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07/03/2016

Les anticléricaux croyaient avoir "éteint les étoiles"

=--=Publié dans la Catégorie "Lectures"=--=

 

« Peu de mois avant la guerre, Maxime étant à l'Ecole des Beaux-Arts, quelques élèves de cette école eurent l'idée imbécile, sacrilège (et soufflée sans doute par quelque fonctionnaire républicain) de peindre et de promener dans la rue un panneau demi- obscène, injurieux pour la mémoire de Jeanne d'Arc. Suivi de son frère Serge — depuis tué à la guerre — Maxime, avec cette spontanéité qui accompagne chez lui une réflexion très aiguë, se jeta sur le cortège, éventra la sale panneau à coups de canne. Précipité sur le sol, il eut le nez à moitié cassé à coups de talons et demeura huit jours ne respirant plus que par la bouche. Par-dessus le marché, il fut traduit en police correctionnelle, et il s'en fallut de peu qu'on ne le renvoyât de l'Ecole. Nous allâmes, à cette occasion, Vaugeois, Pujo et moi, adresser quelques courtoises mais fermes remontrances — vu son grand âge — à Léon Bonnat, directeur de l'Ecole, lequel nous reçut, avec quelque embarras, dans son grand salon du quai Malaquais. Je raconte cet épisode, pour montrer où les choses en étaient, à la veille de la formidable épreuve. Il n'y a rien, ici-bas, depuis le Sacrifice de la Passion, de plus beau, de plus pur, de plus miraculeux que l'histoire de Jeanne d'Arc, qui semble une suite des Evangiles, où le Divin palpite dans l'Humain ? Cette histoire est une éternelle incitation pour le dévouement sublime à la Race, un principe de salut, une étoile au dessus de la Patrie. Eh bien, en 1909, 1910, 1911,1912, I913, le mot d'ordre officiel était, non seulement de la mettre sous le boisseau, cette histoire incomparable, mais de la salir et de l'insulter.

Au moment où j'écris, la République, cédant à l'opinion, a dû instituer une fête de Jeanne d'Arc, récemment canonisée par l'Eglise. Mais il ne faut pas oublier que ce sont les Camelots du Roi qui ont imposé cette fête, en imposant le cortège traditionnel et en l'organisant sous une grêle de batailles et de jours de prison.

(...)

Aujourd'hui que la fête de Jeanne d'Arc est devenue une cérémonie officielle, on a du mal à se représenter l'incroyable effort que durent fournir Pujo et ses troupes royalistes, pour imposer au gouvernement de la République le culte de la Sainte de la Patrie. Il n'est pas douteux que la bonne Lorraine, à la veille de la guerre, ait continué d'agir par les Camelots du Roi, et d'animer d'un véritable enthousiasme cette génération en partie sacrifiée. Les anticléricaux n'en revenaient pas ; ils croyaient, lamentables crétins, avoir, comme ils disaient, "éteint les étoiles", ou encore "fait cesser la vieille chanson qui berçait la misère humaine" ; et voilà que toute l'élite de la jeunesse accourait aux statues de l'héroïne, les couvrait de fleurs, l'invoquait, la remerciait, la célébrait, comme elle n'avait encore jamais été célébrée. »

Léon Daudet, Vers le roi 

 

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