08/01/2015
Je ne suis pas Charlie, par Richard Millet
=--=Publié dans la Catégorie "Franc-tireur"=--=
« J’ai, pour une fois, hier soir, écouté la radio et regardé la télévision d’Etat. J’avais oublié le ton sur lequel les journalistes prennent de haut le peuple français – ou ce qu’il en reste ; et je ne suis pas certain d’avoir, ce matin, le courage d’ouvrir les organes officiels de la Propagande concernant le massacre commis à Charlie Hebdo, puis dans la rue Nicolas-Appert, inventeur de la conserve industrielle. Seuls les naïfs, ou les menteurs, peuvent s’étonner de ce nouvel épisode de la guerre en cours – après Merah, Nemmouche et l’apprenti sorcier de Joué-les-Tours (pour ne pas remonter à l’époque de Kelkal et, plus loin, encore, de Naccache : il y a bien une persévérance dans le démoniaque dijhadiste). Je m’étonne, moi, qu’on n’ait pas de nouveau parlé, hier soir, de "loups solitaires", comme si des loups pouvaient être isolés à l’heure des "réseaux sociaux" et du téléphone satellitaire, parfaitement maîtrisés par le djihadisme international ; mais je suis rassuré qu’on ait mis en place une "cellule d’aide psychologique", les citoyens français étant à ce point conditionnés par les mots d’ordre du Bien qu’ils sont incapables de réagir devant le surgissement du Mal – le vrai, non le mythe du "retour des années 30" orchestré par ceux qui, justement, feignent de ne pas voir ce qui se passe.
Comme d’habitude, on n’a parlé de rien, à grands renforts de "spécialistes", de "confrères" et d’hommes politiques venus donner le la – au premier rang desquels, plus encore que Hollande, qu’on croyait disparu dans le roman de Houellebecq, Mme Kosciusko-Morizet prenant des airs de dame aux camélias, place de la République, pour dire les mêmes effarantes banalités que le premier venu – la politique n’étant rien d’autre, aujourd’hui, que l’exhaustion du premier venu sur la scène médiatique.
Si je ne puis m’associer aux flots de larmes soulevé par des actes qui, il va de soi, m’inspirent la même horreur que ceux de Breivik, c’est d’abord parce que le système politico-médiatique refuse de montrer la nature profonde de cette tragédie : une guerre civile qui plonge une grande partie de ses racines dans l’immigration musulmane, et dont les guerriers, aux noms toujours semblables dans leur morphologie et emblématiques d’une haine affichée de la France et de l’Occident ; le djihadisme naît principalement du refus de s’assimiler et du multiculturalisme d’Etat.
Charlie Hebdo n’est pas en guerre contre le multiculturalisme : ce journal fait partie de la Propagande d’Etat, et j’ai toujours regretté que Cabu, Wolinski et Charb mettent leur incomparable talent au service de quelque chose qui dépasse le simple refus de l’islamisme : la haine de l’Eglise catholique, laquelle a pour pendant l’antisémitisme d’origine maghrébine, et qui est un des acquis du multiculturalisme. J’ai toujours méprisé l’acharnement et les cibles faciles ; c’est pourquoi je hais l’anticléricalisme officiel autant que le dos courbé du clergé devant les attaques dont il est l’objet. Peu avant l’attentat, hier matin, j’avisais au flanc d’un kiosque un affichette publicitaire publiée par ce journal, et sur laquelle la naissance du Christ était moquée outrancièrement, l’illustration annonçant un article de Mordillat et Prieur, néo-renaniens duettistes de la déconstruction du christianisme, qui ont trouvé là de quoi faire oublier l’indigence de leur œuvre littéraire et cinématographique ; et je me demandais ce qu’il en est de la liberté d’expression, en France, pour ceux qui n’ont nulle voix au chapitre et qui ne peuvent se résoudre au triomphe du nihilisme, dont Charlie Hebdo est un organe actif.
La guerre en cours n’est pas une guerre de religion, comme voudraient nous le faire croire Charlie Hebdo et les djihadistes : c’est, redisons-le, une guerre civile que la présence sur le sol européen d’une masse croissante de musulmans rend d’autant plus violente qu’on la tait, même quand elle suggère aux Juifs français d’émigrer, de plus en plus nombreux, en Israël. Ainsi suis-je étonné que, pas une seule fois, hier soir, au journal de France 2, le mot de musulman n’ait été prononcé, bien que les terroristes aient tué, semble-t-il, deux de leurs coreligionnaires – ce qui montre bien l’étendue de la terreur islamiste, devant laquelle les journalistes officiels se couchent, devenant ses complices de fait. Il est vrai qu’ils sont, il faut y revenir, les séides de ce nihilisme officiel dont, avant le massacre, Libération donnait un exemple entre mille, la veille, en publiant le portrait d’une certaine Mme Schneck dont on me dit qu’elle publie des livres et qui croyait devoir apprendre à la France qu’elle avait avorté à l’âge de 17 ans – l’insignifiance littéraire étant aussi une des figures du nihilisme –, tandis que l’affaire Vincent Lambert était portée, le même jour, devant la Cour européenne des Droits de l’homme, à charge pour celle-ci de décréter de la vie ou de la mort d’un homme plongé dans le coma. Le même jour, la France perdait sa place de 5ème puissance industrielle...
Les rédacteurs de Charlie Hebdo sont morts les armes à la main. Je respecte les guerriers, fussent-ils des ennemis – ce que je ne saurais faire pour les terroristes, et je m’incline devant les deux policiers assassinés. Si je ne m’associe pas au deuil national décrété par Hollande, c’est que je n’ai rien de commun avec les fourriers de l’insignifiance étatique, outre que je refuse de faire corps avec un pouvoir qui a fait voter le mariage homosexuel et la loi sur l’euthanasie. Avait-on décrété une journée de deuil pour les collégiens juifs de Toulouse et les militaires de Montauban, dont deux musulmans, assassinés par Merah ? Le massacre de Charlie Hebdo a eu lieu le matin même où paraissait le roman de Houellebecq, à qui les djihadistes ont en quelque sorte donné une pathétique mais prévisible actualité. Hollande avait déclaré qu’il lirait le roman, "parce qu’il fait débat" : on n’en est plus là. Il n’y a pas de débat ; nous sommes en guerre. Une guerre que le système politico-médiatique occulte au nom de la "tolérance" et des "valeurs républicaines". Nous sommes libres, nous, de refuser toute forme de collaboration avec une classe politique qui a rendu possible le massacre d’hier, et, plus largement, la guerre civile »
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