21/02/2014
Il y a toujours de tout chez tous
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« Ce que je veux, c’est L’ANARCHIE OBLIGATOIRE : tout ce qui sort du désordre serait sévèrement puni ! Étonnez-vous après ça qu’on me trouve raciste et fasciste ! Fasciste et pourquoi pas ? Anarcho-fasciste. C’est dans le drapeau noir que se taillent les plus belles chemises. Je crois bien avoir trouvé la jointure de l’anarchie et du fascisme. Pour un anarchiste, seul enseignement: le fascisme. Moi il y a longtemps que je ne lis plus que de la littérature la plus fasciste possible… Ils ont tous peur de se demander pourquoi systématiquement, les plus grands écrivains viennent de l’extrême-droite absolue. Ça les effraie d’y deviner une causalité sulfureuse ! Pauvres cons ! Restez bien dans vos préjugés de gauchistes de merde !… Et l’extrême-droite est encore démocratique. Le fascisme est beaucoup plus loin, hors de l’hémicycle. La gauche est maintenant au centre de la droite. Tout a dévié. Après l’extrême-gauche, il y a l’anarchie. Après l’extrême-droite, il y a le fascisme. Les plus forts sont ceux qui trempent en même temps leur plume dans les deux encres. C’est vrai que j’ai du fascisme dans mon comportement, mais pas plus qu’un autre. Je ne le terre pas, c’est tout. Il y a toujours de tout chez tous. Tout le monde est méchant, tout le monde est bête, tout le monde est intelligent, tout le monde est généreux, égoïste: c’est l’histoire des paramètres.
Moi je n’attends pas de voir réapparaître un certain national-socialisme en France pour prendre conscience du fascisme intrinsèque de tout individu. D’abord parce que je pourrais attendre longtemps; ensuite parce que je me priverais de la lecture de grands textes qui, sous la caricature un peu démodée de la politique, laissent entrevoir des richesses métaphysiques et éthiques d’une grande valeur littéraire. C’est facile de négliger les paramètres caractériels du fascisme. Tout le monde a peur de mélanger les caractères avec les idéaux politiques. Se faire traiter de nazi parce qu’on donne une claque à son gosse, c’est un abus de langage, d’accord. Heureusement que le monde est plus subtil que le langage ! Il doit y avoir autant de pères démocrates qui foutent des paires de claques à leurs enfants que de fascistes. À la limite, je peux même très bien imaginer un fasciste qui embrasse ses enfants pendant qu’un père d’extrême-gauche lui fout une rouste monstre… Je voudrais sublimer, décortiquer, faire résonner le mot « fasciste » tel que le lieu commun l’a transformé en adjectif bouffon, déplaisant, arbitraire, stupide et ridicule. Léon Bloy savait quelle religion il y a à creuser des puits dans l’inconscient des clichés. Je suis persuadé que le fascisme est un état d’esprit profondément ancré chez l’homme et que seuls les plus honnêtes mettent sur la table. Le fascisme n’est pas groupusculaire mais individuel. »
Marc-Édouard Nabe, Au régal des vermines
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