28/07/2011
Cet univers moral fluide, amorphe, sans frontières
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« Ce laxisme des doctrinaires fait de notre temps le temps des hétérodoxies. L’art s’épanouit en formes monstrueuses. Il est au-delà de toutes les formes ; précisément parce qu’il est devenu formalisme pur. Il n’exprime plus aucune vision de l’homme. Il n’exprime plus qu’une définition de l’art, une pure définition du fait de s’exprimer sans référence à l’homme : pour notre siècle, l’art se réduit à être une forme quelconque. [...]
La morale n’est pas moins tournoyante. En morale sexuelle, en particulier, on a obtenu des résultats spectaculaires depuis qu’on s’en tient à une définition rationnelle de l’acte sexuel. Comme pour l’art, on a établi que l’acte sexuel se réduit à être un contact quelconque capable de susciter une jouissance quelconque. On ne voit donc pas quelles objections on pourrait faire à un "formalisme sexuel" s’exprimant par des « expériences », ou dans des "directions", à la manière de l’art abstrait.
La drogue elle-même n’est plus qu’une "matière" permettant une certaine "forme" d’expression de la personnalité. Les limites disparaissent, puisque toute expression de la personnalité est licite en soi : la condamnation qu’on ne peut plus fonder sur la logique de la nature ou de l’instinct et encore moins sur la qualité des actes est facilement représentée comme un préjugé qui ne repose sur aucun principe légitime.
Cet univers moral fluide, amorphe, sans frontières, ne trouve une source d’inspiration et une force que dans la haine que lui inspire la santé et l’énergie. Le fanatisme intellectuel réveille ces êtres inertes partagés entre l’extase et la terreur. Il est leur drogue, il les retrempe comme les eaux du baptême, il les réunit comme une messe, il leur redonne quelque chose d’humain. Ces même esprits, si indécis, si retenus dans leur jugement, si tolérants, sont implacables quand il s’agit de leurs adversaires, c'est-à-dire de la race d’homme dont ils abhorrent la nature et l’existence. Tout le monde mérite l’indulgence, sauf l’être profondément immoral et dépravé qui ne sent pas comme eux. Celui-ci est un asocial, un dément qu’on regrette de voir en liberté. Il a échappé à la médication de la "conscience collective" : on se demande quel traitement on pourrait bien lui appliquer pour dissoudre enfin son irréductibilité. »
Maurice Bardèche, Sparte et les sudistes
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