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01/11/2013

Le démon exige un coeur héroïque et offre de magnifiques victoires spirituelles

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

 

« Qu’il prenne la forme de l’abandon passionné de soi jusqu’à la dissolution dans l’élémentaire ou de l’effort infatigable pour la conservation et le développement de la personnalité, le combat avec le démon exige un coeur héroïque et offre de magnifiques victoires spirituelles. Si nous avons opposé ici le caractère des deux formes ce n’est que pour faire ressortir par le symbole la beauté de chacune, non pour que l’on se prononce en faveur de l’une ou de l’autre et moins encore pour appuyer la banale interprétation clinique toujours courante selon laquelle Goethe représenterait le normal et ceux-là le pathologique, l’un la santé et les autres la maladie. Car la maladie qui crée des valeurs immortelles n’est plus de la maladie mais une forme de l’excès de santé, de la santé suprême. Et si même le démoniaque se trouve à l’extrême limite de la vie et se penche déjà au-dessus de l’inaccessible, de l’infini, il n’en fait pas moins partie de l’humain et ne jure pas avec la nature. Car elle aussi est parfois tragique, elle aussi, prototype de toutes les lois, a ses moments d’exaltation, où elle tend redoutablement ses forces et cause sa propre destruction. Elle aussi interrompt quelquefois sa marche tranquille, mais ce n’est qu’à ces heures-là, dans sa démesure, que nous prenons conscience de sa mesure. Seul l’extraordinaire nous élargit l’esprit, seul le frisson devant des forces nouvelles accroît notre sensibilité. C’est pourquoi l’exceptionnel est toujours la mesure de toute grandeur. Et l’élément créateur reste, même dans ses créations les plus troublantes et les plus dangereuses, valeur au-dessus de toutes les valeurs, esprit au-dessus de nos esprits. »

Stefan Zweig, Le Combat avec le Démon : Kleist, Hölderlin, Nietzsche


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