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19/06/2014

La quête en soi et en dehors de soi d'une réconciliation sensible avec le monde

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Si l'artiste ne travaille pas pour une élite, alors pourquoi identifier si souvent l'expérience artistique à une démarche dite élitiste et donc discriminatoire ?

[...]

Le problème vient du fait qu'il ne suffit pas toujours de savoir parler la langue du pays pour savoir y faire de vraies rencontres, de même il ne suffit pas de savoir lire pour jouir du plaisir du livre, il ne suffit pas d'avoir gratuitement accès à des tableaux pour savoir les regarder.

Il faut autre chose.

Et c'est l'identification de cet "autre chose" qui fait la difficulté. L'on peut penser que cet "autre chose" s'apparente à l'éducation et aux connaissances ; pour apprécier un tableau, il faut savoir des choses et appartenir à un milieu culturel ou l'on "sait", mais nous avons vu que l'érudit avec sa volonté systématique de savoir n'était pas plus avancé que l'abruti dans cette épreuve modificatrice de soi qui se propose à certains ; la puissance d'une oeuvre ne se transmet qu'a ceux qui sont des connaisseurs, penser que ce "quelque chose" qui manquerait aux "débutants" ou aux "ignorants" dessinerait la différence entre les élus et les non élus, c'est se méprendre sur la puissance de l'art, l'ouverture des sensibilités, et comme souvent à force de vouloir dénoncer l'élitisme, le promouvoir. Ce ne sont pas les œuvres qui choisissent leurs spectateurs et qui décident à leur place qui est apte ou inapte, il existe dans la vie sociale bien d'autres lieux et d'autre formes de sélection et de constitution des élites. En revanche, ce "quelque chose" qu'il faut sans doute chercher et qui fait la différence entre les êtres dans leurs rapports à l'art et à la culture, c'est sans doute la recherche du plaisir. Sa recherche, non pas son accès immédiat. Autre chose de chercher à se montrer cultivé, intelligent, riche et savant ; autre chose de chercher à faire du mode sensible par lequel on perçoit le monde un mode d'intensification de soi-même. La recherche du plaisir non pas nécessairement immédiat, automatique, obligatoire, mais la quête en soi et en dehors de soi d'une réconciliation sensible avec le monde, c'est sans doute là que se joue la véritable élection. »

Christine Cayol, L'intelligence sensible

 

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