sans aucun doute un nihiliste, ce qui ne l’empêche pas de croire sincèrement à l’american dream : il est convaincu qu’un travail passionné, intègre et soutenu finira par porter ses fruits, surtout s’il n’est pas entravé par de grandes organisations qui contrôlent le marché.(18)
Dans le contexte nord-américain, la pensée politique de Zappa est assez singulière. Bien qu’il se montre sensible à certains idéaux de gauche, il se comporte de manière très individualiste. Comme bien des Américains, il se méfie instinctivement de l’État, mais il redoute aussi (et ici sa pensée est plus originale) le pouvoir des grandes entreprises, notamment des multinationales du divertissement. Son système politico-économique de prédilection, qu’il qualifie de « conservatisme pragmatique », repose sur la cellule familiale et de petites entreprises indépendantes encadrées par un État-nation aussi discret, rationnel et efficace que possible, exempt de toute trace d’idéologie.
Zappa plaide en fait pour la réconciliation de ce qui, aux Etats-Unis, appartient aux extrêmes : la liberté de l’individu, qui doit demeurer inaliénable (« je crois que les gens ont le droit de décider de leur destin. Un être s’appartient »(19)), et la justice sociale. « Une nation n’est réellement puissante que lorsque tout le monde récolte une part du gâteau. Je dis bien : tout le monde », souligne-t-il en 1988 à propos de l’économie de son pays. (20)

16. Marc-André Gagnon, « Frank Zappa : un intellectuel ‘’spécifique’’ », Conjonctures n°29, Montréal, printemps-été 1999, p. 140.
17. Kelly Fisher Lowe, op. cit., p.88.
18. Sur l’american dream et Zappa, voir Kelly Fisher Lowe, ibid.., p. 13 et suivantes.
19. Frank Zappa, Peter Occhiogrosso, op. cit., p. 344.
20. Ibid, p. 336

« Le petit wazoo, initiation rapide, efficace et sans douleur à l’œuvre de Frank Zappa » Jean-Sébastien Marsan

 

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Commentaires

Paradoxalement, il refuse d’adhérer à quelque structure collective que ce soit, qu’il s’agisse d’une formation politique ou d’une association professionnelle de musiciens. « Si Zappa émet une critique radicale de la société américaine, il ne prône aucune révolution et n’adhère à aucun projet politique.

Écrit par : thomasson | 12/03/2011

Certes... mais donc ?

Écrit par : Nebo | 12/03/2011

thomasson suppute peut-être que vous souhaitez récupérer Zappa pour un projet politique ?

Écrit par : Rex | 12/03/2011

Je n'ai aucun projet politique... moi, je suis un modeste poète.

Écrit par : Nebo | 12/03/2011

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