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17/03/2014

Il appelait aux fonctions des hommes sans autre noblesse que leur honnêteté

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Comme souverain, Marc Aurèle réalisa la perfection de la politique libérale. Le respect des hommes est la base de sa conduite. Il sait que, dans l’intérêt même du bien, il ne faut pas imposer le bien d’une manière trop absolue, le jeu libre de la liberté étant la condition de la vie humaine. Il désire l’amélioration des âmes et non pas seulement l’obéissance matérielle à la loi ; il veut la félicité publique, mais non procurée par la servitude, qui est le plus grand des maux. Son idéal de gouvernement est tout républicain. Le prince est le premier sujet de la loi. Point de luxe inutile ; stricte économie ; charité vraie, inépuisable ; accès facile, parole affable ; poursuite en toute chose du bien public, non des applaudissements.
Le progrès des moeurs y fut sensible. Beaucoup des buts secrets que poursuivait instinctivement le christianisme furent légalement atteints. Le régime politique général avait des défauts profonds ; mais la sagesse du bon empereur couvrait tout d’un palliatif momentané. Chose singulière  ! ce vertueux prince, qui ne fit jamais la moindre concession à la fausse popularité, fut adoré du peuple. Il était démocrate dans le meilleur sens du mot.
La vieille aristocratie romaine lui inspirait de l’antipathie. Il ne regardait qu’au mérite, sans égard pour la naissance, ni même pour l’éducation et les manières. Comme il ne trouvait pas dans les patriciens les sujets propres à seconder ses idées de gouvernement sage, il appelait aux fonctions des hommes sans autre noblesse que leur honnêteté. »

Ernest Renan, Marc Aurèle ou La fin du monde antique

 

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