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13/01/2015

Le murmure de quelques livres

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« Je viens de passer plus de trois mois sur les routes de Grèce, de Belgique et du Danemark. Trois mois loin de mes livres. En rentrant chez moi j’ai été presque aussi content de les retrouver que de revoir mes proches. Je ne sais plus quel écrivain disait que lorsqu’il passait devant ses livres, il les entendait chuchoter. Tant de mots compressés dans tant de pages et traduisant tant de pensées et recelant tant de sens finissaient par émettre un brouhaha, un froissement presque audible. Je me suis approché de mes rayonnages pour y capter le murmure de quelques livres. »

Sylvain Tesson, Géographie de l’instant

 

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Une aspiration à la moyenne

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« Le bourgeoisisme lui-même, en tant qu’état humain qui subsiste à perpétuité, n’est pas autre chose qu’une aspiration à la moyenne entre les innombrables extrêmes et antipodes de l’humanité. Prenons pour exemple une de ces paires de contrastes telle que le saint et le débauché, et notre comparaison deviendra immédiatement intelligible. L’homme a la possibilité de s’abandonner entièrement à l’esprit, à la tentative de pénétration du divin, à l’idéal de la sainteté. Il a également la possibilité inverse de s’abandonner entièrement à la vie de l’instinct, aux convoitises de ses sens, et de concentrer tout son désir sur le gain de la jouissance immédiate. La première voie mène à la sainteté, au martyre de l’esprit, à l’absorption en Dieu. La seconde mène à la débauche, au martyre des sens, à l’absorption en la putrescence. Le bourgeois, lui, cherche à garder le milieu modéré entre ces deux extrêmes. Jamais il ne s’absorbera, de s’abandonnera ni à la luxure ni à l’ascétisme ; jamais il de sera un martyr, jamais il ne consentira à son abolition : son idéal, tout opposé, est la conservation du moi ; il n’aspire ni à la sainteté, ni à son contraire, il ne supporte pas l’absolu, il veut bien servir Dieu, mais aussi le plaisir ; il tient à être vertueux, mais en même temps à avoir ses aises. Bref, il cherche à s’installer entre les extrêmes, dans la zone tempérée, sans orage ni tempêtes violentes, et il y réussit, mais au dépens de cette intensité de vie et de sentiment que donne une existence orientée vers l’extrême et l’absolu. On ne peut vivre intensément qu’aux dépens du moi. Le bourgeois, précisément, n’apprécie rien autant que le moi (un moi qui n’existe, il est vrai, qu’à l’état rudimentaire). Ainsi, au détriment de l’intensité, il obtient la conservation et la sécurité ; au lieu de la folie en Dieu, il récolte la tranquillité de la conscience ; au lieu de la volupté, le confort ; au lieu de la liberté, l’aisance ; au lieu de l’ardeur mortelle, une température agréable. Le bourgeois, de par sa nature, est un être doué d’une faible vitalité, craintif, effrayé de tout abandon, facile à gouverner. C’est pourquoi, à la place de la puissance, il a mis la majorité ; à la place de la force, la loi ; à la place de la responsabilité, le droit de vote. »

Hermann Hesse, Le loup des steppes

 

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A cowardly Cartoonist...

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The Tea Party : "Correspondences"

=--=Publié dans la Catégorie "Music..."=--=

 

 

 

 

hope springs to life
charmed by approaching listlessness
hands reaching out
to grasp the open emptiness

leading me down...

and this goodbye
faced with hope and countenance
souls slip away
to bask in glowing radiance

leading me down...

as we run from the sun
and we harbour the lies
and we leave things undone
as we cover our eyes

does it tear you apart my love
does it tear you apart my love
it tears me apart

charmed by this light
this sombre guidance in her eyes
rage would entice
and final moments would arise

leading me down...

does it tear you apart my love
does it tear you apart my love
it tears me apart

 

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Jusqu’à l’instant où la chambre se remplira de cendres

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« La vie est un grand Hymne de Jouissance.
Mon âme éblouie de ténèbres vibre comme une Corde de Guitare en contemplant la Bien-aimée. Demain nous serons déjà des étrangers l’un pour l’autre, mais à présent je ne vis que pour toi, pour le clair jardin sublime qu’est ton corps nimbé de Tendresse.
Nous rêverons ensemble tant que murmurera cette nuit foisonnante jusqu’à l’instant où la chambre se remplira de cendres, et nous brisera le joug d’un jour nouveau et les réverbères se pendront aux carrefours… Ton Front surgit dans la pénombre comme une aurore. Ton front est le miroir bruni qui thésaurise l’ivoire de toutes les nouvelles lunes. Ton front est le drapeau d’ivoire qui doucement ondoiera, disant ta reddition et ma victoire.
O Bien-aimée, nos baisers incendieront la nuit.
Et laisse ouverte la Fenêtre, car je veux convier l’Univers à mes Noces ; je veux que l’Air, la Mer, les Eaux et les Arbres jouissent de tes chairs astrales, jouissent du fébrile bref Festin de ta beauté et de ma force.
A présent mon palais est un joug rouge sous la rouge flamme de la ta langue… L’obscurité se remplit d’aurores.
A présent ton corps, délicieusement, comme une étoile, tremble dans mes bras.
Déjà toutes les ténèbres se sont endormies. »

Jorge Luis Borges, Parenthèse passionnelle, in "Rythmes rouges"

 

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La libre détermination d’Alexandre tranchant l’immobilité du nœud gordien

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« Méditant sur l’âme européenne dans ce qui la distingue de l’Orient proche ou lointain, Ernst Jünger a isolé comme révélatrice la libre détermination d’Alexandre tranchant l’immobilité du nœud gordien. Si l’Asie épouse les énergies du monde, l’Europe est tentée de s’en emparer pour les soumettre à sa volonté. L’une est associée à la force apparemment tranquille de l’eau, l’autre à celle du feu. En Occident, l’éthique et la philosophie n’échappent jamais à la volonté. L’une et l’autre ne sont pas seulement des chemins vers la sagesse, mais une construction de soi par l’exercice du corps, de l’âme et de l’esprit, comme dans un gymnase, ce lieu de l’éducation grecque qui a perduré jusqu’à nous malgré ses altérations. Il n’est donc pas surprenant que l’histoire, théâtre de la volonté, ait été une invention européenne. »

Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens

 

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Tout historien des pratiques monétaires et financières dans les sociétés médiévales constate que le prêt à intérêt se pratiquait partout, par tous

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« L’homme du Moyen-Âge vivait donc accablé d’une religiosité aveugle, de superstitions ridicules, qui lui interdisaient tout libre arbitre et coulaient la société dans un étroit carcan d’obligations et de  tabous. Telle est l’idée communément admise et soutenue, depuis très longtemps, par toutes sortes d’ouvrages très sérieux. Preuve en serait, parmi tant d’autres, l’interdiction et la "condamnation" de l’usure, (...),  le schéma pouvait s’inscrire d’une manière simpliste et les auteurs, plus soucieux d’énoncer des principes généraux que de cerner des réalités d’approche parfois difficile, en ont tiré les conclusions que l’on sait : l’Eglise défendait, personne n’osait et les bons chrétiens se sont donc, de bon gré, par conviction ou par peur des pénitences et même des feux de l’Enfer, abstenus de pratiquer les prêts d’argent et même toute pratique comptable ou scripturaire qui impliquait un profit de ce genre. (...) Seuls les Juifs, placés hors de cette loi commune, marginaux, étrangers, méprisés et détestés de ce fait, pouvaient se risquer à pratiquer l’usure.

(...)

Ce fut la thèse soutenue, sans preuves à l’appui mais très satisfaisante pour l’esprit, par Werner Sombart, dans les années 1900-1930, thèse complètement démantelée depuis par des innombrables travaux, non de philosophes de l’Histoire mais de véritables chercheurs et, cependant, toujours à l’honneur, toujours inspiratrice de discours et de manuels. (...) Il y  a tant à dire sur ces naïvetés que l’on ne sait par où commencer. Tout est faux et à reprendre à la simple lecture des documents, lecture qui, évidemment, ressort d’une autre démarche intellectuelle que la spéculation.
Quelques évidences tout d’abord : les rappels de l’interdiction de l’usure, rappels précis, circonstanciés, adaptés à chaque pratique, certes furent très fréquents, constamment renouvelés, édictés non seulement par l’Église elle-même à différents degrés de la hiérarchie, mais tout autant par le gouvernement princier ou municipal. Cependant, la multiplication des règlements et interdictions n’est, en aucun cas, que les hommes s’y pliaient et que ces pratiques du prêt n’avaient pas cours ; tout au contraire, c’est le signe de graves résistances et désobéissances, et donc de la permanence des pratiques usuraires. Une abondante production réglementaire montre clairement que les infractions demeuraient nombreuses et que les hommes tenaient peu compte des interdictions.

(...)

Tout historien des pratiques monétaires et financières dans les sociétés médiévales, tant urbaines que rurales, constate que le prêt à intérêt se pratiquait partout, par tous, sous différentes manières et parfois vraiment à petit prix.

(...)

Les communautés juives n’étaient pas forcément exclues, nettement séparées, cantonnées dans une juiverie (le mot de ghetto n’apparaît que plus tard), dans un quartier fermé, en tous cas soigneusement isolé. (...) D’autre part, les Israélites n’étaient pas seulement prêteurs sur gages ; loin de là (...) Sur le plan des affaires, les prêteurs juifs ne se retranchaient pas de la bonne société chrétienne. Ils collaboraient souvent avec  les financiers de la ville ou de simples bourgeois en quête de bons investissements. »

Jacques Heers, Le Moyen-Âge, une imposture

 

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