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22/03/2014

Il y a trois degrés de solitude

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Il y a trois degrés de solitude. Il y a d'abord la solitude de fait, tout occasionnelle et momentanée ; et elle ne compte pas, à vrai dire, bien qu'elle soit déjà insupportable à beaucoup d'hommes. Les hasards d'une voyage vous ont fait échouer dans une ville où vous ne connaissez personne, par exemple, mais le même voyage vous en arrachera demain. C'est la solitude du premier degré, dont la cause est extérieure. Celle du second degré a déjà plus d'importance, parce que sa cause est en nous. C'est celle où met le caractère, celle à laquelle certains d'entre les hommes se trouvent peu à peu réduits par les réactions mêmes de leur sensibilité : ainsi beaucoup de misanthropes, de faux bourrus et de gens dits sauvages, parce qu'ils ont l'air de fuir la compagnie de leur prochain, mais cette compagnie en même temps leur fait besoin : c'est-à-dire qu'ils ont été vers leurs semblables et que l'accueil qu'ils en ont reçu les a blessés. La solitude est pour eux un refuge et un refuge obligatoire. Pourtant cette solitude-là ne compte pas vraiment encore, n'étant pas sans remède. Elle n'est que sociale et n'empêche pas toute relation avec les êtres et les choses ; non seulement elle ne supprime pas les amitiés, mais le plus souvent elle les renforce et les multiplie ; elle ne supprime pas l'amour qu'elle contribue au contraire à faire briller avec plus d'éclat quand il se déclare. La vraie solitude, et c'est son troisième degré, est la solitude métaphysique. Elle est, à le bien prendre, la seule solitude véritable. »

Charles Ferdinand Ramuz, Remarques

 

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