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28/03/2011

Insurrection de l'Esprit !

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

« Il est absurde de prétendre libérer ce monde par une révolution économique. L'organisation économique du monde est admirablement logique et cohérente, dès qu'on raisonne en économiste, c'est-à-dire sans tenir compte des valeurs morales impossibles à chiffrer. Pour venir à bout du système, il faudrait une révolution spirituelle analogue à celle d'il y a deux mille ans, je veux dire une nouvelle explosion des forces spirituelles dans le monde. Il faudrait d'abord et avant tout respiritualiser l'homme. Pour une telle tâche, il est temps, il est grandement temps de mobiliser en hâte, coûte que coûte, toutes les forces de l'esprit. Dieu veuille que ce mot d'ordre parte de mon pays aujourd'hui humilié, Dieu veuille que la France donne au monde ce message qu'il attend, et qui sonnera partout le signal de l'insurrection de l'Esprit ! »

Georges Bernanos, L'insurrection de l'Esprit


23:07 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

C'est intéressant de voir combien, au fond, ce texte est proche d' Heidegger, de l'Heidegger du "retrait de l'Etre"; celui de "La dévastation et l'attente" (texte peut être aussi important qu'Etre et temps, voire celui qui est absolument essentiel à mes yeux, "L'origine de l'œuvre d'art." Il parait que d'autres dialogues heideggeriens attendent la traduction. Ce qui pourrait permettre une nouvelle vie de la pensée du maître, la lecture en est plus aisée.

En tous cas, du Bernanos de "La France contre les robots" à "L'époque des conceptions du monde", que de rapports! Et jamais je ne pense, sans plonger dans une méditation profonde, à la réponse de Dieu à Moïse l'interrogeant sur son identité.Et Dieu de répondre : "Je suis celui qui EST" (ou "je suis ce que je suis, faut aussi que je regarde !Chouraqui : ah, :"L'Elohim de vos pères m'a envoyé vers vous.Ils me disent : quel est son nom?que leur dirai-je? -Ehié ashe èhiè "je serai qui je serai" (un futur tiens) Il dit : ainsi tu diras au *beni israël, je serai, èhié". bon, je sais qu'on a discuté, parait-il avec parfois d'excellente raison la trad Chouraqui. Pas le courage de chercher ma Lemaistre de Sacy ce soir ) , enfin toute paroles que j'entends in essentia comme "je suis l'Etre". Cela fait fort longtemps, dès mes débuts en terre Heidegger, que ce dialogue m'a frappé et surtout, évidemment, la réponse de Dieu. Quelle ne fut pas ma joie d'apprendre que lors d'un des derniers séminaires français d'Heidegger, Ricoeur himself lui avait précisément posé cette même question, lui avait fait remarquer cette parole du Seigneur qui l'identifie à l'Etre. Malheureusement, Heidegger se renfrogna sévère et ne répondit...RIEN.
Je pense que l'anti chrétien en lui était profondément gêné. Après tout, la religion l'avait précédé de 3 à 4000 ans si pas plus... (j'avoue que d'apprendre que Ricoeur même n'hésitait pas à faire un rapprochement que je n'osais faire qu'en tremblant quant à ma téméraire ignorance, me taxant d'infâme cuistre se mêlant de choses qui le dépassent, et bien cela m'a fait quelque bien. surtout qu'à des niveaux moins hauts j'ai déjà eu quelques confirmations d'idées ainsi soupesées légèrement, si je puis m'exprimer ainsi^^. Depuis, et définitivement cette fois, sans tomber pour autant dans le trissotinisme intégral, je me fais un peu plus confiance!

Always a pleasure N& I, wanderer in the snowy grounds.

Écrit par : Restif | 29/03/2011

Avé Restif...

Moi ce qui me fascine jusqu'à l'obsession bien souvent c'est comment des personnages comme Heidegger et Nietzsche, tout anti-chrétiens qu'ils s'affirmaient, parviennent à nourrir la pensée chrétienne elle-même. Après tout Nietzsche fut destiné à être pasteur et il a suivi les cours en question avant de découvrir Schopenhauer et d'envoyer valdinguer tout ça. Quant à Heidy... ^^... n'a-t-il pas commencé par la théologie et la scolastique ? J'ai du mal à croire que de s'être intéressé, avant "Être et Temps", avec un grand sérieux (cours dispensé à ses élèves) à Saint Augustin, Angelus Silesius, Sainte Thérèse d'Avila, Maître Eckhart, Saint Bernard et Saint Paul, n'ait pas laissé de traces par la suite dans sa philosophie personnelle. Tu crois pas ? ^^

Son grand silence sur des sujets comme celui-là me semble bien plus criant que voilé... ^^

Et puis il faudrait, tout géniaux que furent ces grands explorateurs de l'Esprit, qu'ils reconnaissent qu'ils ne font que redécouvrir simplement ce QUI EST et qu'ils ne font que les affubler de notions nouvelles ce qui leur donne un aspect de nouveauté !

Le plus fort, tout de même, c'est notre gueule de caméléon nationale, Sartre, qui n'a fait ni plus ni moins que pomper Heidy et rabaisser son ontologie au stade de la lutte des clâââsseuh et de l'activisme politique en se trompant, en plus, sur toute la ligne et en ne clamant qu'une seule chose (qui a fait tant de dégât chez de nombreuses jeunes personnes) : que la vie est absurde et qu'hors l'engagement communiste et révolutionnaire il n'y a guère d'issue. C'est beau de traiter Camus de salaud parc qu'il avait dit quelque vérité effective et de ne pas se voir aller traîner ses guêtres de petit bourgeois aux "Deux Magots", chez "Lipp" et au "Café de Flore" en se parant de vertu, en pratiquant l'exclusion et le massacre avec attaques ad hominem. Putain ! A quel point je les vomis, lui et son Castor... et pourtant j'ai beaucoup aimé "La Nausée".

Heidegger et Bernanos ont très bien compris quelque chose d'essentiel : l'Être a besoin d'être constamment "ouvert" pour se faire un nom, pour se faire une place, or la Technique moderne, robotique plus que simplement mécanique, soulage de certaines tâches (jusque dans l'horreur du massacre) mais elle a tendance à nous fermer aux autres, certes, mais surtout à nous-mêmes. C'est tout l'écart qui existe entre l'apostrophe du Langage en tant que communication technique (il en aurait des choses à dire à l'ère d'Internet Heidy...^^) et l'exhortation, la harangue du Langage, et l'écoute qu'on lui accorde, dans l'expérience du poète. Essentiel.

Toujours un plaisir aussi, Restif...

Écrit par : Nebo | 29/03/2011

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