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11/11/2012

Cet énigmatique rapport à la présence et à l'absence commun à la religion et à l'écriture

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« Et par le christianisme j'entends non seulement la littérature superficielle ou proprement relgieuse, mais une culture (terme à présent aussi dévoyé que celui d'écrivain, et qui se confond avec divertissement) englobant les pensées juive, grecque et latine, et cet énigmatique rapport à la présence et à l'absence commun à la religion et à l'écriture, dont bien sûr le siècle ne veut plus entendre parler, tout entier voué à la promotion de l'individualisme petit-bourgeois. »

Richard Millet, Le dernier écrivain

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Au nom d'un ordre nouveau

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« Ce qui nourrit mon désespoir (un désespoir proche de l'allégresse des renonçants, non des victimes) a la force de l'évidence : tout ce à quoi je crois, dans quoi on m'a élevé et dont on m'a fait le scrupuleux héritier en me donnant pour devoir de le transmettre, d'en maintenir haut la puissance spéculaire, tout ce qui prend la figure de l'éternité sans l'idée de laquelle il est impossible de s'attarder ici-bas, c'est-à-dire la nation, la langue, la grandeur, la pureté, l'élitisme, la permanence, le paysage, le christianisme, la faculté de juger, l'esprit critique, la méditation, même si j'ai conscience que l'écrivain doit se tenir à l'écart des illusions et des doxas de la tradition humaniste, tout cela se trouve aujourd'hui piétiné, jeté aux orties, désigné à l'opprobre universel non seulement comme obsolète mais comme l'expression même du Mal et pied à pied combattu, contredit, moqué, liquidé au nom d'un ordre nouveau, que d'aucuns appellent post-humaniste, et dont les points de convergence se situent entre un très ancien fantasme de transparence absolue, la gnose de l'hybridation généralisée et la vieille affaire de la servitude volontaire ; de quoi la langue française cristallise exemplairement les ambiguités, non pas en tant que telle, par ses vertus instrumentales, mais dans sa monumentalité littéraire, avec la mythologie qu'elle suscite - la question de la langue n'étant d'ailleurs pas une spécificité française : Nietzsche voyait dans "la rage actuelle de surproduction et de hâte excessive", et dans "la détérioration du langage", "les symptômes d'une barbarie approchante", et Thomas Bernhard évoque, cent ans plus tard, ces apprentis musiciens germaniques si insensibles à leur langue qu'ils parlent un allemand "complètement détérioré". »

Richard Millet, Le dernier écrivain

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09/11/2012

J'ai vu le grand crucifix qui s'élevait au centre de mon village natal tomber dans l'herbe et n'être relevé par personne

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« J'ai vu le grand crucifix qui s'élevait au centre de mon village natal, dans le Haut-Limousin, tomber dans l'herbe et n'être relevé par personne, le bois pourrir, le corps rouillé du Christ oublié là dans le silence des derniers regards, dans la lente mort de la langue limousine et les métamorphoses délétères du français. Je vois s'effondrer la grande verticalité européenne au profit d'une horizontalité parcellaire : la fin du christianisme, c'est-à-dire, d'une certaine façon (plus mystérieuse encore qu'historique), celle de la littérature telle qu'elle nous a portés jusqu'en ce nouveau millénaire d'où elle semble se retirer, nous abandonnant à ce rivage plus nus que la surface de la mer infinie qu'elle fut pour nous, dans un mouvement d'expiation qui est l'ultime avatar d'une religion échappant à elle-même par le biais du protestantisme et de la laïcité, et qui, cette conscience expiatoire, confère aux individus le droit de n'exister que dans la négation de soi. »

Richard Millet, Le dernier écrivain

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La gauche refuse d'examiner la validité du socialisme

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« La gauche refuse d'examiner, sur le fond, la validité du socialisme en tant que tel, de tout socialisme, de peur d'avoir à découvrir ou, plutôt à reconnaître explicitement que son essence même est totalitaire. Les partis socialistes, dans les régimes de liberté, sont démocratiques dans la proportion même où ils sont moins socialistes. »

Jean-François Revel, La Grande Parade

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06/11/2012

Jeune cadre dynamique

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« Au cours de la matinée un septième personnage fera des apparitions épisodiques, venant égayer l'aréopage. Il s'agit du chef du service "Études informatiques" du ministère de l'Agriculture, celui que j'ai raté l'autre jour. L'individu semble s'être donné pour mission d'incarner une exagération survoltée du personnage du patron jeune et dynamique. Dans ce domaine, il bat de plusieurs longueurs tout ce que j'ai eu l'occasion d'observer auparavant. Sa chemise est ouverte, comme s'il n'avait vraiment pas eu le temps de la boutonner, et sa cravate penchée de côté, comme pliée par le vent de la course. En effet il ne marche pas dans les couloirs, il glisse. S'il pouvait voler il le ferait. Son visage est luisant, ses cheveux en désordre et humides, comme s'il sortait directement de la piscine. »

Michel Houellebecq, Extension du Domaine de la Lutte

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05/11/2012

La douleur est dans ma poitrine

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« Je passe la journée comme quelqu’un qui a heurté un angle avec la rotule de son genou : toute la journée est comme cet instant intolérable. La douleur est dans ma poitrine qui me semble défoncée et encore avide, palpitante d’un sang qui s’enfuit sans recours, comme à la suite d’une énorme blessure. Naturellement, tout cela est une idée fixe. Mon Dieu, mais c’est parce que je suis seul et demain, je connaîtrai un bref bonheur, et puis de nouveau les frissons, l’étreinte, la torture. Je n’ai plus physiquement la force de rester seul. Une seule fois j’y suis parvenu, mais maintenant c’est une rechute et comme toutes les rechutes, elle est mortelle. »

Cesare Pavese, Le Métier de vivre

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