24/11/2012
La solide alliance
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« Je voudrais qu’il m’ait été donné d’avoir bien parlé des choses sublimes, sans avoir mal parlé des choses honnêtes, celles-ci méritant le respect comme celles-là l’enthousiasme, et j’espère que j’aurai su célébrer ce qui couronne la vie, sans avoir méconnu ce qui la soutient. Il est très certain qu’il y a plus d’amour véritable dans la solide alliance d’un bon ménage que dans la fragile association de plaisir que deux amants ont formée et qu’ils sont prêts à rompre à la moindre alerte. Si la première impulsion de ceux qui s’éprennent l’un de l’autre est de fuir les difficultés de leur vie, leur second mouvement, dès qu’ils s’aiment davantage, est de revenir à elles pour les attaquer ensemble : ceux qui ont commencé par être les lâches du plaisir finissent par être les braves de l’amour, et cela est si vrai que dès que le goût qui a rapproché deux amants prend un peu de force, chacun ne peut s’empêcher de s’enquérir des ennuis de l’autre, avec une prudence qui le retient de s’y mêler et un intérêt qui le pousse à y prendre part. Ce n’est pas la solidité qui manque au bonheur conjugal, mais bien plutôt la finesse et comme les amants volages n’auront eu que des instants sans durée ,la plupart des époux heureux n’auront eu qu’une durée sans instants. Encore n’est-il pas fatal qu’il en soit ainsi. Tout dépend de chacune de leurs deux natures et de l’accord qu’elles font. Depuis que les gens se marient plus tôt, leur bonheur peut avoir plus de vivacité. Ayant déjà des enfants qui seront grands avant qu’eux-mêmes soient vieux, de jeunes époux ne sont pas si loin de l’enfance qu’ils ne puissent en retrouver l’espièglerie et les rires; l’insouciance de leur âge se joint à la prévoyance de leur état; ils peuvent être sérieux sans être forcés d’en avoir toujours l’air; leur sagesse habituelle n’empêche pas des folies d’un moment, qui mettent dans leur bonheur les feux du plaisir. »
Abel Bonnard, L’amour et l’amitié
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23/11/2012
Atomisation définitive de l’espèce humaine
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« Ce n’est certainement pas, en effet, en diabolisant comme "réactionnaire" tout sentiment d’appartenance et de filiation ou en considérant, par principe, comme nécessairement "passéiste" l’attachement légitime des peuples à leur langue, leurs traditions et leur culture (puisque tel est, de nos jours, le noyau résiduel de toute métaphysique de gauche) que les individus modernes pourront trouver le chemin d’une émancipation personnelle et collective à la fois réelle et véritablement humaine. C’est là toute la différence entre un combat politique qui – à l’image de celui des anarchistes, des socialistes et des populistes du XIXe siècle - visait d’abord à offrir aux individus les moyens d’accéder à une vie réellement autonome – condition de toute "vie bonne" et, si possible, heureuse - et un processus historique de fuite en avant perpétuelle (sous le triple aiguillon du marché "autorégulé", du droit abstrait et de la culture mainstream) que presque plus personne – du moins parmi nos éblouissantes "élites"- ne songe encore à maîtriser en profondeur et qui ne saurait conduire (quand bien même serait-il sanctionné sous le nom de "Progrès") qu’à une atomisation définitive de l’espèce humaine. »
Jean-Claude Michéa, Postface à "La culture de l’égoïsme" de Christopher Lasch & Cornelius Castoriadis
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22/11/2012
Toute l’ivresse d’une défaite éclatante et méritée s’est présentée devant nous
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« Plus l’apocalypse s’est rapprochée de l’Allemagne et plus elle est devenue ma patrie. On ne peut pas compter sur le hasard. Les rencontres individuelles sont des chances. Il n’y a pas de logique des chances. Or l’Allemagne, en 1944, fut le grand lieu de rencontre des desperados de l’Europe. Toute l’ivresse d’une défaite éclatante et méritée s’est présentée devant nous. »
Roger Nimier, Les épées
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21/11/2012
Car les pierres ont mieux résisté que les âmes
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« Mais c’était la douceur savoureuse d’octobre, il l’emmenait quelquefois à la campagne un jour entier, toujours vers les forêts. Il n’avait jamais osé auparavant emmener une femme parmi les grands arbres. Il voulait la retirer des salons, des golfs, des restaurants. La France est un pays de forêts. Il y a encore autour de Paris, en tirant vers le nord ou vers l’ouest, de ces grands refuges. Là il aurait voulu la préparer au ton secrètement hautain des cathédrales, des châteaux et des palais qui sont les derniers points d’appui de la grâce, car les pierres ont mieux résisté que les âmes. Il était soudain fort éloigné de leur lit et de ses fièvres; elle retrouvait près de lui le climat nordique où les gens nourrissent si abondamment le rêve, qu’ils s’y épuisent et s’y effacent pendant de longs moments. Il n’était plus que floraison imaginaire. »
Pierre Drieu la Rochelle, Gilles
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20/11/2012
Oui, le cœur de l’Europe est à l’Est
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« Nous refusons la “petite Europe” bourgeoise et réactionnaire. Dans la bibliothèque du couvent Strahov, à Prague, il y a une gravure ancienne représentant l’Europe sous les traits d’une femme dont le cœur est la Bohême. Ce dessin exprime notre sentiment profond : oui, le cœur de l’Europe est à l’Est, dans cette antique et noble ville de Prague dont nous autres, bons Européens, nous ferons un jour notre capitale rayonnante. »
Gabriel Matzneff, Le défi
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