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01/07/2014

Tous les maladifs aspirent au troupeau...

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Tous les maladifs aspirent au troupeau. La quantité leur est compensatrice – du moins le croient-ils – de ce qui leur manque : s'ils sont plusieurs à souffrir d'eux-mêmes, il leur semble qu'ils souffrent moins. Ceux qui se réclament des valeurs judéo-chrétiennes prêtent parfois aux "puissants" les sentiments qu'ils auraient, qu'ils seraient tentés d'avoir s'ils étaient à leur place, sans voir que la vraie puissance est à elle-même sa propre fin, qu'elle ne vise, à condition d'être sereine, à aucune utilité – que "la volonté de volonté nie toute fin en soi et ne tolère aucune fin si ce n'est comme moyen, afin de se vaincre elle-même au jeu, délibérément, et d'organiser un espace pour ce jeu" (Martin Heidegger, "Essais et conférences", Gallimard 1980, p. 103). Dans le paganisme, le bonheur n'est jamais antagoniste de la puissance. Mais il n'est pas non plus antagoniste de l'équité. En condamnant l'exaltation de la faiblesse, le paganisme ne vise en aucune façon à justifier l'écrasement des faibles par les forts, ni à constituer l' "alibi idéologique" d'un quelconque désordre établi. Il prétend, tout au contraire, contribuer à former le cadre spirituel permettant à tout homme, quel que soit son rang, à supposer seulement qu'il en ait la volonté, de cultiver en lui ce qui le renforce, et non ce qui le défait. Il ne reproche pas au judéo-christianisme de défendre les faibles injustement opprimés. Il lui reproche d'exalter en eux leur faiblesse, d'y voir la marque de leur élection et leur titre de gloire ; il lui reproche de ne pas les aider à devenir forts. Il ne s'agit donc pas d'opposer les forts aux faibles – aujourd'hui, d'ailleurs, c'est le paganisme qui est faible, et le monothéisme judéo-chrétien qui est fort -, mais bel et bien d'opposer un système à devenir fort à un système à rester faible. Il s'agit aussi de faire du monde, non une vallée de larmes, non un théâtre d'ombres, non une scène où l'homme avec un bonheur inégal joue son salut, mais le champ naturel d'expansion de soi pour un homme capable, en s'affirmant autonome, de s'instituer lui-même comme son propre projet. »

Alain de Benoist, Comment peut-on être païen ?

 

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