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09/06/2015

Nul fruit ne mûrit pour nous qui n’ait tenu dans les orages de fer

« Le combat demeure une chose sainte, un jugement de Dieu entre deux idées. Notre nature profonde nous pousse à défendre notre cause avec toujours plus d’acharnement, de sorte que le combat est le dernier mot de notre raison, et que seul ce qu’il nous acquiert peut être possession véritable. Nul fruit ne mûrit pour nous qui n’ait tenu dans les orages de fer, et tout, jusqu’au meilleur et au plus beau, exige d’être conquis de haute lutte.

Qui creuse ainsi jusqu’aux racines du combat et vénère l’authentique esprit combattant, qu’il le vénère partout, même chez l’adversaire. Aussi la réconciliation après le combat devrait-elle rassembler d’abord les hommes du front. C’est en guerrier que j’écris cela, qui peut n’être point au goût du jour : mais pourquoi ne tenterions-nous pas, nous autres guerriers, de nous trouver sur notre ligne à nous, celle de la bravoure virile ? Nous n’y saurions rencontrer pire insuccès que les hommes d’État, les artistes, les savants et les dévots sur la leur. N’avons-nous pas souvent serré les mains qui venaient de nous lancer des grenades, alors que ceux de l’arrière s’empêtraient toujours plus profond dans les taillis de leur haine ? N’avons-nous pas planté des croix sur les tombes de nos ennemis ? Nous sommes restés les plus décents de tous, nous qui chaque jour trempions nos mains dans le sang. La lutte est une façon d’être qui reste ce qu’elle est, mais on peut l’ennoblir par l’esprit chevaleresque. »

Ernst Jünger, La guerre comme expérience intérieure

 

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