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20/08/2012

Mon étrange amour n’était qu’une façon d’approcher la mort

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

« Tout près de lui, ses cheveux, son odeur -- cette odeur tiède et légèrement salée -- un corps, un souffle, rien de plus. Peut être chacun de nous invente-il sa façon d’aimer, un amour qui n’a nullement les intentions que l’on prête à l’amour, et qui paraîtrait monstrueux s’il n’en avait les apparences. Vanité d’un cœur qui s’épuise à inventer ce qu’il ressent, à se donner des désirs et qui apporte tant de triste zèle à s’imaginer souffrir ! J’ai du tout inventer seul, je me suis toujours voulu ; j’ai régné sur moi chaque jour. Qui suis-je ? Qui étais-je ? Je ne trouverai jamais ma nuit. C’est moi que je prie, c’est moi qui m’exauce. Dieu dans sa haine nous a tous laissés libres. Mais il nous a donné la soif pour que nous l’aimions. Je ne puis lui pardonner la soif. Mon cœur est vierge, rien de ce que je conquiers ne me possède ! On ne connaîtra jamais de moi-même que ma délirante soif de connaître. Je ne suis que curieux. Je scrute. La curiosité c’est la haine. Une haine plus pure, plus désintéressée que toute science et qui presse les autres de plus de soins que l’amour, mais qui les détaille, les décompose. Me suis-je donc tant appliqué à te connaître, Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d’espoirs à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu’à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines pour découvrir que mon étrange amour n’était qu’une façon d’approcher la mort ? »

Jean-René Huguenin, La côte sauvage


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Commentaires

L'accident de voiture qui coûta la vie à Huguenin (comme Camus et Nimier) a privé les lettres françaises d'une œuvre pressentie par Mauriac. Huguenin aurait pu faire partie de la catégorie rare des grands écrivains. Aujourd'hui, qui sont les romanciers contemporains capables de dire leur époque et d'imaginer demain dans des livres qui ne nous tombent pas des mains après quelques pages ? Houellebecq, Dantec et Millet forment mon tiercé gagnant. Très différents, ils ont en commun une détestation de la société postmoderne et revendiquent un individualisme intransigeant.

Écrit par : Paglop77 | 20/08/2012

Putains de bagnoles !

Écrit par : Nebo | 21/08/2012

Les commentaires sont fermés.