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30/07/2011

La défiance et le soupçon

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

« La décomposition des solidarités locales traditionnelles ne menace pas seulement les bases anthropologiques de la résistance morale et culturelle au capitalisme. En sapant également les fondements relationnels de la confiance (tels qu'ils prennent habituellement leur source dans la triple obligation immémoriale de donner, recevoir et rendre) la logique libérale contribue tout autant à détruire ses propres murs porteurs, c'est-à-dire l'échange marchand et le contrat juridique. Dès que l'on se place sur le plan du simple calcul (et l'égoïste –ou l'économiste- n'en connaît pas d'autre) rien ne m'oblige plus, en effet, à tenir ma parole ou à respecter mes engagements (par exemple sur la qualité de la marchandise promise ou sur le fait que je ne me doperai pas), si j'ai acquis la certitude que nul ne s'en apercevra. A partir d'un certain seuil de désarticulation historique de "l'esprit du don" (matrice anthropologique de toute confiance réelle) c'est donc la défiance et le soupçon qui doivent logiquement prendre le relais. »

Jean-Claude Michéa, La Double Pensée

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (18) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

C'est difficile d'écrire un truc plus "hors-sol", c'est à dire autant coupé des réalités.

Écrit par : XP | 30/07/2011

MQichéa réussit à démontrer deux choses: c'est un vieil adolescent, un idéologue, qui fait partir sa réflexion de l'observation (c'est très bien) mais d'un monde qui n'existe pas, qui est le produit de son imagination.

D'abord, le monde marchand marche boucoup plus sur l'affect et l'affection que Michéa ne le croit... Qu'il essaye, pour voir, de se forger une réputation de crevard et de monter un restaurant... il verra combien il aura de client, combien de banques et de fournisseurs lui feront confiance... Derrière le verbiage savant, il y a un type que a dix sept ans d'age mental, qui a une fois pour toute séparé les altruistes et les commercants, sans avoir pris la peine de vérifier si dans la vraie vie, ca marche vraiment comme ça.

Dans le délire adolescent de Michéa, il y a ensuite le fonctionnaire empêché par son statut de faire du profit, et donc de facto altruiste et solidaire.

Last but not least, le boutonneux Michéa s'invente un monde d'avant qui aurait été bien plus que lu notre emprunt des valeurs de solidarité, de partage,

Ici, il ne mérite même pas une note de seize en âge mental, mais de quatorze.

L'essentiel n'est pas là: ce que nous apprend ce texte, c'est que Michéa est l'achètype de l'homme sans qualité, du matérialiste privé de sensibilité., inapte à la spiritualité... Il a donc besoin de repères.
C'est vrai que notre époque n'en offre pas beaucoup, et qu'elle est troublante pour les hommes sans qualités façon Michéa.

PS: Mon cher Nebo; il va de soit que c'est justement parce que j'ai beaucoup de sympathie pour toi que je me permet de commanter ce texte aussi librement.

Écrit par : XP | 30/07/2011

Oh, Nebo -comme il a eu l'occasion de me le dire, précisément au sujet d'un texte de Michea qui me faisait bramer comme cerf en rut dépourvu de biches - aime, au contraire de nos "adversaires" (contradicteurs idéologiques), à faire parler des voix qui ne sont pas dans son répertoire habituel ("répertoire" étant ici une facilité de langage). Hors de son paradigme dirons-nous sur un ton saliveux du léxème.
Michea est amusant de mettre sur le dos du méchant libéralisme capitaliste des tendances qui sont celles de l'homme même. Dans Plaute aussi les marchands volent sur la marchandise. Juvénal nous dépeint une humanité toute grouillante des défauts que pointent Michéa. Dans Les Milles et une nuit pas plus que dans nos Fabliaux on achète jamais chat en poche, et les hommes ne cessent d'essayer de se truander. Le Satiricon nous rappelle assez que dans la Rome de Néron le financier véreux à la Trimalcion n'était pas ce qui manquait. Oui, ce que dit XP est vrai, il a ce côté adolescent qui vient de découvrir la clé du monde. Le comique c'est que le MDEF est prêt à le payer pour animer ses colloques ...

Et bien entendu, XP voit juste également sur la nécessité de la confiance pour avoir du succès, autant pour le marchant que le petit entrepreneur. Sinon, si vous salopez le boulot ou dealez de la daube, ça se sait très vite.Le bouche à oreille, ben oui, c'est simple (trop pour un Michea) mais c'est comme ça que le monde marche.

Écrit par : Restif | 30/07/2011

Oui, Restif, c'est tout à fait ça... c'est XP qui ne suit pas ! ^^

Cela étant dit, je ne prends pour argent comptant ni un postulat, ni un autre... personne ne me persuadera que le collectivisme soit la seule solution à nos déboires ici-bas... de même, le Libéralisme, lorsqu'il ne devient qu'un outil qui consiste à faire de l'argent pour faire de l'argent (passionnant comme objectif de vie !) me laisse sur ma faim au niveau de son argumentation. D'ailleurs, les hommes qui ont atteint un certain seuil de richesse s'en aperçoivent eux-mêmes et oeuvrent pour faire "autre chose" de leur condition.

D'un autre côté... je suis persuadé que le Libéralisme tel qu'il est appliqué dans ses grandes lignes, avec ces frontières de plus en plus effacées, ces peuples de plus en plus mélangés et éteints, qui parvient à unifier la Planète là ou Staline et Hitler ont échoué, nous poussant vers ==>

UN PEUPLE : de consommateur et de Producteur
UN REICH : le Village Mondial
UN GUIDE : la Haute Finance

==> et bien je trouve qu'on se retrouve face à une torsion schizophrénique qui génère de la contradiction chez celui ou celle qui veut préserver une essence, des valeurs, etc... et bien ce Libéralisme là (auquel il faudrait trouver un autre nom) et bien ça n'est pas joli joli.

Moi-même, personnellement, je me suis rendu compte du truc par ma passion pour la musique, je pense avoir déjà évoqué la chose : grâce à la Mondialisation et au Libéralisme, j'ai pu me doter de matériel musical d'un tel niveau de qualité et pour tellement pas cher, que 30 ans en arrière ç'eut été impossible de le faire. Bon, je ne parle pas des marques de guitares ou d'amplis prestigieux que j'ai acheté en mettant sérieusement la main au porte-feuille, je cause de petits à côtés qui m'ont rendu bien des services (notamment une marque allemande, "Behringer", fabriquée en Chine -- !!! -- dont les prix défient toute concurrence et dont la qualité ne fait pas de doutes quoi qu'en disent les snobs qui ont les moyens !)... et je pourrais évoquer, pour poursuivre dans le même voie, la marque "Bugera", filiale de "Behringer", qui a monté semble-t-il des usines en Chine, encore, et y fait fabriquer des Amplis à Lampes (ce que tout guitariste sérieux désire) à des prix exceptionnels... ou la marque de guitares française, "CUSTOM77", situé à Lyon, tenu par une équipe réduite de passionnés qui a eut une idée de génie : concevoir des guitares en France, les faire fabriquer en Corée du Sud et les distribuer par INTERNET en zappant un DISTRIBUTEUR EVENTUEL et LES MAGASINS... Résultat ? Les coûts sont réduits de façon drastique et on se retrouve avec des guitares qui commencent à 315€ avec une remarquable qualité. Ce libéralisme là, cette capacité à faire avancer les choses en collaborant avec d'autres pays, non seulement je le trouve positif, mais je le trouve sain. Il ne nuit en rien à personne et il fait des heureux. Rien ne m'empêche de leur acheter une guitare (je vais d'ailleurs le faire la semaine prochaine) puis après en avoir joué, de poser mon cul dans mon fauteuil et d'ouvrir Baudelaire dans la Pléiade.

Mais le problème n'est pas de cette nature, encore une fois : c'est très bien que les gens se tapent TF1 et Koh-Lanta plutôt que les théories foireuses d'Edwy Plenel (comme le notait à juste propos XP quelque part)... mais je les aurais préféré "Gardiens de vaches" sans diplômes, heureux et sans complexes... plus humbles... plus joyeux sans doute, moins frustrés de ne pas posséder des choses futiles... mais il est vrai que c'était une autre époque et qu'ils vivaient sous le regard de Dieu... plutôt que sous celui du Veau d'Or.

Je trouve que ça nous change une société cette course effrénée à la consommation et à la production. Les rapports des uns et des autres sont moins courtois, plus secs, chacun se prend pour une sommité, car le Libéralisme va de pair avec un aplanissement général, une "démocratisation" à outrance en tirant tout vers le bas... comme dans le Genèse lorsque Moïse descend d'en Haut avec ses tables et qu'il voit son peuple "à la nuque raide" partouzer devant l'idole, ne piétinant même pas l'Esprit car l'ayant carrément oublié.

D'un autre côté, je vous le répète, chers amis, car c'est en redoutable résonance avec ma (nouvelle ?) vie actuelle : tout cela est prophétique... biblique... indiqué comme l'aboutissement logique d'une morgue lancée depuis l'expulsion d'Eden. Donc je n'en n'éprouve pas de particulière inquiétude, ou plutôt plus maintenant.

Écrit par : Nebo | 30/07/2011

Mon Cher Nebo, je suis moi-même en proie à une peur grandissante devant les tendances à tout araser de la mondialisation. Pour reprendre ce que j'exprimais ailleurs il y a peu, il suffit pour avoir peur de voir se mettre en place le carcan du multiculturalisme croisé avec l'éradication de nos singularités pour faire place à un monde de salariés robots remplaçables, pour abandonner tout le terrain, le terreau de nos vies, ce qui était nos territoires, à la wallmartisation du monde avec ses couches superposées d'esclaves, de techniciens,de marketing boy, de traider et de pubards etc (chaque couche un peu mieux payé, de quoi mieux s'aliéner en gadgets). Ce cocktail immonde générera encore, et d'avantage d'âmes brûlées qui se transfigureront en explosions, tel le norvégien maudit.


Certains se sont étonnés que le patronat subventionne toujours les associations type Mrap et soit à la pointe du combat antiraciste, défense des gay, parité et plus que parité, mais c'est logique. Un mélanomé, un PD, un hyperxéno c'est toujours un salaire,une force de travail et surtout, SURTOUT une puissance -même faible- de consommation. Et c'est la SEULE chose qui importe dans le monde qui se met en place. C'est pourquoi Auschwitz est utile et est récupéré bien au delà des juifs. On tient le Satan, l'anti Dieu nécessaire (puisque on n'a pas de Dieu à proposer, juste un contraire) Le dieu négatif nécessaire à la mise en place de la religion du respect sans contenu. Sans réel contenu, que du négatif, du tu ne feras pas :tu ne diras pas de mal des Untel et des Duchoses et de tout leur frère. Sinon regarde : Six millions de mort , c'est à dire l'équivalent de l'Enfer dans un passé qui POURRAIT se répéter si on ne surveille pas : on singe, mal, la religion.
Six millions de mort ! C'est ça que tu veux? Des historiens juifs contemporains ont beau faire un chouette boulot ("le bizness de la schoa" de l'autre là, j'oublie le titre exact, et il y a d'autres titres sur l'instrumentalisation de la schoa par les israéliens) ça a fini par dépasser les juifs. Ce n'est pas le Criff qui a viré Lars VT, pas ses ordres. C'est la symbolique. Toute critique de l'autre en tant qu'autre est perçue par ceux qui créent l'avenir comme une résurgence menaçant la mondialisation, celle qui se construit par arasement, décapitations des cultures historiques. De plus en plus ce sera l'unique crime impardonnable. Le christianisme a attendu que naisse le protestantisme pour avoir une inquisition vraiment méchante (Si, si. Sérieux. Au moyen-âge, à l'âge d'or du christianisme, 12-15 eme on s'en tirait. Encore au 16ème,Guillaume Postel a juste passé pour fou malgré ses gros délires théologiques). L'inquisition mondialo-consumériste est quasi immédiatement passé de Nuremberg à ce qu'on voit aujourd'hui.Et elle, elle ne nous a pas donné de grands mystiques, de Saint Jean de la Croix, d'art, de poètes ect. Une civilisation. Au contraire, les civilisations, elle les détruit.
Je n'aime guère normalement donner dans le ton apocalyptique. Mais là, je crois réellement que l'homme affronte une menace contre sa nature, son essence même, ce qu'il EST, une menace comme jamais ne s'en était dressée une. Le nazisme a raté, le communisme a raté, mais ce qui vient a tiré les leçons, le Jaggernaut vient transformer l'homme en robot, en faisant semblant de tout laisser en place, les chaires d'université, les petites revues, la"liberté" d'opinion etc.Fantômes : tout ça est mort, c'est une apparence qui participe du piège, de ce goulag hypersophistiqué qui se met impitoyablement en place.

PS Je veux espérer que l'Homme retrouvera un jour la force de produire des Shakespeare, des Bach, des Greco,des Balzac, des Donatello. L’appauvrissement culturel des 50 dernières années -voire plus - est terrifiant. Mais comment en vouloir à la musique, à la peinture, à l'art moderne quoi ? Il n'est que ce que l'art a toujours été : le reflet du monde.

Écrit par : Restif | 30/07/2011

"Mais comment en vouloir à la musique, à la peinture, à l'art moderne quoi ? Il n'est que ce que l'art a toujours été : le reflet du monde."

C'est la raison pour laquelle je défends Houellebecq ou Dantec, quoi que tu en dises, Restif... ^^

Je pense même qu'ils y insufflent bien plus de conscience que tu ne pourrais le croire... Houellebecq, par exemple, sait complètement ce qu'il fait et ce qu'il entreprend quant à son style... il écrit dés son premier roman, "Extension du Domaine de la lutte" :

« Cet effacement progressif des relations humaines n’est pas sans poser certains problèmes au roman. Comment en effet entreprendrait-on la narration de ces passions fougueuses, s’étalant sur plusieurs années, faisant parfois sentir leurs effets sur plusieurs générations ? Nous sommes loin des Hauts de Hurlevent, c’est le moins qu’on puisse dire. La forme romanesque n’est pas conçue pour peindre l’indifférence, ni le néant ; il faudrait inventer une articulation plus plate, plus concise et plus morne. »

Je l'évoquais ici :

http://incarnation.blogspirit.com/archive/2011/07/17/cet-effacement-progressif-des-relations-humaines.html

Il est évident que l'état des consciences, du monde, de la planète entière me rend perplexe. J'ai le sentiment que chaque tragédie que l'Humanité vit depuis son entrée dans l'ère moderne est une "expérimentation" qui va trouver une prolongation dans les années ou décennies à venir... Par exemple :

Robespierre ==>Hitler ==> Staline

Massacre de la Commune ==> Massacre des révoltés de Kronstadt

Génocide des indiens d'Amérique ==>Génocide Arménien ==> Shoah

Donc il faut bien se dire qu'Hiroshima ou Nagasaki n'ont pas eu lieu pour être les derniers essais en la matière...

Les camps nazis ou les Goulags ==> le camp Mondial

Les déportés ==> les hommes robots

Aucune volonté de ma part de placer notre situation au même niveau que celle des déportés, même pour un crève la faim dans nos rues, devenu SDF par la cruauté de la Vie et la violence du chômage... mais il faut croire que nous assistons à la mise en place progressive d'une dictature molle, d'un écrasement sous guimauve avec perfusion de sentimentalisme bisounours, bref, comme si tout était fait pour que nous ne la voyons pas, ne la sentions pas, ne l'appréhendions pas. Il reste encore quelques individus refusant de se coucher, le fond du "pays réel" sent bien que "quelque chose ne va pas" sans arriver à clairement le signifier. A croire que la brutalité des dictatures passées a cédé sa place à une dictature plus pernicieuse, sans violence frontale directe sauf exception...
Celle-ci se traduit, bien entendu, par l'interdiction officielle ou officieuse d'aborder certains sujets, de dire certaines vérités, d'oser clouer au pilori par le Verbe certains lieux communs qui, décidément, ont la peau dure.

Le Libéralisme, à l'origine, s'inspirait d'une éthique biblique : le Décalogue. Il suffisait que chacun se prenne en main, se responsabilise et devienne créatif (à l'Image de Dieu), sans nuire à autrui et sans se nuire à soi-même. Je pense que là se devrait d'être le Libéralisme quelle que soit la forme qu'il prenne afin de se contextualiser pour épouser notre temps. Mais à partir du moment où il joue avec des valeurs virtuelles, jongle avec les comptes offshore même plus pour échapper aux états et à leur fond socialiste (car n'importe quel état a un fond socialiste qui ne demande qu'à se réveiller à la première occasion) qui veux saigner par les impôts n'importe quelle entreprise, mais pour se mettre à l'abris de la misère qu'il génère sans complexe aucun. Je ne puis, d'ailleurs, comprendre ces entreprises qui génèrent tant de profits divers, toujours avec la sueur de leurs employés en ne leur laissant que les miettes de leur pauvreté, voire en les abandonnant au chômage en allant se délocaliser vers des paradis à la main d'oeuvre encore plus maléable, sans même se douter qu'un jour ils risqueront d'avoir des soubresauts sociaux redoutables (car j'ai du mal à croire au surgissement d'une révolution digne de ce nom de nos jours), je me demande où se trouve l'éthique dans ce comportement ? Je ne puis m'empêcher de songer au Tsar Nikola II qui, tandis que le peuple mangeait des épluchures de pomme de terre, faisait danser sa cour, laissait sa femme rentrer en transe devant des mages démoniaques, ou abandonnait la santé du tsarevitch entre les mains de Raspoutine qui, selon certaines légendes, aurait baisé tout ce qui se déplaçait autour de l'impératrice, de la moindre domestique au moindre chien. On sait ce qui s'est passé par la suite... n'est-ce pas ? Et Dieu m'est témoin de l'horreur que m'inspire le communisme tant théorique que pratique. Le Libéralisme ne devrait pas prendre exemple sur le Tsar, mais garder un vrai contact avec la réalité.

J'aurai pu citer, aussi, Marie-Antoinette... mais, par la même occasion, le comportement des investisseurs en 1929... bref, n'importe quelle Puissance économique ou politique qui ne voit plus ses obligations et ses devoirs.

Shakespeare me donne envie de dire : "Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Libéralisme" ! ^^ En faisant dire à un de ses personnages : "il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark", Shakespeare ne souhaitait pas faire condamner le principe de Monarchie ou de Royauté par l'entremise de son personnage. De même je ne souhaite aucunement condamner le Libéralisme, mais je souhaite vivement qu'il... revienne sur terre.

Je vais finir par l'évocation de cet excellent film d'Oilver Stone, "Wall Street", le premier, pas le deuxième que je n'ai pas vu. Tous les petits cons gauchistes, en France, ont vu dans ce film une charge contre le Libéralisme. Je ne sais pas si tu connais ou non ce film et je ne vais pas te le raconter, mais j'aime la conclusion, à la fin, lorsque Bud Fox (Charlie Sheen) après avoir succombé à l'argent spéculatif facile se rend au tribunal pour témoigner de ses agissements de crapule avec Gordon Gekko (Michael Douglas). Il a pensé, en effet, qu'en faisant de l'argent facile il pourrait, aussi, faire de bonnes choses en rachetant la compagnie d'aviation dans laquelle travaille son père (Martin Sheen) afin de la sortir du caniveau et de la rendre à nouveau compétitive. Mais Gordon Gekko (Michael Douglas), lui, a voulu la découper en morceaux, la société de son père, et la vendre (les locaux, les appareils techniques, le terrain de l'entreprise, les hangars, les avions, les bureaux, les chaises, les lampadaires, les stylos, les papiers de photo-copieuses, etc...) afin de se faire des couilles en Or sur le dos des travailleurs qui y bossent, eux, pour la plupart, et ce depuis des années, en les foutant à la porte. Je n'ai pas un clair souvenir de la fin exacte, si ce n'est que l'affaire clapote plus ou moins, Bud Fox (Charlie Sheen) pour sauver sa peau et se refaire une santé morale balance Gordon Gekko (Michael Douglas) à la police qui surveille les Golden Boys et leurs dérives et accompagné au tribunal par son père (qui est également syndicaliste dans son entreprise) entend celui-ci lui dire, de mémoire :"fais quelque chose de ta vie, sois créatif pour ton bien et CELUI DES AUTRES."

Voilà... c'est cela, pour moi, le Libéralisme, la possibilité d'entreprendre librement sans marcher sur la gueule des autres.

Et le Libéralisme n'est, je le répète, qu'un logiciel qui peut être remis à jour.

Écrit par : Nebo | 30/07/2011

J'avais remarqué cette citation de Houellebecq. Ce qu'il oublie de dire, c'est que les meilleurs trouvent des solutions (McCarthy, le Bolano de 2666 etc). Je trouve qu'il a les qualités d'un bon satiriste, j'ai même écrit quelques lignes chez la Crevette qui vont un bon poil plus loin. Il n'empêche que Bourget aussi avait des qualités(ses Essais de psychologie, sur Stendhal par exemple, sont excellents) et qu'il n'en reste rien. Aujourd'hui il y a Combet, Michon, Roth, Mc Carthy qui est quand même sacrément autre chose. Plus ceux qu'on ne connait pas. Car il en est d'aujourd'hui très probablement comme d'hier, (je veux le croire!) où bien des noms que l'on révère de nos jours échappèrent au radar de l'époque. Seule une toute petite poignée de gens connaissaient Laforgue, l'immense Jarry des Gestes et opinions du docteur Faustrol" (nouvelles édition au collège de 'pataphysique,) il fallu la radio de 1950 pour que Léautaud, connut des amateurs dès 1903 -parution du "Petit ami") apparaisse un peu aux gens, Gourmont, Darien restent encore peu connus, on commence juste à rééditer Marc Stephane. Et j'arrête là ,je ne vais pas remonter à Stendhal ou au Journal d'Amiel. Il n'est donc nullement impossible que notre époque cache de grandes œuvres derrière la masse des livres qui sortent et noient tout telle l'encre de la poulpe. Rien que le roman de Jean Yves Masson," L'isolement", d'une grande qualité d'écriture nous le prouverait. Et il en est d'autre, Maulpoix en poésie. Évidemment tout cela est moins aisé à lire, style SAS chez les bobos que Houéllou (oui, j'en rajoute^^). Dantec c'est autre chose, c'est un conteur, et ça il sait bien faire. Dommage qu'il pompe. Car moralement c'est désolant de piller un auteur au point ou il a pillé Gibson. Mais passons. Ah, oui, quand même; je suis en train de lire Othan Pamuk , "Mon nom est rouge", ça c'est du roman, complexe, orchestré, fonctionnant sur plusieurs niveaux. A côté, franchement, Houellebecq est distrayant, mais n'existe pas comme romancier de haute gamme. Même un bouquin à la ligne mélodique simple comme Le lièvre de Vatanen dArto Paasilinna me semble très au dessus (son Meunier Hurlant était déjà une réussite).. Mais des goûts et des couleurs...La postérité triera. Pas toujours avec justice d'ailleurs. (D'autant qu'un roman peut être raccord avec une époque puis perdre aux yeux des générations suivantes tout ce qui en faisait l'effet. Ce sera peut-être bien le cas de Houellebecq).

Moi non plus je n'attaque pas le libéralisme per se. De toute manière, le commerce à été à la base de toutes les civilisations, les plus anciens documents que nous ayons sont des tablettes de compatibilités. Ce n'est pas le libéralisme, ou même la ploutocratie qui m'inquiète, non, c'est le fait de voir se mettre en place un monde où toutes les différences sont gommées, arrachées. C'est la continuation du projet révolutionnaire, de ce qu'Hegel appelait « l'âme du monde » en voyant passer Napoléon, la réalisation de l'Histoire en un état, de ce qu'Hugo voulait pour l'Europe quand il vantait les États-Unis d'Europe, c'est le rêve franc-maçon d'une république universelle (je ne dis pas que les F.M dirigent un plan hein!). Cette certitude que la planète ne doit comporter qu'un seul immense pays, vivant sous les mêmes règles, les mêmes lois, la même culture, et qu'ainsi la paix pour les siècles des siècles sera assurée. Le libéralisme, le commerce n'est ici qu'un outil dans la réalisation d'une vision démiurgique, une sorte de reconstruction de la Tour de Babel. Quelque chose qu'avait très bien entrevu Huxley (que Houllebecq aime tant) dans son Meilleur des mondes. Heureusement, ou malheureusement, je suis persuadé que ça ne marchera pas, que l'homme étouffera et que ce projet ne peut que le pousser à faire ressortir tout ce qu'il a en lui de barbarie. Bref, que l'on aboutira à un nouveau moyen-âge, à une situation semblable à celle qui a suivi la chute de Rome. Will see...

Écrit par : Restif | 31/07/2011

@Nébo

Je suis abonné aux fils de discussions, je reçois donc les nouveaux commentaires, mais je ne sais pas qui les signe, puisque ces nouveaux commentaires ne s'affichent pas sur ton blog, chez moi. D'ou mon silence, bien que je vois qu'on m'interpelle (je sens que ce faux-frère de Restif me titille, mais je ne suis pas sûr que c'est lui).

Je répondrais plus tard, donc.... Vous perdez bien pour attendre, bande de CAB et de GVD!!!

Écrit par : XP | 31/07/2011

Je n'ai aucune idée d'où peut provenir ce binz électronique, cher XP, mais à ta place : je prendrais cela pour un signe ! ^^

Écrit par : Nebo | 31/07/2011

C'est bien moi XP, ton cher Restif, your com's partner! (Et dans la vie même) -ne me dis pas que tu ne reconnais pas mon inimitable don pour réussir à placer trois noms de poète maudit dans un "bonjour, bien dormi?"^^. Je ne titille pas ni ne faux frérise, ne t'aie-je pas donné amplement raison sur Michéa ? Disons que tu es sans doute plus confiant que moi dans les capacités de mutation de l'occident, et que moi -qui croit également sur une longueur, mais quelle longueur! , en ses capacités à traverser les épreuves, à muer, voir la citation d'Ortga y Gasset que j'ai donnée - m’inquiète d'avantage pour le siècle à venir, voir les 3 siècles à venir.
Je suis très conscient du fait que les gens qui ont pris parti contre la voiture, le train ect se sont mis d'eux mêmes dans le camp des millénaristes terrorisés par le progrès technique humain (voir aussi les funestes erreurs de prédiction du club de Rome dans les années 60) progrès technique que nous ne confondrons pas avec la notion de progrès de l'Etre humain, que ni toi ni moi ne partageons et laissons aux marxistes et utopistes de tous poils. Cependant je vois se dessiner très clairement une ligne qui mène vers un monde régit par une loi unique, politiquement correcte, prête à embastiller quiconque osera ne pas être d'accord avec toutes les diversités, religieuses, sexuelle et autres. Diversité qui ne seront plus d'ailleurs de réelles diversités mais les masques grimaçants , falsifiés, d'une différence digérée par une société niveleuse, des facteurs bien intégrés de la grande république mondiale . Le "consumérisme" en soi n'est pas un mal, c'est une tendance de l'Homme, il n'est que de lire les historiens romains pour voir que déjà, à l'époque, on voulait les dernières toges, les meilleurs chars, les villas construites avec le plus d'agréments et de gadgets - lire la description d'une villa de milliardaire romain dans le Neropolis de Monteilhet. J'emploie parfois le mot de « consumérisme » par facilité, mais je ne l'entends pas comme désir d'achat, pulsion bien humaine vers le plaisir que donne le dit achat (avec aussi, reconnaissons le, une bonne dose d'illusions qui pousse à croire qu'avoir vous dotera d'une plus ample stature et vous fera regarder d'un autre œil, ce qui est comique. Mais l'homme est aussi comique que tragique, et souvent pour les mêmes raisons). Je l'entends comme outil d'une mise aux pas des pulsions humaines, part d'un tout qui vise à nous enrégimenté dans une seule et unique idéologie du Bien.
Bon, personnellement je me suis passé de portable jusqu'à il y a 7 mois et ne regarde pas la TV. Parce que j'ai autre chose à faire. Et si je devais écrire sur du parchemin végétal ça ne me gênerait pas. Mais ce que font les autres ne me dérangent pas, je prends ma part des biens de la technique, et les écolos types Savonarole de la consommation m'emmerdent infiniment plus que le type qui collectionne ses deux 4/4, des écran plat jusque dans les gogues, 3 portables et 6 ordinateurs. Lequel m'indiffère, je n'ai strictement rien à dire sur lui et ne me permet pas de le juger.

Non, vois-tu, ce que j'observe, ce que je tâche d'étudier dépasse de beaucoup mes goûts et dégoûts. Ce qui commence à se dire chez Baudelaire et Flaubert puis construit un peu plus tard une analytique du monde géniale et convaincant chez Heidegger (et dans l'autre sens, le sens « pour » chez Hegel, pour la direction que prend le monde) ce qui s'énonce de façon si magistrale et d'une profondeur abyssale chez Heidegger et d'autres, voilà ce qui me fait dresser le neurone. Faire l'impasse là dessus c'est jouer les aveugles volontaires. Et il n'y a pas qu'Heidegger, dans les noms capitaux, il y a son maître, Husserl (j'avais une longue citation prouvant mes dires quand aux inquiétudes fondamentales d'Husserl -Cf la Krisis- mais décidément, elle est trop longue.Sur demande!). Autant de flèches qui indiquent qu'une absence de questionnement s'apparenterait ni plus ni moins à un aveuglement volontaire, où à une hubrys du type de celle dont les grecs nous ont signalé le danger – ainsi d'Icare. Et l'ombre titanesque de la Tour de Babel biblique s'allonge ici sur nous...
Tu peux refuser ces questions pour choisir le seul optimisme, voire une sorte de schéma idéaliste de l'occident perçu comme toujours éternellement vainqueur, -Cf le texte de Xyr. On peut aussi étudier ce qui se passe sous nos yeux et dont les plus grands esprits se sont inquiétés et continuent de s'inquiéter. Houellebecq lui-même d'ailleurs ne dresse pas -par exemple dans Plateforme (pour lequel j'ai une secrète tendresse, chut!)- un tableau idyllique de ce qui se met en place. C'est assez simple in fine... Et malgré l'immense place de ta pensée et de ta personne, je n'agite pas ces questionnements pour t'asticoter, et même (c'est incroyable, je sais)-, si le monde s'assombrissait, bref si tu n'existais pas, je les agiterait encore. (le monde serait VRAIMENT plus sombre. Grâce à Dieu, ce n'est pas le cas). Je pense que toi, Nebo et moi,dans ces discussions, nous figurons précisément ce qui fonde l'occident. (et ceux qui débattent ici, j'emblématise pour les facilités de la cause).

Écrit par : Restif | 31/07/2011

Mais pourquoi cette perte des valeurs serait-elle négative ? Pourquoi la condition du paysan serait-elle préferable à celle de son petit-fils commercial ou VRP ? Le paysan vivait modestement car il était modeste . S'il s'enrichit , il agrandit ses terres , son patrimoine . Son petit-fils va dépenser . C'est la seule différence fondamentale , l'aspiration au confort et au futile est commune et naturelle . Nous sommes dans une societé de salariés , voilà le fond du problème . Quand certain mettent en cause le libéralisme , la toute-puissance des multinationales , les licenciements massifs , c'est bien de cela qu'il s'agit . Mais petit à petit , le nombre de salariés baisse , les sous-traitants augmentent , les micros-entreprises se créent , quelques aménagement administratifs et technniques , internet , tendent à favoriser une massification prochaine de "l'individu-entreprise" . De même qu'une immense exploitation agricole avec son proprietaire , ses ouvriers agricoles pauvres et ses esclaves est sujette aux révoltes , une région de petits propriétaires terriens est généralement stable . Celui qui maîtrise , qui est propriétaire de sa terre , de son emploi , de son savoir-faire est toujours adulte , responsable . Nous assistons progressivement à une réappropriation virtuelle de la terre , sans fourches et torches , sans bruit , mais elle vient . Le salarié lambda investit dans un écran plat , un tout-terrain , nul doute qu'il va préferer investir et économiser en étant indépendant .
Croire que le libéralisme ou la societé de comsommation change les gens est une connerie monumentale , il n'y a jamais de victimes . Elle flatte seulement certains instincts , certains y résistent , d'autres les maîtrisent , d'autres s'y jettent à corps perdu . Ce n'est pas une societé qui formate ces hommes , ils s'auto-formatent . Croire que le consumérisme change les hommes est certainement le reste d'une grande philantropie , d'un amour déçu , il ne faut pas trop attendre des hommes . Dans une societé comme la notre , celui qui aspire à la sécurité et au confort l'obtient , celui qui aspire à la grandeur l'obtient , c'est plus une question de nature que de volonté d'ailleurs . Les hommes deviennent ce qu'ils sont , voilà tout , ils se révèlent enfin . Quelques siècles plus tôt , la nymphomane aurait eu l'apparence d'une bonne épouse , l'oisif d'un travailleur , le violent d'un commercatn lambda . Aujourd'hui , les hommes sont face à eux-mêmes , chaque chose est à sa place , une convention sociale ne permet plus de donner au voleur l'apparence d'un juste . Les hommes sont seuls face à eux-même , voir face à Dieu , nous ne sommes pas dans une période de "pré-apocalypse" , mais dans le résultat d'un test , le résidu d'une gigantesque fermentation .

Écrit par : Prolo de la Lite | 01/08/2011

Ami, Restif... ce que tu dis sur le consumérisme des classes aisées est absolument vrai et c'était signe de prodigalité chez les riches que de s'entourer de belles choses afin d'en faire un plaisir pour leurs yeux au quotidien et pour ceux de leurs visiteurs selon les jours. L'Occident s'est particulièrement distingué en faisant des merveilles parfaitement inutiles qui ne servaient ni à nourrir le peuple, ni à protéger nos frontières... VERSAILLES, par exemple... qui, néanmoins, participa au contrôle éventuel d'une Fronde toujours tout juste somnolente au sein de l'Aristocratie française, subjugua toute l'Europe et alimente encore aujourd'hui ce que les musulmans, par exemple, ne comprennent que très difficilement : les choses de l'esprit.

Mais, cela étant dit, le commerce n'est pas le Capitalisme, et le Capitalisme n'est pas nécessairement le Libéralisme. Entreprendre Librement et jouir Librement de l'argent que l'on a gagné sont une chose, j'ai envie de dire, "naturelle". Mais cumuler de l'argent afin d'en arriver à découvrir les vertus d'une plante dans le trou du cul de l'Amazonie (ou ce qu'il en reste) et déposer un brevet dessus alors que les indiens de l'Orénoque l'utilisent depuis la nuit des temps, voilà un cynisme qui m'a fait, me fait et me fera toujours vomir.

Nos ancêtres riches ou pauvres dépensaient déjà, selon leur moyens... mais il n'avaient pas épousé un mode de vie entièrement calqué sur le consumérisme. Comme ces filles qui cumulent des pairs de chaussures à ne plus savoir quoi en faire... ou ces rappeurs des pairs de baskets de toutes les couleurs dont ils remplissent des armoires entières... J'ai envie de leur demander avec Bernanos : « Que fuyez-vous donc, imbéciles ? Hélas, c’est vous que vous fuyez, vous-mêmes. » ^^ Alors peut-être que la société de consommation empêche l'Homme-Masse (dixit XP) d'écouter les balivernes de ce nimbus de Plenel, mais mon grand-père et ma grand-mère maternels savaient, eux, regarder un arbre ou une rose et mon papy d'amour s'émerveillait d'un grain de blé qui donnait un épi. Le Plenel éventuel serbe, ou plutôt yougoslave de l'époque, ils n'en avaient rien à foutre et mon grand-père pissait sur le parti communiste.

Ce que je veux dire c'est qu'il n'est pas mal non plus de se dire que d'autres chemins de traverses sont possibles envers et contre la Grosse Machine qui veut nous assujettir hypnotiquement et GLOBALEMENT. Toutes les armes, comme l'a plus ou moins signifié Restif, sont convoquées pour ce terme : le Rock and Roll le plus rebelle... comme le Libéralisme. Car tout est récupéré par le Golem que l'Homme s'est créé avec sa post-modernité... le Golem ou l'égrégore...

« La publicité n’est pas seulement le vecteur d’une incitation à l’achat. Globalement, elle sert avant tout à entretenir l’idée que le bonheur, raison d’être de la présence au monde, se ramène ou se confond avec la consommation. Elle ne vise pas tant à valoriser un produit particulier qu’à valoriser l’acte d’achat dans sa généralité, c’est-à-dire le système des produits. La publicité incarne le langage de la marchandise, qui est en passe de s’instaurer comme le paradigme de tous les langages sociaux. »
Alain de Benoist

Quand je lis ça... même si c'est de sieur de Benoist dont je ne partage ni l'idée de "décroissance" ou, relent de paganisme chez lui oblige, ses flirts avec certaine théories de la "deep écology", et bien je me dis que c'est bien vu.

Après le bon peuple il fait ce qu'il veut ou ce qu'il peut... hein... moi tant qu'on ne vient pas m'obliger à regarder les affiches publicitaires avec insistance, je m'en bats les nouilles, pour parler cash. ;-)

Pour moi, et merci Drieu : « Les hommes dignes de ce nom respirent toujours dans une atmosphère tragique. »

Écrit par : Nebo | 02/08/2011

On cherche toujours, et parfois, ai-je l'impression, de plus en plus, à nous enrégimenter, à nous inscrire dans un cadre et dans un camp. Si , par exemple,on écrit que Monsanto se comporte bien souvent de manière ignoble et commet des saloperies, on est amalgamé au camp écolo-rougeâtre -anti commerce. De même que s'inquiéter d'une possible substitution de population vous fait passer aux yeux des purs auto-proclamé pour un vil fasciste. Toi, moi et d'autres connaissons ce coup compagnon d'Incarnation Nebo. Savoir apprécier les points de vu d'un homme -ou d'une femme avec lequel on est pas raccord sur bien des choses, s'interroger, changer parfois (j'ai pu apprécier-découvrir ici même de belles pages d'Onfray que je n'aime guère habituellement.), changer et le dire, toutes ces choses sont nécessaire à une liberté que trop de gens prennent pour une sorte de provocation. Peut-être parce que c'est là une conduite qu'il s'interdise ?. Là où on essaye juste d'être décent, on est taxé d'un tas de maux, on est suspect.Ce n'est pas à toi que je l'apprends. Tant pis! On sait bien, nous, ce qu'il en est. Et je pourrai finir en reprenant la phrase superbe de Drieu. Mais finalement je choisi celle qui serait ma devise -si je courrais le guilledou de la devise - : "Aux guelfes j'étais Gibelin aux gibelin j'étais Guelfe". Montaigne.

Écrit par : Restif | 02/08/2011

Il me revient une chose à l'esprit... une engueulade avec ma fille qui, Dieu merci, vit encore à la maison, mais qui fait de son fric n'importe quoi... je passa les détails... je lui demande un jour, alors qu'elle s'effondre en larmes : "Mais où il passe ton fric, ma fille, dans quoi tu le dépenses ?" Et elle de me répondre : "Dans des conneries !"

En trois mots elle venait de tout dire. Et à dire vrai, je m'en fous qu'elle participe à faire tourner la Grosse Machine, me diront certains, à faire produire, donc à donner du travail... j'aimerais qu'elle contribue aussi ET SURTOUT à se préparer son avenir... car on est ici-bas, entre autre pour mourir.

Écrit par : Nebo | 02/08/2011

Nébo

Il est sain que ta fille ne dépense pas son fric à des conneries. Mais ils sain aussi que les marchands tentent de la séduire. C'est elle (et toi) qui avez in fine le pouvoir.

Les marchands tentent de séduire parce que précisément, ils ne sont pas maitres de la décision. Alors oui, la séduction contient une part de manipulation.
Quand tu dragues une gonzesse, tu te parfumes, tu fais gaffes de pas te gratter les couilles au resto, tu racontes pas les blagues à toto qui te font rire avec tes potes, et si il y en a un qui est vraiment lourdingue, tu t'arranges pour que la fille ne le croise pas... Bref, tu manipules. Tu lui suggère un Nébo qui n'est pas celui de tous les jours.... Mais c'est justement parce que tu n'as pas les moyens de la prendre par les cheveux ou d'aller l'acheter à son père, que tu dois séduire.

Autre point commun; La pub, toute séduisante qu'elle est, n'importe qui sait que le but, c'est de vendre un truc et d'endormir le client...Et ca change tout.
La fille, elle sait que tu dragues et que tu baratines... Pourtant, si tu ne le faisais pas, elle te prendrait pour un mufle et elle aurait raison.

Le fait que ce soit bien le consommateur qui tient la main, c'est bien in fine la seule chose qui dérange vraiment AdB.

Et toi qui vient de l'Est, tu dois le savoir:les pays socialistes n'étaient pas seulement criminels, ils étaient laids. Manque de couleur, de créativité, et la pub, au final, c'est de la couleur. Les pubs des années 50, 60 font encore rêver, elles font partie intégrante de la culture de notre civilisation. Warhol l'avait bien compris^^

Écrit par : XP | 02/08/2011

Hum, réflexion intempestive peut-être mais... la publicité n'a pas été visée dans ce qu'écrit Nebo, c'est toi, XP, qui infère de ce qui est dit que la pub est désignée comme coupable, ce que nul n'a dit. Oserait-je avancer qu'on dirait la réaction de le l'assassin qui dès qu'on parle d'un meurtre sans aucunement penser à lui se dépêche de dire "c'est pas moi! "^^.

On peut penser que notre système est meilleur que ceux qui ont tenté de juguler la puissance marchande - c'est d'ailleurs mon cas. On a, pour autant, le droit de décrire ce qui vous semble exagération, risque de sortie de route de l'humain en tant qu'il risque une réification et l'oubli complet de son statut d' être tendu vers le vertical, le sacré, formé par Dieu pour cela. Bref, le point est surtout celui-là : on peut ausculter une société, ce n'est pas une condamnation, tout juste une réflexion, susceptible de s'infléchir. Le fait est là, que tu le veuilles ou non, il y a un prix à payer pour tout ce que nous offre la "grosse machine".Et ce prix est entre autres de voir se courber à l'idéologie de cette grosse machine des gens qui ne trouvent pas tout de suite ou difficilement leur route dans ce monde, qui ont du mal. Il y a un fait patent (trop répété mais le psittacisme n'empêche pas la justesse d'un dire) : c'est qu'on est d'avantage, oh combien, dans l'avoir que dans l'être. Chose qui n'est pas nouvelle en soi, mais qui n'avait jamais été au fondement d'une société, et qui n'avait jamais été but et sujet d'autant de sciences du comportement, de psychologie du consommateur,de sciences du marketing, de disciplines allant jusqu'à étudier comment doit être disposé un grand magasin, quelle science des couleurs, des signes etc, quelle sémiotique quoi, manipulera le mieux -à son insu -l'acheteur; on va jusqu'à étudier le parcours pour aller, disons des raviolis aux œufs en forçant à passer devant le maximum d'objets-à-désirs jouant sur la pulsion. On change la place des aliments et des produits pour obliger à de nouveaux détours devants des produits d'appel au désir. Énormément de gens n'ont pas de défense contre ça. Tu as le droit de dire que ce sont les sous-produits d'une civilisation supérieure à celles qui ont tenté d'inverser ce courant. Voire même de dire que c'est là une "grosse machine" qui est en elle même la preuve que cette civilisation de l'achat compulsif, de la preuve de "je suis quelqu'un parce que j'achète le dernier Ipod" (refrain de toute la pub qui joue tant sur la jalousie, sur « vous l'avez, lui pas, il en est malade », ce qui est se baser sur le plus sordide de l'homme) est une civilisation meilleure que celles qui l'ont précédée (ce dont je doute personnellement, je préfère une civilisation où la place du sacré prime mais c'est question de choix et de toute manière le passé est le passé), tu as parfaitement le droit de défendre cette civilisation mais tu ne peux empêcher l'esprit d'analyse occidental de disséquer les maux produits par cette société là. Parce que tu ne va pas me dire qu'elle ne produit que du bonheur, qu'on est au Paradis ! Le droit à une saine critique, à un relevé des changements comportementaux induits par la répétition constante, presque hypnotique, des messages véhiculés par les spin doctor du marché fait partie de ce qui fonde la pensée occidentale. Sans cette qualité qui nous habite, pas de Kant rejetant la métaphysique hors du champ philosophique dans La critique de la raison pure, pas de Galilée remettant en question la version et vision acceptées de l'univers, pas d'Einstein, d'Heisenberg, de Börh fondant l'Interprétation der Copenhague, faisant savoir à l'homme que ce qu'il voit n'est pas le réel, que celui-ci frise l'inexplicable. « nous avons toujours eu (chut, chut, fermez les portes !), nous avons toujours eu beaucoup de mal à comprendre l'image du monde que nous offre la mécanique quantique. « Richard Feynman. Dirac énonce semblablement le même chose. Quant à Börh... »si, de prime abord, on n'est pas horrifié par la théorie quantique, on ne l'a certainement pas comprise. » ce qui ouvre encire sur d'autres voies) Bref, l'être occidental marche à la recherche, donc à la critique de ce qui est , critique au sens premier du terme. Si on a avait toujours déclaré que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », on aurait pas beaucoup avancé

Ah, et les "sciences" de manipulatrion du consomateur que j'ai évoquée ne s'apparentent pas à une séduction mais beaucoup plus à de l'hypnotisme. Pour reprendre ta métaphore, on ne "séduit" pas la nana, on trouve l'équivalent psychologique du geste de l'attraper par les cheveux. A ce point se sophistication, ce n'est plus de la séduction, on se rappprche dangereusement du viol, et nous sommes loin des premiers pas de la pub. Note qu'elle n'est pour moi qu'un sous produit du contemporain, qu'il ne s'agit pas de brûler les agences, c'est stupide. Mieux vaut appendre à résister aux manipulations mentales et pressions dont les cibles ne sont pas conscientes. Mais encore une fois, on a le droit, le devoir même, de penser ce qui forme notre décor existentiel.

Écrit par : Restif | 03/08/2011

XP, je prends le temps de te répondre que maintenant.

La description que tu donnes de la séduction n'est rien d'autre que celle du Démon. C'est Satan au Jardin d'Eden endormissant Eve en lui faisant du gringue puis du rentre-dedans direct et franc du collier avec mensonges à la clef : "mais non, vous n'allez pas mourir... vos yeux vont s'ouvrir vous serez semblables à Dieu... etc etc..."

Moi quand je cherche à séduire une femme je ne mens pas... je me présente juste sous mon meilleur jour et c'est à prendre ou à laisser. ^^

Écrit par : Nebo | 04/08/2011

Dois-je vous dire messieurs qu'un échange comme celui-ci mérite de figurer dans une Pleiade en 2100 au même titre que la Correspondance de Voltaire ou Didierot ?

Écrit par : Bertrand | 14/01/2014

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