23/08/2012
Bien parler... un acte de résistance politique quotidienne !
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« Sans l’effort obstiné de chacun pour s’approprier réellement sa langue maternelle (autrement dit, pour devenir le véritable sujet de son propre discours), nous serions en effet condamnés, estimait Orwell, à subir la loi des mots existants, c’est à dire, en dernière instance, à demeurer prisonniers du langage préfabriqué de l’idéologie dominante (qu’il prenne la forme du jargon des économistes ou celle de ce "langage des cités" qui fascine tellement la bourgeoisie universitaire moderne). La "novlangue" (dont Orwell discernait les prémisses dans le parler insipide et convenu des journalistes de la BBC) ne constitue, de ce point de vue, que le passage à la limite d’une situation qui existe déjà : l’idéal, en somme, d’une langue intégralement idéologique (ou "politiquement correct")dont la syntaxe et le lexique obligeraient en permanence ses locuteurs à s’absenter d’eux-mêmes ("les bruits appropriés qui sortent du larynx" mais sans passer par le cerveau) et qui rendrait ainsi inutile l’existence même d’une police de la pensée. C’est pourquoi le simple souci d’enrichir son vocabulaire et de parler une langue claire, vivante et précise constituait déjà, pour Orwell, un acte de résistance politique quotidienne. »
Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée
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Commentaires
Avant, on apprenait aussi (surtout ?) à lire, écrire et parler en découvrant les richesses des lettres françaises dans les livres. Aujourd'hui, l'idéologie a supplanté la Littérature, alors la langue meurt.
Écrit par : Paglop77 | 24/08/2012
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