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10/05/2015

On est soldat et contraint de faire cette guerre par cela seul qu’on entre dans la vie

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« La très-sainte Église catholique reçut en héritage de son divin fondateur et maître le privilège de la persécution et des outrages; elle a tété outragée et persécutée par les peuples et par les chefs des peuples, rois ou empereurs. De son propre sein sortirent les grandes hérésies qui entourèrent son berceau, pareilles à des monstres prêts à la dévorer. Elles tombent terrassées aux pieds de l’Hercule divin; mais c’est en vain; la lutte effrayante entre l’Hercule divin et l’Hercule humain, entre Dieu et l’homme, recommence. La rage des serviteurs du mal égale l’indomptable courage des serviteurs de Dieu. Les succès sont divers; le théâtre de la bataille s’étend sur les continents d’une mer à l’autre, sur les mers d’un continent à l’autre, dans le monde d’un pôle à l’autre pôle. Le parti vainqueur en Europe est vaincu en Asie; il succombe en Afrique, dans les Amériques il est triomphant. Tout homme, qu’il le sache ou l’ignore, sert et combat dans l’une des deux armées, et il n’en est pas un seul qui n’ait sa part dans la responsabilité de la défaite ou de la victoire. Le forçat dans les chaînes et le roi sur son trône, le pauvre et le riche, l’homme sain et le malade, le savant et l’ignorant, l’enfant et le vieillard, l’homme civilisé et le sauvage, tous combattent le même combat. Toute parole qui se prononce est inspirée de Dieu ou inspirée par le monde, et proclame forcément d’une manière implicite ou explicite, mais toujours claire, la gloire de l’un ou le triomphe de l’autre. Nous sommes forcément enrôlés dans cette milice, où il n’y a ni remplacement, ni engagements volontaires, et dont ne dispense ni le sexe, ni l’âge, ni la maladie. Aucune excuse n’est admise, et personne n’est reçu à venir dire : "je suis le fils d’une veuve dans l’indigence" ou bien : "je suis la mère d’un paralytique" ou encore : "je suis la femme d’un estropié" On est soldat et contraint de faire cette guerre par cela seul qu’on entre dans la vie. 

(...)

Il n’y a pas un coin de l’espace, pas un moment du temps où la lutte ne soit engagée. Dans la seule éternité, patrie des justes, se rencontre le repos, là seulement cesse le combat. Mais n’allez pas croire que les portes de cette éternité s’ouvriront pur vous si vous ne pouvez pas montrer les cicatrices, marques de votre courage! Ces portes s’ouvrent pour ceux-là seuls qui ont combattu glorieusement ici-bas les combats du Seigneur, pour ceux-là seuls qui ont, comme le seigneur, été crucifiés. »

Juan Donoso Cortès, Essai sur le catholicisme le libéralisme et le socialisme

 

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