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27/12/2013

On se demande vraiment comment peuvent se former, chez ces favorisés du sort, de telles provisions de haine

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« L’intolérance jacobine se répand tellement que les gouvernants eux-mêmes emploient sans scrupules les procédés les plus révolutionnaires à l’égard de leurs ennemis, persécutant avec violence, jusqu’à les dépouiller de leurs biens, les partis leur faisant la moindre opposition. Nos gouvernants se conduisent aujourd’hui comme les anciens conquérants. Le vaincu n’a rien à espérer du vainqueur.
Loin d’être spéciale aux classes populaires, l’intolérance s’observe donc également dans les classes dirigeantes. Michelet avait remarqué depuis longtemps que les violences des lettrés sont parfois plus intenses que celles du peuple. Sans doute ils ne brisent pas les réverbères, mais sont facilement disposés à faire casser les têtes. Les pires violences de la Révolution furent commises par des bourgeois lettrés, professeurs, avocats, etc., possesseurs de cette instruction classique que l’on suppose adoucir les moeurs.
Elle ne les a pas plus adoucies aujourd’hui qu’à cette époque. On s’en rend compte en parcourant ces journaux avancés dont les rédacteurs se recrutent surtout parmi des professeurs de l’Université. Leurs livres sont aussi violents que leurs articles et l’on se demande vraiment comment peuvent se former, chez ces favorisés du sort, de telles provisions de haine. On les croirait difficilement s’ils assuraient qu’un intense besoin d’altruisme les dévore. On admettra plus aisément, qu’à côté d’une mentalité religieuse étroite, l’espoir d’être remarqués par les puissants du jour, ou de se créer une popularité productive, sont les seules explications possibles des violences affichées dans leurs écrits de propagande. (...)
La religion jacobine — surtout sous sa forme socialiste — a sur les esprits de faible envergure toute la puissance des anciens dieux. Aveuglés par leur foi ils croient avoir la raison pour guide et sont dirigés uniquement par leurs passions et leurs rêves. L’évolution des idées démocratiques a donc entraîné, en dehors des actions politiques déjà marquées, des conséquences considérables sur la mentalité des hommes modernes. Si les anciens dogmes religieux ont épuisé depuis longtemps leur contenu, les théories démocratiques sont loin d’avoir épuisé le leur et nous en voyons chaque jour s’étendre la floraison. Une des principales a été la haine générale des supériorités. Cette haine de ce qui dépasse le niveau moyen, par la situation sociale, la fortune ou l’intelligence est générale aujourd’hui dans toutes les classes, de l’ouvrier aux couches les plus élevées de la bourgeoisie. »

Gustave Le Bon, La Révolution française et la Psychologie des révolutions

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