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20/02/2014

Populisme...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Parallèlement au ralliement d’une grande partie de la gauche à l’économie de marché, sinon au réformisme libéral, la montée d’une culture de gauche d’inspiration hédoniste libertaire (dite bo-bo) est l’un des facteurs qui ont le plus contribué à couper les partis de gauche des couches populaires, lesquelles ont assisté avec stupéfaction à l’émergence puis à l’installation médiatique d’une gauche mondaine et arrogante plus portée à défendre l’  "homoparentalité", les "sans-papiers", l’art contemporain, les "droits des minorités", le discours sur les "genres", le "politiquement correct", les phobies corporelles et la surveillance permanente du comportement d’autrui, qu’à renouveler le langage de la classe ouvrière en se plongeant si nécéssaire les mains dans le cambouis. Ayant laissé aux libéraux le champ libre dans les domaines économique et social, la "gauche caviar", c’est-à-dire la grande bourgeoisie libérale de gauche, d’autant plus permissive en matière de mœurs qu’elle est indifférente en matière sociale, se tient à distance de milieux populaires dans lesquels elle ne se reconnaît plus. "La gauche caviar, géographiquement, vivait éloignée des classes pauvres, écrit Laurent Joffrin. Par un étrange processus, elle décida, de surcroît, de s’en couper politiquement. Et cela à travers une opération culturelle et idéologique d’une tragique frivolité : l’escamotage du peuple."

Les "people" ont ainsi remplacé le peuple. Elue par la mondialisation, une "Nouvelle Classe politique médiatique" s’est mise en place, qui associe dans un même "élitisme de la richesse et du paraître", dirigeants politiques, hommes d’affaires et représentants des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s’appellent par leurs prénoms) tous convaincus de la "dangerosité" des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe parlait de "supra-société". Confrontée à un peuple qu’elle redoute et qu’elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s’emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l’accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs.

Ce mépris du peuple s’alimente bien entendu de la critique d’un "populisme" assimilé désormais à n’importe quelle forme de démagogie ou d’  "irrationalisme" de masse. Qui parle aujourd’hui du peuple s’expose par là même au reproche de "populisme". Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle "maladie infantile" de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au "populisme" fournit ainsi à la mise à l’écart du peuple une justification théorique, sinon savante. »

Alain de Benoist, Dans la Revue KRISIS - 2008

 

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Commentaires

Brillant comme d'hab'. J'ai tenté récemment de convaincre des collègues d'ouvrir un livre de De Benoist pour découvrir cette intelligence singulière. Leurs tronches effarées m'ont de suite fait comprendre qu'il valait mieux ne pas insister. La pensée unique au service du politiquement correct. (Les carottes sont cuites comme disait Blondin.)

Écrit par : Paglop77 | 21/02/2014

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