26/08/2015
D’effroyables révolutions
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« Le législateur des chrétiens naquit d'une vierge, et mourut vierge. N'a t-il pas voulu nous enseigner par là, sous les rapports politiques et naturels, que la terre était arrivée à son complément d'habitants, et que, loin de multiplier les générations, il faudrait désormais les restreindre ? À l'appui de cette opinion, on remarque que les États ne périssent jamais par le défaut, mais par le trop grand nombre d'hommes. Une population excessive est le fléau des empires. Les barbares du Nord ont dévasté le globe, quand leurs forêts ont été remplies; la Suisse était obligée de verser ses industrieux habitants aux royaumes étrangers, comme elle leur verse des rivières fécondes ; et sous nos propres yeux, au moment même où la France a perdu tant de laboureurs, elle n'en paraît que plus florissante. Hélas ! misérables insectes que nous sommes ! bourdonnant autour d'une coupe d'absinthe, où par hasard sont tombées quelques gouttes de miel, nous nous dévorons les uns les autres, lorsque l'espace vient à manquer à notre multitude. Par un malheur plus grand encore, plus nous nous multiplions, plus il faut de champ à nos désirs. De ce terrain qui diminue toujours, et de ces passions qui augmentent sans cesse, doivent résulter tôt ou tard d'effroyables révolutions. »
François-René de Chateaubriand, Génie du christianisme
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