Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/08/2012

Sous le règne de la pensée unique

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Formons même une hypothèse franchement scandaleuse : ce qui, depuis 1984 est officiellement diabolisé par les médias sous le nom de populisme (en étant, pour les besoins de la cause, cyniquement amalgamé à deux ou trois thèmes d’origine authentiquement fasciste), c’est, pour l’essentiel, l’ensemble des idées et des principes qui, en 1968 et dans les années suivantes, avaient guidé les classes populaires dans leurs différents combats pour refuser, par avance, les effets qu’elles savaient (ou pressentaient) destructeurs, de la modernisation capitaliste de leur vie. Idées qui, pour cette raison, étaient bien trop radicales pour être –sous quelque forme que ce soit- intégrées au paradigme libéral-libertaire des nouvelles élites de la mondialisation.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a bien peu de chances que le mot d’ordre "Volem viure al païs", qui fut, comme on l’a peut-être oublié, l’étendard des paysans du Larzac, soit désormais perçu par un jeune téléspectateur autrement que comme un appel Poujadiste à rejoindre la bête immonde.

Pour comprendre comment on a pu en arriver là, il est donc nécessaire de rappeler quelques faits.  C’est en 1983-1984 –comme on le sait- que la Gauche française dut officiellement renoncer  (car, dans la pratique, ce renoncement lui était, depuis longtemps, consubstantiel) à présenter la rupture avec le capitalisme comme l’axe fondamental de son programme politique. C’est donc à la même époque qu’elle se retrouva dans la difficile obligation intellectuelle d’inventer, à l’usage des électeurs, et tout particulièrement de la jeunesse, un idéal de substitution à la fois plausible et compatible avec la mondialisation, maintenant célébrée, du libre-échange.

Ce sera, on le sait, la célèbre lutte contre le racisme, l’intolérance et toutes les formes d’exclusion, lutte nécéssitant, bien sûr, parallèlement à la création sur ordre de diverses organisations antiracistes, la construction méthodique des conditions politiques (par exemple, l’institution, le temps d’un scrutin, du système proportionnel) destinées à permettre l’indispensable installation  d’un "Front National" dans le nouveau paysage politique.

C’est donc précisément dans cette période très trouble et très curieuse –pour tout dire très Mitterrandienne- que les médias officiels furent amenés progressivement à donner au mot de populisme- qui appartenait jusque là à une tradition révolutionnaire estimable- le sens qui est désormais le sien sous le règne de la pensée unique. »

Jean-Claude Michéa, L’enseignement de l’ignorance

07:00 Publié dans Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

En 1929 fut créé le prix du roman populiste par Antonine Coullet-Tessier pour récompenser une œuvre romanesque qui "préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu'il s'en dégage une authentique humanité." (Wikipédia)
Avec "Hôtel du Nord", Eugène Dabit fut le premier lauréat en 1931. Ce prix est toujours attribué aujourd'hui avec la même appellation, ce qui est assez courageux sous le règne de la pensée unique. Troyat, Sartre, Roblès, Fallet, Jean-Pierre Chabrol, Daniel Rondeau, Patrick Besson sont quelques uns des lauréats.

Écrit par : Paglop77 | 09/08/2012

Un député britannique euro-sceptique contre la pensée unique: Nigel Farage http://fr.wikipedia.org/wiki/Nigel_Farage
Dix types comme lui et le parlement européen est en l'air:
http://www.youtube.com/watch?v=8wudXb_1R_I
Il a des accents "churchilliens"
http://www.youtube.com/watch?v=OVG0U5GFcV4

Écrit par : Paglop77 | 15/08/2012

Les commentaires sont fermés.