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13/12/2013

Celui qui souffre prescrit contre sa souffrance le miel de la vengeance

=--=Publié dans la Catégorie "Friedrich Nietzsche"=--=

 

On a reconstitué la tête du tyran sanguinaire Robespierre...

Une tronche qui vient appuyer tout ce qu'a pu dire Nietzsche à propos des révolutionnaires et, même, des chrétiens de son temps (mièvres, déjà, catholiques saint sulpiciens, douceâtres et protestants béats) et de leurs ressentiments.

J'avais déjà mis cet extrait sur mon Blog par le passé, de concert avec une longue citation de Léon Bloy et une chanson du groupe U2... je la remets ici comme une piqûre de rappel...

« CHRÉTIEN ET ANARCHISTE. — Lorsque l’anarchiste, comme porte-parole des couches sociales en décadence, réclame, dans une belle indignation, le "droit ", la "justice", les "droits égaux", il se trouve sous la pression de sa propre inculture qui ne sait pas comprendre pourquoi au fond il souffre, — en quoi il est pauvre en vie… Il y a en lui un instinct de causalité qui le pousse à raisonner : il faut que ce soit la faute à quelqu’un s’il se trouve mal à l’aise… Cette "belle indignation" lui fait déjà du bien par elle-même, c’est un vrai plaisir pour un pauvre diable de pouvoir injurier — il y trouve une petite ivresse de puissance. Déjà la plainte, rien que le fait de se plaindre peut donner à la vie un attrait qui la fait supporter : dans toute plainte il y a une dose raffinée de vengeance, on reproche son malaise, dans certains cas même sa bassesse, comme une injustice, comme un privilège inique, à ceux qui se trouvent dans d’autres conditions. "Puisque je suis une canaille tu devrais en être une aussi" : c’est avec cette logique qu’on fait les révolutions. Les doléances ne valent jamais rien : elles proviennent toujours de la faiblesse. Que l’on attribue son malaise aux autres ou à soi-même — aux autres le socialiste, à soi-même le chrétien — il n’y a là proprement aucune différence. Dans les deux cas quelqu’un doit être coupable et c’est là ce qu’il y a d’indigne, celui qui souffre prescrit contre sa souffrance le miel de la vengeance. Les objets de ce besoin de vengeance naissent, comme des besoins de plaisir, par des causes occasionnelles : celui qui souffre trouve partout des raisons pour rafraîchir sa haine mesquine, — s’il est chrétien, je le répète, il les trouve en lui-même… Le chrétien et l’anarchiste — tous deux sont des décadents. — Quand le chrétien condamne, diffame et noircit le monde, il le fait par le même instinct qui pousse l’ouvrier socialiste à condamner, à diffamer et à noircir la Société : Le "Jugement dernier" reste la plus douce consolation de la vengeance, — c’est la révolution telle que l’attend le travailleur socialiste, mais conçue dans des temps quelque peu plus éloignés… L’ "au-delà" lui-même — à quoi servirait cet au-delà, si ce n’est à salir l’ "en-deçà" de cette terre ?… »

Friedrich Nietzsche, Crépuscule des idoles

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Commentaires

A voir pour parfaire ses connaissances sur Robespierre (oui c'est un peu long mais passionnant). L'Histoire étant écrite par les vainqueurs dont nous supportons actuellement l'immonde descendance, il faut toujours un bouc émissaire pour justifier ses actes (Néron pour les chrétiens, Robespierre pour les bourgeois ayant détourné la révolution à leur profit, Khadafi, El Assad...)
http://www.youtube.com/watch?v=hrghLyElSCY

Écrit par : pierre Aragon | 14/12/2013

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